A la gauche de la fillette, se dresse une sorte de porte-manteau, ou de potence à intraveineuse – couloirs de mouroirs où, chairs ballantes, déambulent les condamnés aux yeux enfoncés dans leurs orbites-, e acier chromé, lui aussi, et sur lequel repose une guirlande bleu ciel, du même bleu ciel que le ruban qu’elle porte dans les cheveux. Mais cette guirlande, cette ribambelle, est trop rigide pour s’exécuter en spirales parfaites. Sa matière doit être composite, et plastique en partie. Du filetage, de celui dont on enrobe les caisses en carton pour les garantir durant le transport. Un ruban logistique, dont un exposant, peut-être son père, sa mère, a couronné l’enfant avec humour, ou pour la faire patienter dans cet environnement impropre à accueillir ses jeux.
Auteur de L’attribution des marchés publics
(…) Un jour m’était venue l’idée d’une promenade dans la vallée. Parti seul, sans prévenir qui que ce soit, comme un membre des brigades partisanes gagnant le maquis pour mettre à exécution son plan d’attentat – j’étais sûr de mon fait, sûr de revenir avant l’heure du déjeuner – je m’enfonçais par le sentier dans les profondeurs végétales. Je ne sais pourquoi, il me fallait une errance, un égarement, un abandon – mais heureux cette fois, souhaité –, une désertion? J’avançais parmi les branchages de plus en plus touffus, qui finirent par me dépasser en taille. Du haut du sentier que je suivais du regard, j’en vis une autre en contrebas, à une dizaine de mètres. J’avisai la paroi, qui était parsemée de renforts et de racines proliférantes…