À la lecture de ce titre attrayant De la plume à la langue, un mot d’emblée a retenu mon attention. C’est le dernier.
J’ai d’abord pensé à ce petit organe rouge comme une pomme d’amour, frétillant comme la truite, pointu comme la ciguë, rarement au repos et dont le logement toujours humide lui suffit tout au long de sa vie… Alors que ce titre évoque une tout autre langue, celle du langage parlé : qu’il soit sabir, patois, pathos, quotidien, poétique, théâtral ou raffiné. C’est pourquoi je voudrais allonger le titre mais… par son début : De la langue à la plume et de la plume à la langue.
Car c’est ce petit organe rouge et nerveux faisant suite au pharynx où se logent les cordes vocales qui, aidé par elles, a d’abord lancé un premier cri lors du saut primordial, faisant ainsi son entrée dans le monde des sons.
De la langue à la plume
L’homme-bébé a d’abord éructé des sons, puis une sorte de pré-langage qu’on a appelé le gazouillis où les voyelles…
Auteur de Et langue et plume et plume et langue
Cycle complet au Conservatoire de Liège, section Arts de la Parole (1989-1994) : Premier Prix de Déclamation - Diplôme Supérieur.
Formation complète en Expression Corporelle au "Centre d'Etude Masque et Mouvement" Guy Ramet de 1980 à 1984.
Cycle complet en Académie dans les Arts de la Parole (1980-1988) : diction (2 ans), art dramatique (6 ans), déclamation (6 ans), danse classique (2 ans en élève libre).
Participation à de nombreuses repré-sentations publiques de 1984 à 1990 (théâtre, poésie, tournages, mise en scène)
Participations diverses et nombreuses à des jurys, cabarets, lectures, interviews, présentations publiques, ...
De 1980 à 1995 : pratique permanente de la Pédagogie des techniques d'expression (Arts de la Parole) dans l'enseignement secondaire supérieur, uniquement dans des options artistiques.
De 1990 à 1993 : fonction de "détachée pédagogique" section Arts à la FNESEC à Bruxelles.
Travail de réflexion sur la dimension artistique de l'enseignant et de l'élève et réalisation d'outils pédagogiques à l'usage de l'enseignant de ces disciplines.
Conception et réalisation de "Delta", formation continuée en 4 ans pour ces enseignants (cours d'expression dramatique).
Mise sur pied et animation au sein d'une école, d'une équipe de coordination des cours artistiques.
Première formation professionnelle : régendat littéraire en 1955.
Au cours des études au Conservatoire Royal de Liège (5 ans), au cours des prestations comme comédienne, récitante, enseignante, détachée pédagogique : rencontre permanente de l'écriture et visite approfondie de plusieurs auteurs (Boccace, Molière, La Fontaine, Rimbaud, Lorca, Ghelderode, Norge, Cohen...)
Formation longue en atelier d'écriture pendant 4 ans (Aganippé).
Formation complète à l'animation d'ateliers d'écriture (Aganippé).
Deux stages ponctuels en écriture dramatique chez Jean-Michel Frère.
Stage d'écriture de scénarios chez Luc Dellisse.
Participation au Groupe Desnos, atelier longue durée, animé par Luc Delisse.
Animation de l'atelier d'écriture "L'encrage": De l'encrage à l'ancrage.
Animation de l'atelier littéraire "Le temps rompu" : Des artistes morts avant 40 ans.
Ecriture d'un roman "L'oblique des continents".
Ecriture d'une pièce de théâtre "Un temps levé" sur le poète Robert Desnos (mort en camp de concentration en 1945) en attente d'édition.
Comptable.
Assistante médicale.
Lectrice à la Ligue Braille.
Culture et Démocratie depuis sa fondation.
Amnesty International depuis 1975.
Ligue des Droits de l'Homme depuis 1990.
Ecolo depuis 1994.
Conseil d'administration de "Hypothesarts", "Sauf erreur et omission", "Les basses continues", "Centre des Ecritures Dramatiques", associations artistiques.
Amis d'Arthur Rimbaud (Paris).
Amis de Robert Desnos (Paris).
