Du tins dès diggers / Du Temps des "Diggers" (décembre 1918 - mai 1919)


Il y a un peu plus de cent ans , des troupes de l’armée australienne se sont installées dans notre région durant quelques mois avant de regagner progressivement les Antipodes.

Les militaires australiens – ils s’appelaient eux-mêmes les diggers XX , les terrassiers, les excavateurs en souvenir des tranchées qu’ils avaient creusées dans les Dardanelles ou encore dans la Somme – ont «occupé amicalement» des territoires que l’armée allemande avait plus ou moins abandonnés à la hâte; sans être à proprement parler considérés comme des libérateurs, ils n’en furent pas moins accueillis avec sympathie par les populations locales.
*
Afin de rappeler dans quelles circonstances s’est déroulée cette «occupation amicale», nous publions une introduction historique due à Claire Dujardin , «Au temps des Aussies»; elle y balise clairement ces quelques mois qui ont longtemps laissé des traces dans notre mémoire collective mais qui risquent de tomber…

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Redécouverte : Jean Wisimus (Verviers 1868 – Verviers 1953)

Figure emblématique de la vie culturelle et sociale de la cité lainière, Jean Wisimus a, pendant plus de soixante ans, occupé une place non négligeable sur la scène médiatique verviétoise. Tant par son action professionnelle et philanthropique que par sa contribution aux débats d’idées – entre autres, en diffusant tous azimuts ses observations dans de multiples publications périodiques et dans différents ouvrages rédigés tantôt en français tantôt en wallon, – il a eu une action indéniable dans le paysage de sa « bonne ville ». Ami de Jules Feller et de Jean Haust, qu’il a dû avoir comme professeurs à l’athénée royal de Verviers, il a pu compter, lorsqu’il s’exprimait en wallon, sur les encouragements avisés que ceux-ci pouvaient lui donner. C’est d’ailleurs à ces deux amis que nous devons les informations qui nous permettent de retracer à grands traits ce que fut sa vie et d’évoquer les faits les plus marquants de son activité littéraire xx . Wisimus, Verviétois « pure laine », commerçant, philanthrope, patriote Plus qu’à tout autre, cette qualification québécoise peut être attribuée à Jean Wisimus : de vieille souche verviétoise, issu d’une famille « de parents qui ne parlaient que le wallon et exploitaient un petit magasin où venaient s’approvisionner, outre les commères du voisinage, les ouvriers des nombreuses usines proches de leur résidence et aussi les campagnards aux jours de marché, il a vraiment passé toute son enfance et sa jeunesse dans un milieu essentiellement wallon » (Louis Pirard, [3], X), s’élevant par son travail jusqu’à faire partie de la bourgeoisie commerçante d’une ville qu’il n’a jamais quittée, il a consacré toute sa vie à l’industrie lainière dont la renommée était internationale, du moins jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Wisimus était homme de caractère. En quelques traits, Jules Feller dressait le portrait du personnage : « (...) l’esprit, le cœur, l’œuvre de Jean Wisimus sont plus étendus qu’on ne croit. Certes, ses amis ne peuvent se tromper en estimant très haut sa valeur personnelle : ils le voient spirituel, narquois, prompt à la riposte, habile à débrouiller une affaire, actif et diligent ; ils le voient généreux, serviable, compatissant, charitable, toujours le cœur ouvert et la bourse au large [sic] pour toute œuvre de justice et de philanthropie. « ([1] p. 8) Wisimus était un homme discret. Selon Jules Feller : « Jean Wisimus a tout un passé de littérateur et d’homme d’action derrière lui. Littérateur intermittent, il n’a jamais songé à faire œuvre littéraire qu’en wallon, pour son plaisir et celui de quelque cercle d’amis en gestation de gazette wallonne. Comme homme d’action, il a beaucoup moins écrit qu’agi, beaucoup moins écrit en wallon qu’en français, et il n’a guère signé ses articles de son vrai nom que s’il y avait une responsabilité à prendre. » ([1], 8] On lui connaît au moins deux pseudonymes. Dans le journal « Le Jour », « sous le pseudonyme P. Simiste (pessimiste), il a publié en français (...) de nombreux