[Traduit du néerlandais par Pierre Lambert]
Les deux Comines, situées sur les rives de la Lys, de part et d’autre de la frontière franco-belge, ont formé une seule commune jusqu’en 1713. «La collaboration avec Comines France est mon pain quotidien», note la bourgmestre belge Alice Leeuwerck.
*
Sur la carte qui orne son bureau à l’hôtel de ville, Alice Leeuwerck indique les trois sections de la commune qu’elle administre: Comines, Le Bizet et Warneton. Un peu plus loin, le long de la frontière entre la Flandre-Occidentale et la France, ce ne sont que bois et champs des deux côtés. «Dans ces zones, les contacts et la coopération entre les citoyens sont moins fréquents», observe Leeuwerck.
En revanche, autour de la ligne de démarcation entre la province belge du Hainaut et la France, les maisons et les commerces forment un tissu urbain serré. «Ici, les gens traversent la frontière sans même s’en rendre compte. Il est donc logique que…
Le poète André Doms nous livre, en trois denses volumes – Italiques , Ibériques…
Edmond Vandercammen ou l'architecture du caché (essai d'analyse sémantique)
À propos du livre (texte de l'Avant-propos) Edmond Vandercammen a publié 22 recueils poétiques entre 1924 et 1977, et une quinzaine d'études critiques; il traduisait depuis les années trente les poètes de langue espagnole; il entretenait des contacts personnels et épistolaires avec de nombreuses personnalités du monde culturel et littéraire, était membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Plusieurs revues lui ont rendu hommage par un numéro spécial et la célèbre collection «Poètes d'aujourd'hui», aux éditions Pierre Seghers, lui a consacré le tome 124. D'autre part, ses uvres, reçues lors de leur parution avec un enthousiasme sincère, comme la presse et sa correspondance en témoignent, n'ont guère trouvé de lecteurs hors du milieu proche de la vie littéraire et n'ont plus été réédités. Les enquêtes réalisées auprès des libraires de Bruxelles nous ont prouvé que ses livres, dans la mesure où ils se trouvent en librairie, n'ont plus d'acheteurs. S'agit-il simplement d'un phénomène général lié à la situation sociale de la poésie d'aujourd'hui, ou bien la poésie d'Edmond Vandercammen fait-elle objet d'un paradoxe, d'une contradiction qui demande une explication? Son uvre, est-elle liée trop étroitement à son temps, et donc périssable, ou bien le dépasse-t-elle au point que seuls quelques initiés et ceux qui étaient proches de lui ont pu mesurer son importance? Jouissait-elle d'une conjoncture littéraire exceptionnelle des années trente ou des années cinquante, conjoncture dont a largement profité la génération née autour de 1900? Toutes ces questions nous ramènent à une constatation et à une réponse d'ordre général : surestimé ou sous-estimé en même temps, Edmond Vandercammen, s'il n'est pas méconnu, est certainement mal connu. Entouré d'amis, de poètes et d'admirateurs, vivant dans un monde paisible et apparemment hors des conflits et des difficultés que connaît notre société, il a pu s'affirmer, s'assurer une estime et une reconnaissance par-fois trop généreuses pour qu'elles puissent comporter aussi un jugement critique. Excepté quelques analyses approfondies. les articles qui lui sont consacrés témoignent avant tout d'une admiration sincère certes, mais qui n'aboutit pas toujours à une appréciation juste de l'uvre. Si notre but est donc de rendre justice à ce poète mal connu. nous devons tenter un jugement objectif. Et ce n'est pas lui faire une faveur spéciale que de souligner avec lui que juge-ment objectif ne veut pas dire jugement froid, «raisonné», contre lequel, pris à la lettre. il s'est clairement prononcé. Cependant, il nous paraît essentiel de tenter ce jugement objectif à travers ses textes poétiques et de montrer ainsi les correspondances entre l'homme et son univers, entre le poète et son oeuvre, entre la poésie et…
Edmond d'Hoffschmidt de Resteigne, dit l'Ermite (1777-1861)
De naissance noble, Edmond d'Hoffschmidt de Resteigne (1777-1861) fut d'abord officier dans l'armée de Napoléon, puis, en vrai disciple de Rousseau, il se retira, près de Han-sur-Lesse, dans un ermitage non religieux, mais philosophique. Devenu plus tard, à la mort de son père, châtelain de Resteigne, il se soucia du bien de tous, assuma la charge de bourgmestre et entretint une réputation d'homme original, aussi facétieux que bon. Solitaire, il méprisa le monde, mais non l'amitié; il refusa le mariage, mais prit le plus grand soin de sa fille naturelle. Misanthrope, il fut capable de beaux gestes philanthropiques. Son histoire est donc celle d'un homme paradoxal et jaloux de son indépendance, que des expériences ou des épreuves conduisirent à vivre en marge de son monde.…