En septembre 1876, a Londres, Stephane Mallarme publiait en langue anglaise une longue etude sur « Les impressionnistes et Edouard Manet ». N’ayant pas ete recueilli dans les Oeuvres completes du poete, cette etude est largement meconnue des non-specialistes. Il s’agit pourtant d’un texte capital, tant dans l’histoire du discours de critique d’art que dans la trajectoire intellectuelle du poete. Pour la premiere fois, celui-ci explore une esthetique de crise, en la situant dans son champ d’effraction et en relation (pour le moins inattendue sous sa plume) avec les mutations socio-politiques de son temps. En ce sens et sous plus d’un egard, ce texte constitue la matrice du grand article qu’il consacrera, sous le titre « crise de vers », aux turbulences de tous ordres – prosodique, esthetique, linguistique, social – qui agiteront la scene poetique dans les annees 1880-1890. C’est sur ces deux articles, commentes integralement et donnes en version integrale, que porte la presente etude, articulant inseparablement a une exegese interne, une approche a caractere historique et sociologique. Lecture patiente, insistante, reinstallant leur contexte a l’interieur des textes examines. C’est a ce prix qu’il est permis d’approcher ce que deux textes majeurs ont cherche a faire voir dans la lueur orageuse des crises qui ont tour a tour eclate dans l’espace pictural et dans l’espace poetique. La double lecture dont se compose le present volume, on l’aura compris, n’entend pas seulement a l’ecoute d’un autre Mallarme, attentif au social et a ce qui s’y relie dans les phenomenes les plus tenus de l’ecriture ou de la representation, mais aussi apporter, au-dela du cas Mallarme et au-dela du cas Manet, une contribution a l’histoire sociale des formes esthetiques et des discours sur ces formes.
Auteur de Crises : Mallarmé via Manet
Edmond Vandercammen ou l'architecture du caché (essai d'analyse sémantique)
À propos du livre (texte de l'Avant-propos) Edmond Vandercammen a publié 22 recueils poétiques entre 1924 et 1977, et une quinzaine d'études critiques; il traduisait depuis les années trente les poètes de langue espagnole; il entretenait des contacts personnels et épistolaires avec de nombreuses personnalités du monde culturel et littéraire, était membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Plusieurs revues lui ont rendu hommage par un numéro spécial et la célèbre collection «Poètes d'aujourd'hui», aux éditions Pierre Seghers, lui a consacré le tome 124. D'autre part, ses uvres, reçues lors de leur parution avec un enthousiasme sincère, comme la presse et sa correspondance en témoignent, n'ont guère trouvé de lecteurs hors du milieu proche de la vie littéraire et n'ont plus été réédités. Les enquêtes réalisées auprès des libraires de Bruxelles nous ont prouvé que ses livres, dans la mesure où ils se trouvent en librairie, n'ont plus d'acheteurs. S'agit-il simplement d'un phénomène général lié à la situation sociale de la poésie d'aujourd'hui, ou bien la poésie d'Edmond Vandercammen fait-elle objet d'un paradoxe, d'une contradiction qui demande une explication? Son uvre, est-elle liée trop étroitement à son temps, et donc périssable, ou bien le dépasse-t-elle au point que seuls quelques initiés et ceux qui étaient proches de lui ont pu mesurer son importance? Jouissait-elle d'une conjoncture littéraire exceptionnelle des années trente ou des années cinquante, conjoncture dont a largement profité la génération née autour de 1900? Toutes ces questions nous ramènent à une constatation et à une réponse d'ordre général : surestimé ou sous-estimé en même temps, Edmond Vandercammen, s'il n'est pas méconnu, est certainement mal connu. Entouré d'amis, de poètes et d'admirateurs, vivant dans un monde paisible et apparemment hors des conflits et des difficultés que connaît notre société, il a pu s'affirmer, s'assurer une estime et une reconnaissance par-fois trop généreuses pour qu'elles puissent comporter aussi un jugement critique. Excepté quelques analyses approfondies. les articles qui lui sont consacrés témoignent avant tout d'une admiration sincère certes, mais qui n'aboutit pas toujours à une appréciation juste de l'uvre. Si notre but est donc de rendre justice à ce poète mal connu. nous devons tenter un jugement objectif. Et ce n'est pas lui faire une faveur spéciale que de souligner avec lui que juge-ment objectif ne veut pas dire jugement froid, «raisonné», contre lequel, pris à la lettre. il s'est clairement prononcé. Cependant, il nous paraît essentiel de tenter ce jugement objectif à travers ses textes poétiques et de montrer ainsi les correspondances entre l'homme et son univers, entre le poète et son oeuvre, entre la poésie et…
Essai sur l'identité d'un peuple.La bistouille, l'escavèche mais Robert Campin, Simenon, le site mégalithique de Wéris,…