Dans nos archives : journalisme et littérature
Depuis 2013, l’ONU a institué le 2 novembre comme la journée mondiale pour la protection des journalistes. À cette occasion, nous republions…
Thibaut Creppe n’est pas un inconnu au sein du petit monde de la littérature belge. Né en…
Petite histoire des anthologies de littérature belge. Une histoire de choix
Anthologie… Sous ses dehors sérieux , le terme se rafraîchit dès que l’on repense à la traduction de son étymon grec: «Action de cueillir des fleurs». Du scolaire recueil d’extraits au gracieux florilège, il n’y a dès lors plus qu’un pas. Dans le domaine français, le terme est davantage associé à la poésie, avec les classiques que sont devenus les volumes d’André Gide dans la Bibliothèque de la Pléiade ou celui que l’on doit à l’éphémère président de la République Georges Pompidou. Mais la Belgique est-elle aussi terre de «morceaux choisis»? Assurément! * Il y a mille et une façon d’utiliser une anthologie: la lire de bout en bout comme un récit fragmenté et polyphonique, y puiser des informations purement documentaires pour la réalisation d’un travail, la parcourir aléatoirement dans l’espoir d’y faire quelques belles découvertes, en prendre connaissance pour se faire une idée d’un champ, d’un genre, d’un paysage littéraire… En revanche, il n’y a qu’une seule façon de composer une anthologie: il faut choisir. L’exhaustivité est antinomique à la démarche qui consiste à prélever des pages d’un ensemble d’œuvres – les meilleures, les plus représentatives ou emblématiques, les plus pertinentes ou les plus parlantes –, fussent-elles toutes signées du même auteur ou de la même autrice. Il faut choisir. Partant sacrifier. * À cet égard, la démarche de sélection anthologique s’avère plus complexe que celle de la censure. Car là où la seconde use des ciseaux pour amputer, effacer, caviarder, la première consiste à émonder autour d’un corpus touffu pour le mettre en valeur. Il faut fixer le moment où faire débuter l’extrait et où le suspendre. Certes, l’opération est simplifiée quand il s’agit de proposer une suite de textes intégraux (nouvelles, contes, voire romans complets), mais là encore, se pose la question de qui élire, surtout si l’opera omnia est de haute qualité. Que privilégier et que délaisser chez un Michaux, une Yourcenar, un Maeterlinck? À moins de relever du travail de commande, soumis à des critères prédéfinis et un canevas imposé, toute anthologie reflète la personnalité de qui l’élabore, avec ses goûts, ses orientations et ses prédilections. La subjectivité, qui rime si commodément avec liberté, a peu ou prou sa part d’importance dans ce qui préside au tri particulier, puis à l’agencement général. Elle peut même ne reposer que sur l’aveu de «coups de cœur», comme l’osèrent en poésie Colette Nys-Mazure et Christian Libens. Mais pour que l’ouvrage se tienne enfin, il faut ajouter à l’empirisme et à l’impressionnisme, un ordre et une méthode. Son articulation peut ainsi être diachronique et s’étendre sur le temps long ; synchronique, s’il s’agit de cerner un mouvement (par exemple le symbolisme) ; générationnelle, thématique, générique, etc. * La littérature belge peut rapidement apparaître comme un casse-tête à qui entreprend de la best-offiser. Quand commence-t-elle? À une période anténapoléonienne avec le Prince de Ligne? En 1830-1831, en opportun phasage avec la naissance de l’État belge? Avec l’écriture des élégies d’Octave Pirmez dans les années 1830, mais qui, sur la volonté de l’auteur, ne seront publiées qu’à titre posthume? Dans les Wallonnades de Grandgagnage en 1845, œuvre monumentale mais oubliée s’il en est? Ou plus simplement avec Charles de Coster? Et si oui, à la parution de sa Légende d’Ulenspiegel en 1867 ou à sa mort en 1879, quand s’ébauche le processus de sa reconnaissance comme premier écrivain belge digne de cette appellation? Ou encore au banquet offert en 1883 à Camille Lemonnier qui le sacre « Maréchal des Lettres »? Puis, où commence-t-elle, cette