pamphlets et articles humoristiques » (Feller) – « Sous le pseudonyme de Pierre Lermite, et sous la rubrique lu Ridant ås rahis´, il a (...) alimenté Le Jour, pendant plusieurs années, d’une longue série de pièces satiriques wallonnes et de bluettes... » (Feller) Feller, une fois encore, parle aussi de son attitude pendant la guerre 14-18, alors qu’il était âgé d’une cinquantaine d’années : « Un homme de franc parler, d’initiative et d’organisation, n’hésitant jamais devant un acte de courage civique et de patriotisme, devait avoir été signalé dès l’abord par les limiers prussiens comme un être dangereux. De fait, il fut arrêté sous prétexte d’avoir procuré des vivres et facilité l’évasion à des soldats français cachés dans nos villages de la frontière. Wisimus avait fait beaucoup mieux. Ses juges, heureusement pour lui, l’ignoraient. Il fut emprisonné à Namur, ainsi que sa fille, pendant trois mois. Pour sauver leurs têtes, ils durent jouer serré, fin contre fin... » ([1], 10) Son attitude lui a valu, après la guerre, d’être décoré de la médaille de la Croix civique belge 1914/1918 et de la médaille de la Reconnaissance française. Il a été membre d’honneur de la Fédération nationale des Combattants, vice-président et membre du bureau fédéral de l’Association des Ex-prisonniers politiques. Wisimus, animateur de la vie culturelle verviétoise Il a été le fondateur (avec Gui Kaiser) de la Ligue wallonne verviétoise (dont il était le vice-président chargé de la partie littéraire). Il a été : membre de l’Association des Écrivains wallons anciens combattants, membre de l’Association des Auteurs et Chansonniers liégeois, membre correspondant, puis membre titulaire de la SLLW et président du cercle de littérature wallonne « Lu vî Tchêne »... Il a collaboré à de nombreuses publications : le « Trô d’ sotês » [la caverne aux nutons], « Lu pont d’ Poleur » [le pont de Polleur] feuille intermittente qui, « aux années de vote », égayait « l’âpreté des luttes électorales », le « Journal des soirées populaires », « Le Jour » journal quotidien où il a déversé pendant de longues années son Ridant ås rahis´ « tiroir aux rogatons »), le « Bulletin de l’Entraide militaire », « Franchimont », « La frontière de l’Est ». Il a fondé la revue locale Verviers-Chronique « qu’il dirige jusqu’à l’invasion et qui prédit avec une surprenante lucidité, la guerre, ses phases et son issue » (Haust, [2], 305). Œuvres écrites en français Polygraphe infatigable, Wisimus a écrit en français et en wallon. En français, on lui doit : – une longue série d’articles de propagande wallonne ; – un pamphlet cinglant Sind-Wir Barbaren ? (Verviers-Chronique, 1919) ; – un ouvrage scientifique intitulé L’anglais, langue auxiliaire internationale (Paris, Grasset, 1921). Sur Sind-Wir Barbaren ? Feller a écrit ceci : « Il ne s’agit point dans cette brochure des assassinats et des massacres, des incendies et des horreurs que tant d’autres ont racontées : il ne fait que mettre en lumière avec des preuves accablantes le plan de destruction systématique de l’industrie, le vol de nos machines les plus récentes, dont le secret de fabrication était inconnu à l’Allemagne, le vol des précieuses machines-outils, la démolition de tous les ateliers, la réduction en vile ferraille de tout ce monde gigantesque de fer et d’acier qui vibrait, luisait, ahanait, chantait, nourrissait les populations. Tout ce saccage froidement organisé sous la direction et d’après les renseignements précis de firmes concurrentes allemandes, et sous le prétexte mensonger qu’il fallait aux armées de la mitraille, l’auteur en montre à l’évidence la scélératesse. Et il conclut : oui, vous êtes des barbares, malgré vos livres, vos écoles et vos caisses de retraite ; non plus des barbares inconscients et primitifs, mais des barbares savants qui avez conçu le projet monstrueux de régner par l’anéantissement des autres nations. La brochure française fut traduite en anglais et répandue sous les deux langues dans le monde entier. » (Feller, [1], 11-12) Sur L’anglais, langue auxiliaire internationale, on peut lire l’avis de Jules Feller, ([1], 12-14), dont voici quelques courts extraits : « (...) pendant la journée, tout entier à son trafic des laines, commerçant sérieux, actif et expérimenté, instruit, heureux en affaires, en relations quotidiennes avec les pays de production, les grands marchés, les centres industriels qui commandent et consomment, il songe, au milieu de toute cette correspondance polyglotte, à la simplification qu’une langue unique apporterait au commerce et à l’industrie. Et son esprit devance les siècles : pourquoi, se demande-t-il, la science, l’art, la littérature, la philosophie n’auraient-ils pas une langue unique ? Ce qui a existé jadis,…

