Plaisir toujours renouvelé de retrouver la prose poétique de Karel Logist après quelques années d’absence. C’est que l’œil narquois du poète n’a pas pris une ride. Un nouveau recueil donc composé d’une soixantaine de courts textes comme autant d’instantanés pris sur le vif et qui dissèquent avec acuité les cœurs chamboulés des « aimables solitudes » que nous croisons en chemin. Nos contemporains pris en flagrant délit de vie par l’objectif aguerri du poème polaroïde et que viennent illustrer les photographies du complice de toujours, Serge Delaive.Cadre, flashe, filme à tire-larigot. C’est des entrailles de tes pellicules que viendra peut-être ton salut, ta vengeance mate sur une existence par trop sédentaire. Mais ce serait trop simple que de réduire…
« Discrète et délicate, la poésie de Karel Logist ne vocifère jamais (…). Entre le chant et la confidence personnelle, (…) elle mêle humour et gravité, nostalgie et observation. Les thèmes sont tour à tour l’amour, l’amitié, l’enfance, le voyage, l’observation des autres, le portrait ; mais l’œil de Logist décèle aussi l’insolite, ou même le fantastique, dans la réalité ; son imaginaire est propre à construire de petites fables amusées et non moralisatrices ; sa voix jette un voile sur son angoisse ou son scepticisme. C’est une poésie d’humour noir qui ne se montre pas comme telle ; une poésie de connivence avec soi-même et avec l’autre ; le moyen de communication d’un homme secret (…) qui ne cherche pas à en imposer, mais qui s’impose…
Il y a des livres qui ont cette curieuse propriété : on les lit d’une traite, on les referme, et, on ne sait pas trop pourquoi, on se sent tout guilleret. On siffloterait même toute la journée un air de Brit Pop en faisant la queue à la poste ou au supermarché. Oui. Malgré le temps maussade et les nouvelles franchement pas joyeuses que déverse la radio. La Traversée des habitudes, dernier recueil en date de Karel Logist, pourrait fort bien, pour certains et certaines, être un ouvrage de cette trempe.C’est qu’en cinq fois douze textes, Karel Logist y traverse le monde, rencontre des gens, nous fait des confidences, tire le portrait de ses amours de toujours ou de ceux de passage, philosophe sur l’écriture, papillonne, léger et serein, du désir aux larmes,…
Quel poète n’est pas un flâneur ? Quel poète n’est pas un errant ? À mille pattes ou à douze pieds, il avance, il chemine, il arpente. Sa vie, c’est de long en large, c’est cahin-caha. Jamais fleuve tranquille.Karel Logist écrit en marchant. Et inversement. Toujours les deux en même temps. Le long de la Meuse, dans quelque ruelle au pavé inégal, sur les coteaux de la Citadelle, vous le croiserez – d’ailleurs, on ne fait que croiser les poètes, on ne les connaît pas vraiment. Quand ils consentent à vous guider dans « des labyrinthes intimes », ils feignent. C’est pour vous y égarer. Pour encore mieux vous tromper à leur sujet. On ne les connaît pas, non, mais on les reconnaît bien à ce jeu-là…On les croise donc. Mais qui oserait leur demander : « Je…
Tout est loin : voilà bien une logistisation, une karellogisterie – un flou entretenu qui a du charme. Car rien n’est plus vrai et rien n’est moins faux quand le sentiment de proximité nous saisit à chaque poème, renversant le titre du recueil, malicieusement. Avec une simplicité d’apparence, Karel Logist sait comment dessiner les contours du trouble en nous rapprochant par le poème des paysages humains.Se saisissant des mots de tous les jours, le poète esquisse ici les malentendus de l’existence. « Je ne trouverai point / de meilleurs compagnons / pour chanter mes saisons / ou dire mes chagrins », écrit-il. De fait :Printemps automne hiver ététu souriais sans cessegarçonne de joie dont j’aurai appris l’urgence de vivrevite comme si la mortpouvait nous frapper…
Les prolifiques éditions du Cactus inébranlable s’enrichissent d’un troisième titre de Jean-Loup Nollomont et d’un premier du poète Karel Logist, pris d’aphorismes.Le vaccin contre la connerie rencontrerait une forte opposition.L’auteur s’explique dans un échange d’emails : « il m’arrive souvent, au détour d’une lecture, de repérer ces petites phrases qui sont comme une respiration, une pause fulgurante, dans un texte dense. On a coutume d’appeler cela des aphorismes mais se sont aussi des punchlines qui dynamisent (ou dynamitent) le propos de l’auteur et qui font sortir son lecteur de sa zone de confort… Ces courtes phrases que j’espionne — inscriptions, syllogismes, décoctions, maximes — peu m’importe le terme, sont écrites au départ d’observations…
Les fantômes du passé, la solitude, la lenteur contemplative… Paru en avril 2022 aux éditions L’herbe qui tremble, Tout est loin est une œuvre profonde qui brasse des thèmes existentiels. Son écriture libère et invite à habiter pleinement l’instant.
Entre Karel Logist et son écriture, c’est un peu une histoire d’amour. Le poète voit dans ses « mots de tous les jours » la meilleure compagnie pour exprimer aussi bien les moments positifs qui s’égrènent au fil de sa vie, que ses « chagrins ».
Comme ils ont l’air vieillis
mes mots de tous les jours
[…]
Se sont-ils fatigués
à décrire un amour
[…] ?
Bien sûr que je les aime
car je sais qu’ici-bas
je ne trouverai point
de…