littérature? En Flandre, avec De Leeuw van Vlaenderen (1838) de notre Walter Scott, Henri Conscience? Dans quelque localité wallonne, sous la plume d’un conteur ardennais ou d’un chansonnier du Caveau liégeois? Au cœur de la capitale, quand une équipe de jeunes échevelés lance La Jeune Belgique, revue et mouvement? Et pourquoi pas du côté de Guernesey, quand Victor Hugo scelle le contrat qui le lie à l’éditeur Albert Lacroix pour les Misérables? * Enfin, quel est son nom? Faut-il proposer une anthologie de… littérature belge, littérature française de Belgique, littérature belge d’expression francophone, pourquoi pas littérature Wallonie-Bruxelles? De là, ne réunirait-elle que des écrivains reconnus – par Paris, par leurs pairs? Les grandes plumes nationales autant que les talents régionaux? Exclusivement les morts? Ou rien que les vivants, au risque d’en voir passer certains avant même la publication? On le voit, le vertige saisira quiconque prétend compiler nos Lettres. * Mais à trop penser, on n’entreprend rien. En 1874, Amélie Struman-Picard et le célèbre historien Godefroid Kurth (qui n’était autre que son beau-frère) ne s’encombrent pas d’autant de scrupules pour publier, entre Bruxelles et Paris et «sous le patronage du Roi», leur Anthologie belge. Autant le dire d’emblée, dans cet élégant volume à la reliure verte finement ouvragée, financé par une impressionnante liste de souscripteurs de tout le pays, il ne se rencontre pas plus de trois noms que connaissent encore vaguement aujourd’hui une poignée de mordus de littérature belge. Trois sur cinquante-deux. Heureusement, l’objectif premier de l’entreprise n’était pas de faire passer à la postérité tou.te.s les élu.e.s, mais bien de «composer un bouquet poétique digne d’être offert à nos compatriotes». L’intérêt de l’ouvrage réside davantage dans la lumineuse présentation liminaire. Les auteurs y déplorent l’apathie qui règne dans le pays quand il s’agit d’accueillir une publication poétique, tant de la part de la presse que du public. Ils revendiquent l’existence d’une littérature belge dont ils font coïncider l’acte de naissance avec l’indépendance du pays, et posent la question: «Aurons-nous, oui ou non, une littérature nationale, expression de notre pensée nationale? Ou bien le peuple belge traversera-t-il l’histoire sans que nul monument littéraire apprenne à la postérité que lui aussi a vécu, souffert, pensé et levé les yeux plus haut que la terre et que les soucis de la vie positive?» Brandissant leur demi-centaine d’aèdes, Amélie et Godefroid prennent le pari de poser la première pierre d’un vaste projet qui verra le jour six années plus tard, avec l’arrivée d’une nouvelle génération. * En littérature comme en tout, «on n’est jamais mieux servi que par soi-même». En 1888, quatre écrivains belges reconnus – Camille Lemonnier, Edmond Picard, Georges Rodenbach et Émile Verhaeren –, illustrent l’adage avec leur Anthologie des prosateurs belges, publiée non plus avec l’appui du Palais, mais «du Gouvernement». Les membres du quarteron placent comme terminus a quo de leur sélection le plus européen des hommes de lettres né à Bruxelles, le Prince de Ligne. C’est en effet grâce aux créations des écrivains artistes qui l’ont suivi que les destins des littératures française et flamande se sont dissociés. La littérature belge, étrange Janus, est née, avec ses particularités et ses propriétés, ce qui l’éloigne du soupçon de l’imitation française. Dès lors, le travail des quatre anthologistes «n’est plus uniquement un triage de morceaux de style plus ou moins parfaits et rentrant dans le cadre des paradigmes scolaires ; c’est le cycle même des efforts réalisés par plusieurs générations d’écrivains et comme une suite d’irrécusables documents attestant l’évidence d’un immense travail intellectuel qui toujours un peu plus nous rapprocha de la pleine possession de nous-mêmes». Leur profession de foi résonne comme l’accomplissement du «Soyons nous!» lancé par la Jeune Belgique moins d’une décennie…