Enseigner une littérature «invisible» à l’Université. Le cas de la littérature en langue picarde

En avril 2023, la Société organisait une journée de mise à l’honneur de nos membres correspondants. À cette occasion, quatre d’entre eux ont eu l’occasion de prendre la parole sur des sujets de leur choix, soit en lien avec les langues régionales de Belgique romane, soit à propos de sujets d’études proches de nos considérations. Les intervenants ont accepté de faire part de leurs présentations par écrit et nous nous proposons de les publier dans Wallonnes, au fil des numéros. Voici la deuxième contribution: celle d’Olivier Engelaere, introduite par Baptiste Frankinet. * Présentation Il est presqu’impossible, à l’heure actuelle, d’évoquer la langue et la littérature picardes, sans arriver rapidement à mentionner le nom d’Olivier Engelaere . Historien et documentaliste de formation, Olivier a été chargé dès 1999 de développer des projets de défense, de soutien, d’illustration de la langue picarde au sein de l’Office Culturel Régional de Picardie. Et, dès cette première mission, force est de constater qu’il s’est pris d’une passion incommensurable pour le picard, sous tous ses aspects. Sa passion n’a d’égal que l’investissement et l’énergie immenses qu’il a pu déployer au cours des vingt-cinq dernières années pour mener à bien les missions qui lui ont été confiées à la fin du 20e siècle. En 2009, le département Langue et Culture de Picardie qu’il avait savamment organisé au sein de l’office culturel régional de Picardie, se concrétise en une Agence régionale de la langue picarde. Cette agence, directement missionnée par la Région Hauts-de-France, est placée sous sa responsabilité et développe des opérations de promotion qui prennent les formes les plus diverses: organisation de prix, animations scolaires, développement d’ateliers d’écriture en bibliothèque ou en milieu carcéral, défense militante de la langue, soutien dans l’apprentissage, organisation d’une commission de terminologie picarde, aide à la publication, et j’en passe. Parallèlement, il fonde la maison d’édition Engelaere, une maison d’édition associative spécialisée dans les questions culturelles régionales et notamment dans l’édition en langue régionale. Cet outil vient, incontestablement, en aide aux auteurs et aux écrivains picards, et cherche à leur assurer une diffusion et une promotion convenables face au marché concurrentiel du livre en français ou en langue étrangère. Depuis 2015, Olivier Engelaere assure un cours de langue et culture picardes à l’Université de Picardie-Jules Verne à Amiens. Depuis 2020, il organise également un cours similaire à l’Université Polytechnique des Hauts-de-France à Valenciennes. En 2021, il accepte de devenir membre correspondant de notre SLLW, a fortiori parce que le picard est un de nos objets d’études. La langue picarde, qu’il défend et qu’il promeut depuis des années, déborde sur une grande partie du Hainaut. Depuis 2022, il a entrepris une thèse qui étudie la littérature de langue picarde au 19e siècle, sous la direction de Marie-Françoise Melmoux-Montaubin. C’est donc avec grand plaisir que nous accueillons Olivier Engelaere au sein de notre Société, en qualité de membre correspondant, en espérant qu’il pourra s’appuyer sur les études faites par cette même Société pour toute la région picarde, mais qu’il pourra également nous aider à mieux connaître le picard tel qu’il est parlé outre-Quiévrain. © Baptiste Frankinet, revue Wallonnes 4-2023, SLLW, Liège, Belgique * Enseigner une littérature «invisible» à l’université