Du roman à la bande dessinée

  De tous temps, la littérature a inspiré les créateurs d’images. Il suffit de penser à la longue histoire des adaptations visuelles de la Bible. Logiquement, les médias et techniques mis à contribution se sont diversifiés au cours du temps, comme le montre l’évolution des rapports entre texte et image dans le roman: romans illustrés au 18e siècle (la pratique de l’illustration n’est pas tombée en désuétude depuis, loin de là, mais elle s’est en partie déplacée vers la couverture des livres), adaptations théâtrales (au 19e siècle, le succès d’un roman allait de pair avec son transfert à la scène), puis cinématographiques et radiophoniques (très en vogue dès l’émergence de ces médias), déclinaisons sous forme de téléfilms ou de séries télévisées, et aujourd’hui, de manière presque massive, de «traductions» en bande dessinée.   *   Levons tout de suite un malentendu persistant: ce qu’on appelle «roman graphique»…

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Jan Baetens

Auteur de Du roman à la bande dessinée

Jan Baetens est peut-être le dernier poète flamand d’expression française. Né en 1957 à Sint-Niklaas, il est professeur à la KUL, où il est responsable du master en études culturelles. Il a écrit de nombreux ouvrages d’analyse et de critique littéraire. Ses travaux portent essentiellement sur les rapports entre texte et image, notamment dans les domaines du récit photographique et de la bande dessinée. Son livre «Hergé écrivain» (Flammarion, coll. Champs) est devenu un classique du genre. Il est également l’auteur de plusieurs volumes de poésie, dans lesquels il expérimente des voies originales.


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Nouvelle histoire de Bruxelles. Des origines à aujourd’hui

Comment naît une ville ? Comment croît-elle, évolue-t-elle au fil des siècles ? Comment se bâtit-elle sociologiquement, politiquement, économiquement, culturellement ? Dans son essai Nouvelle histoire de Bruxelles , le philosophe et historien Arnaud de la Croix retrace l’épopée de Bruxelles. Si les physiciens ne peuvent remonter en deçà du Big Bang, franchir le mur de Planck, les historiens, les archéologues sont soumis à semblable contrainte : seules des hypothèses relatives aux traces pré-urbaines des cités peuvent être avancées. L’approche innovante et la méthode qu’adopte Arnaud de la Croix donnent tout leur prix à cet ouvrage qui, étayé par une documentation solide, s’appuyant sur les travaux des historiens, se singularise par deux traits : primo, la convocation de l’histoire sociale, intellectuelle, culturelle, ésotérique de Bruxelles de ses origines à nos jours, secundo, par la mise en récit d’événements négligés, d’épisodes passés sous silence dans les livres d’histoire. On aura compris que, dressant la biographie d’une cité, Arnaud de la Croix ne se range pas sous la bannière de l’histoire officielle. C’est ainsi qu’il exhume et interroge des faits embarrassants, entachant la mémoire collective, forclos de l’histoire dominante (les poussées antisémites au 14e siècle notamment, la « dictature protestante » instaurée à la fin du 16e siècle). Le mouvement de pensée est tout à la fois rétrospectif, comme l’exige la discipline historique, mais aussi prospectif. Quel(s) avenir(s), le passé et le présent de Bruxelles lui dessinent-ils ? Aux affirmations tranchées qui ferment les questionnements et donnent lieu à des vulgates, Arnaud de la Croix préfère la réouverture de controverses. Des controverses qui ont trait à la date de la naissance de Bruxelles, aux circonstances qui ont présidé à son avènement, à l’étymologie de Bruxelles. De la construction, au Moyen Âge, de la première et de la deuxième enceinte fortifiée au développement des artisans, des corporations, de l’évocation de personnalités marginales, controversées (la mystique la Bloemardinne) à celle d’Erasme résidant à Anderlecht en 1521 ou de Bernard van Orley, Breugel, de l’histoire des occupations étrangères à la Révolution belge, de la bataille de Waterloo à Bruxelles capitale de l’Europe, Arnaud de la Croix varie son zoom, entretissant l’histoire des rois et celle du peuple qu’il ressuscite, campant Charles Quint, les Habsbourg, les monarques belges, la décapitation des comtes d’Egmont et de Hornes, la colonisation du Congo d’un côté, les récits autour de Manneken-Pis (leur possible interprétation alchimique), les séjours à Bruxelles de Baudelaire, de Hugo, Verlaine, Rimbaud, le creusement de la Jonction Nord-Midi, la naissance de l’Art nouveau de l’autre. Montrant qu’il n’est pas de « grande » Histoire sans des micro-histoires, Nouvelle histoire de Bruxelles rouvre des pans de ce que Walter Benjamin appelle l’histoire des vaincus.   Éclairant la genèse de Bruxelles, ses mutations, les métamorphoses de ses visages architecturaux, urbanistiques, politiques, religieux, linguistiques, l’essai d’Arnaud de la Croix révèle les strates, les mille et une formes d’une ville perçue comme un organisme vivant, soumis à la croissance, au déclin, à la renaissance. De nous faire découvrir la richesse de Bruxelles, ses affluents linguistiques, ses guerres, ses invasions, de dévoiler des sédiments invisibles sous le visible, nous percevons autrement la ville actuelle dans laquelle certains d’entre nous…

