Chaque mot, chaque pierre, chaque étoilement vient au poème pour y désaltérer mon sang.
Mon sang, brisé et concassé, est cette histoire d’une lutte qui n’en finit pas de se répéter.
Lutte de la terre avec la terre, de l’eau, de l’air – d’un broiement qui respire.
Mon sang suffoque, mon sang a soif, mon sang appelle. Appelle chaque mot, chaque pierre, chaque étoilement pour qu’il y vienne éradiquer ma soif perdant la face dans les décombres de l’absolu.
Auteur de Écarts ou Les esquives du désir
Harry SZPILMANN, Écarts ou Les esquives du désir, Taillis Pré, 2022, 85 p., 14 €, ISBN : 978-2-87450-198-2« Car ce dont la parole s’éprend, et qu’elle amène au feu fébrile, implante en nous sa magie blanche. »Harry Szpilmann continue de mener son esquif sur les terres les plus désertiques et les plus enflammées de la poésie. Écarts ou Les esquives du désir ne dévie nullement du sillon qu’a tracé Szpilmann depuis son premier recueil, Sable d’aphasie (Le Taillis Pré, 2011), jusqu’à ses livres plus récents, Genèses et Magmas (Le Cormier, 2019) et Approches de la lumière (Le Taillis Pré, 2019). Il s’inscrit pleinement dans le planisphère, dans la mappemonde de la parole szpilmannienne ;…
Livre composé de quatre parties: "Une corbeille laissée là" / "C'est écrit…
Une Afrique en fragments 1946-2016
J’entame ici la traversée : des souvenirs vers un avenir de calme et de liberté Germaniste de formation, traductrice entre autres du letton, passionnée par les langues endogènes, en particulier le picard, Rose-Marie François poursuit une œuvre poétique qui se densifie au fil des recueils traduits eux-mêmes en plusieurs langues. Depuis Course lente avant l’aurore publié en 2015 aux éditions Maelström, l’auteur puise dans ses voyages pour embarquer le lecteur vers des contrées personnelles à la fois linguistiques et géographiques. C’est ici, dans ce dernier opus, l’Afrique subsaharienne que chante la poétesse. Une mosaïque de souvenirs africains glanés pendant un demi-siècle de rencontres et de compagnonnage sur le continent. Septante-quatre sizains ciselés qui résonnent du Togo au Sénégal et où l’auteur se promène en quête peut-être d’une autre peau. La lumière est exquise, excessive, incisive me mord les cils, les aisselles et les sangs. Va-t-elle m’énucléer ? Le mot existe encore ? Je cherche à distinguer mon habit de ma peau : un épiderme de coton, blanche lenteur d’une insistante, une insolente, lacération. Jouant sur les assonances, les allitérations, sur le jeu des rimes internes, la langue se déplie au contact des éclairs qui surgissent de la mémoire, vaste vasque de palabres rythmés par les tambours du cœur. Sanguine et dansante, la poésie semble souffler sur le sable des textes qui ont laissé des traces dans l’imaginaire de Rose-Marie François. Les pas et les visages de certains auteurs évoqués qui ont pour noms Glissant, Jabès ou Senghor. Mais si la mémoire garde ici l’empreinte ensoleillée de certaines semelles de vent et de plaisir, l’auteur n’oublie pas pour autant, loin de là, la violence brûlante de l’Afrique. Une Afrique aphone de cris qui ne sont plus seulement des chants mais bien les marques de douleurs indélébiles. Tout au long du texte, le vocabulaire parfois âpre sectionne les saisons et fait écho à la fragmentation des corps excisés, mutilés. Ces haches qui confondent le tronc des arbres durs avec le tronc des hommes. Ces lames qui confondent l’immensité de l’Océan avec l’intimité des femmes. Les mots de Rose-Marie François, rehaussés par les lumières fortes des peintures d’Isabelle Vaessen, captivent et envoûtent en réussissant le pari d’entremêler habilement les ombres et les lumières d’une Afrique contrastée. Une Afrique charnelle où…
Dans ce recueil poétique inédit, publié à titre posthume, Yvon Givert (1926-2005) délivre une poésie élisant…