Le cas de la littérature en langue picarde par Olivier Engelaere Je tiens en premier lieu à vous remercier pour l’honneur qui m’est fait de me proposer de devenir membre correspondant de la Société de langue et de littérature wallonne dont l’objet, la défense et la promotion des langues régionale, a été, pi i est toudis, un des moteurs de mon existence. Lorsque Monsieur Frankinet m’a demandé de choisir un thème pour cette intervention, tout de suite le rapport entre nos langues régionales et le monde universitaire m’est venu à l’esprit. Comme vous le savez certainement, un évènement très important, qui a bouleversé notre paysage, dans le nord de la France, a eu lieu le mardi 14 décembre 2021. Il s’agit de la publication d’une circulaire du ministère de l’Éducation nationale qui ajoute le picard, ainsi que le flamand occidental et le franco-provençal, à la liste des langues régionales qui peuvent être enseignées à tous les niveaux de la scolarité. Je passerai sur l’aventure qu’a été l’élaboration de ce texte et les méandres politiques qui ont permis que le picard ne soit pas oublié. Le picard jouit donc aujourd’hui du même statut dans l’enseignement que le basque, le breton ou l’occitan. Ce qui ne veut pas dire bien entendu qu’il en est au même point qu’eux… bien loin de là, et c’est un euphémisme que de le dire. Cette irruption presque brutale du picard dans l’éducation nationale a engendré de suite la question de la formation des maîtres qui seront en charge de son enseignement. Immédiatement, les regards se portent vers l’Université dont une des missions est de former les futurs enseignants. Le picard et l’Université, c’est une histoire ancienne. Le professeur Jean-Michel Eloy, de l’Université de Picardie Jules Verne, a consacré un article, non publié à ma connaissance, sur ce sujet. À l’Université de Lille, une chaire de «langue et littérature picarde et wallonne» existe depuis 1892. L’enseignante actuellement en poste est Esther Baiwir, dialectologue liégeoise que vous connaissez très probablement. Cette chaire a d’abord été occupée par des médiévistes et aujourd’hui la présence du picard à l’Université de Lille dépend du Centre d’études médiévales et dialectale. Ni les mots langue picarde ni les mots littérature picarde n’apparaissent dans la présentation des composantes de ce centre sur le site internet de l’Université. Les étudiants lillois de lettres peuvent donc suivre une option «langue, littérature et culture régionale». Le nom de la région concernée n’étant pas précisée, on imagine qu’il s’agit de langue et de littérature picardes, et non flamande puisque le flamand occidental est également une langue régionale des Hauts-de-France. À Amiens, le picard est présent à l’Université depuis sa création en 1971. C’est à la demande de son premier président, Dominique Taddéi, qu’est créé le Centre d’Etudes Picardes alors sous la responsabilité de Jacqueline Picoche, professeure de linguistique. Ici aussi, l’étude du picard est proposée aux étudiantes et étudiants sous la forme d’une option dont la forme a beaucoup varié selon les époques. Ce sont essentiellement des linguistes qui ont été en charge de cette option et je me dois de citer le nom de l’infatigable René Debrie. Cette option a eu une ampleur parfois assez considérable en termes d’horaires et a recouru à de nombreux vacataires. Depuis le départ de Jean-Michel Éloy, qui avait succédé à Jacqueline Picoche, plus aucun enseignant titulaire n’est responsable directement de cet enseignement, qui se poursuit et est donc aujourd’hui entre les mains de chargés de cours, dont je fais partie. Enfin, le picard est enseigné depuis l’année 2019-2020 à l’Université Polytechnique du Hainaut à Valenciennes dans le cadre d’un module d’ouverture de 18h par semestre. La demande de l’Université était de proposer un cours d’apprentissage de la langue. Là également, l’enseignement n’est pas assuré par un titulaire mais par un vacataire, ch’est toudis mi. Il n’y a donc, aujourd’hui, qu’à l’Université de Lille, qu’une enseignante titulaire se charge elle-même les cours de l’option «picard» entre guillemets. La présence du picard à l’Université,…