Histoire, forme et sens en littérature. La Belgique francophone (tome 1) : L’engendrement (1815-1914)

Dans la collection « Documents pour l’Histoire des Francophonies » qu’il dirige aux éditions Peter Lang, Marc Quaghebeur publie le premier volume d’une somme qui en comptera cinq : Histoire, Forme et Sens en littérature. La Belgique francophone . Si l’auteur y rassemble – encouragé par le regretté Jean Louvet – une série d’articles publiés depuis 1990, il ne s’agit pas d’une simple réédition : sélectionnés avec soin, les textes ont été retravaillés parfois en profondeur, ré-intitulés, ordonnés à la fois selon la chronologie des périodes traitées et selon le point de vue adopté. Ces coups de projecteur mettent en relief avec une grande précision la diversité et la complexité des relations entre histoire générale et œuvres littéraires – car tel est le fil conducteur de l’entreprise. Sans s’attarder aux micro-structures textuelles – de minimis non curat praetor –, l’auteur parcourt à grandes enjambées les siècles et les règnes, le champ international de préférence aux terroirs, les mythes nationaux et les idéologies officielles, le romanesque et le théâtral davantage que la poésie, les récits extravertis plutôt que les introvertis. Ainsi traque-t-il obstinément « l’enracinement et l’articulation des faits littéraires dans et à l’Histoire », ses recherches l’ayant progressivement convaincu qu’il existe un « lien génétique entre l’Histoire et les Formes ». L’entreprise n’est pas sans risque. Expliquer le surgissement et le contenu des œuvres littéraires par les caractéristiques du contexte où elles sont nées mène généralement à une vision déterministe où sont oubliées tant la position spécifiquement subjective de l’écrivain que la structure interne du texte. M. Quaghebeur ne tombe pas dans ce travers positiviste, précisément parce qu’il ne fait pas de l’explication de texte. Ce qui l’intéresse chez De Coster ou Kalisky en passant par Verhaeren, Maeterlinck, Bauchau, Compère, c’est de repérer dans leurs écrits les échos – tantôt manifestes, tantôt plus discrets – de l’histoire passée ou contemporaine de la Belgique, et d’analyser ces échos pour en identifier la logique sous-jacente : idéalisation de personnages ou d’épisodes, mythification, déformation, parodie, dénégation, etc.  Il affirme en particulier la propension des écrivains belges à éluder les événements survenus, à se réfugier dans l’imaginaire, le légendaire, le fantastique. Et « si renvoi à l’Histoire il y a dans la fiction belge de langue française, c’est foncièrement à travers les figures de l’échec historique ou de la sortie de l’Histoire »…  Avisé, l’auteur ne se contente pas de revisiter le panthéon des chefs-d’œuvres estampillés, lequel donne de toute littérature une image faussée. D’une part, il redécouvre des livres peu connus de Nirep, G. Eekhoud, M. Van Rysselberghe, Rosny ainé, sans négliger les genres paralittéraires comme la bande dessinée ; d’autre part, il examine de nombreux ouvrages, textes et articles non littéraires qui concernent l’histoire et l’identité nationales, offrant ainsi d’utiles points de comparaison ou de référence.Intitulé L’engendrement (1815-1914) , ce Tome 1 montre l’importance de certains mythes dans la construction de l’identité nationale, particulièrement l’« âge d’or » de la période 1450-1560, ou la « culture belge » comme confluent des cultures latine et germanique, tandis que le rapport à la France fait l’objet d’une attention soutenue, notamment en ce qui concerne la question de la langue ou l’histoire des lettres à la Gustave Lanson ; la colonisation du Congo et le déclenchement de la Grande Guerre ne sont pas, eux non plus, sans relation avec la production littéraire, ce que l’auteur démontre de manière convaincante. D’une grande richesse intellectuelle et informative, ces pages sont toutefois d’une lecture ardue. La formulation est souvent abstraite, elliptique, surtout dans les passages généralisants. Plus curieusement, M. Quaghebeur ne définit pas les grands concepts sur lesquels s’appuie son édifice. Ainsi, ce qu’il dénomme l’« Histoire » se réduit le plus souvent, sous sa plume, à l’exercice du pouvoir, de la domination, avec la place prépondérante donnée aux volontés des puissants, ce pour quoi il peut qualifier de « sorties de l’Histoire » l’exil d’Œdipe ou l’abdication de Charles Quint. Quant aux « Formes » littéraires qui seraient déterminées par les vicissitudes historiques, ce vocable ne semble pas désigner le genre ou le style, comme on s’y attendrait, mais plutôt la thématique et l’imaginaire des œuvres…  Bref, l’ouvrage est visiblement destiné à un cercle étroit d’universitaires expérimentés. Daniel Laroche L'auteur met en relation la fin de la révolution de 1830, qui voit la naissance d'une Belgique moderne, et l'apparition d'une littérature francophone…