Un poète de l'énergie : Emile Verhaeren : L'œuvre et l'homme

À PROPOS DE L'AUTEUR
Albert Mockel

Auteur de Un poète de l'énergie : Emile Verhaeren : L'œuvre et l'homme

BIOGRAPHIE Né à Ougrée, dans la banlieue de Liège, le 27 décembre 1866, Albert Mockel est issu d'un milieu bourgeois — son père est directeur d'usine. La famille s'établit à Liège et Mockel s'inscrit en 1884 à la Faculté de philosophie et lettres de l'université, où il poursuit des études de lettres et de droit jusqu'en 1892. Il y fait ses débuts d'écrivain, collaborant à une revue estudiantine, L'Élan littéraire, dont il deviendra propriétaire en 1886. Sous le titre de La Wallonie, la revue, devenue symboliste, s'assure, pendant ses sept années d'existence, la collaboration d'écrivains renommés tant belges — Verhaeren, Van Lerberghe — que français, notamment Vielé, Griffin et Gide. En 1887, paraissent Les Fumistes wallons, où Mockel affiche ses préférences littéraires et musicales pour Mallarmé, avec qui il va entamer une correspondance, et Wagner. Après un voyage en Allemagne, il séjourne à Paris en 1890 et est assidu aux mardis du maître. L'année suivante voit son installation définitive dans la capitale française en compagnie de Marie Ledent, pianiste liégeoise, qu'il épousera en 1893, et dont il a un fils, Robert-Tristan. Son premier recueil poétique, Chantefable un peu naïve (1891) décrivant, dans un langage maniéré, la quête amoureuse d'un jeune seigneur, paraît à Paris sans nom d'auteur. Toute la poésie de Mockel est animée par la tension vers une forme neuve, pour une œuvre qu'il aurait voulu dominée par un thème directeur mais qui n'échappe pas, cependant, au didactisme. C'est dans ses essais qu'il faut sans doute voir sa contribution la plus riche à la littérature : avec Propos de littérature (1894), Mockel synthétise un certain nombre de conceptions qui étaient dans l'air : il expose une esthétique poétique soumise aux références musicales et échafaude une théorie du symbole, enrichie ultérieurement par divers articles. Pour le poète capable de le déchiffrer, le symbole est une synthèse qui, grâce à une démarche empreinte de subjectivisme située au-delà du rationnel, permet de mettre en évidence les rapports idéaux des formes entre elles. Par sa puissance suggestive, il assure le sens pluriel de l'œuvre, évitant d'en figer le sens, ouvert dès lors à l'interprétation du lecteur. La mort de Mallarmé en 1898 lui fournit l'occasion d'une exégèse et d'un hommage dans Stéphane Mallarmé, un héros où il déploie des qualités de critique qui ne se démentiront pas par la suite, que ce soit dans ses essais sur Charles Van Lerberghe (1904), sur Émile Verhaeren ou sur Max Elskamp. Il contribue ainsi à faire mieux connaître le caractère moderne d'une poésie dont il expose la logique interne et les enjeux, et qui a alimenté ses propres conceptions artistiques. De mars à septembre 1901, Mockel voyage en Italie en compagnie de Charles Van Lerberghe. Clartés, son second recueil, suivi d'une conclusion musicale, est publié au Mercure de France l'année suivante. D'une prosodie libérée, l'ouvrage met en scène, à travers la symbolique de l'eau, le drame de l'incommunicabilité et la tentation du narcissisme. Poursuivant ses collaborations à de nombreuses revues et journaux — le Mercure de France, Durendal, La Plume, L'Express (Liège) — Mockel se fait conférencier. Il commence à jouer un rôle important dans la diffusion de la littérature belge en France, se dépensant sans compter pour faire connaître les œuvres de ses amis, Charles Van Lerberghe en particulier. Témoignage de son intérêt pour les arts plastiques, une étude consacrée au statuaire wallon Victor Rousseau, paraît en 1905. Auguste Donnay et Armand Rassenfosse retiendront aussi son attention. De nombreux contes pour enfants avaient paru dans différentes revues : il en retient dix, Contes pour les enfants d'hier (1908), publiés à compte d'auteur au Mercure de France, illustrés par Auguste Donnay qui reflètent, comme dans son premier recueil, son goût pour les atmosphères moyenâgeuses. Après son établissement à Rueil-Malmaison en 1910, Mockel, auteur du Chant de la Wallonie, participe activement aux manifestations du mouvement wallon et préside la section parisienne des Amis de l'art wallon. Dans ce domaine aussi, articles et conférences se succèdent. En 1919, l'Esquisse d'une organisation fédéraliste met en œuvre ses idées sur la séparation administrative de la Belgique. Son fils meurt la même année; les Mockel multiplient les tentatives de communication spirite avec le disparu. Mis à part la publication de La Flamme stérile (1923) suivi de La Flamme immortelle (1924), l'activité littéraire de Mockel se ralentit : ce dernier recueil, long dialogue sur le mode de la tragédie classique entre deux amants, est fidèle à toute son œuvre, qui véhicule d'une manière constante une aspiration à l'Idéal incarné ici par le symbole de la flamme. Désormais, sa vie est une suite d'honneurs — il est de l'Académie dès sa fondation —, de célébrations et d'activités mondaines. Décoré, membre de divers jurys, Mockel, fidèle à lui-même et aux écrivains en qui il avait cru, poursuit ses activités de conférencier et de critique. Il reçoit, en 1935, le Prix quinquennal de littérature pour l'ensemble de son œuvre. Le couple se réinstalle définitivement en Belgique en 1936. La fin de sa vie est marquée par la guerre et les difficultés matérielles. Il est nommé, en 1940, conservateur du musée Wiertz, peintre auquel il accepte de consacrer une étude. Il meurt le 30 janvier 1945. Sans doute plus influent par ses positions d'animateur, de critique et de théoricien que par son œuvre de poète, Albert Mockel a joué dans l'histoire des lettres belges un rôle institutionnel important, perpétuant, au-delà du combat d'arrière-garde, l'esprit d'un Symbolisme exigeant.

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