Comment le klezmer fut inventé

Premières traces

Les traces dont on dispose remontent au début du XIXe siècle, même si la réalité qu’elles suggèrent est plus ancienne. Des gravures d’époque montrent des kapelye, petites formations itinérantes de klezmorim qui jouaient dans les fêtes familiales et populaires (les simkhes) tant juives que chrétiennes.
Ces musiciens, quand ils étaient juifs – ce n’était pas toujours le cas – étaient le produit du mouvement hassidique. Celui-ci naquit au début du XVIIIe siècle en réaction au judaïsme talmudique basé sur l’étude répétitive des textes, un judaïsme inaccessible aux hommes du peuple. À ceux-ci, le hassidisme proposait d’entrer en contact avec Dieu à travers la joie et l’extase mystique que la musique et la danse permettaient d’atteindre.

Les klezmorim se déployèrent dans le Yiddishland, ce pays imaginaire d’Europe centrale et orientale où résidaient d’importantes populations juives : Hongrie, Roumanie, Ukraine,…

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Comment le klezmer fut inventé

Premières traces Les traces dont on dispose remontent au début du…

Enseigner et apprendre le français au bout du monde: le Chili. (dans Sillons francophones)

Le Chili, une terre de migrants hispanophones mais aussi germanophones, italophones, francophones et croates. Un pays de presque 17 millions d’habitants concentrés majoritairement dans les trois plus grandes villes du pays, coincées entre la cordillère andine et l’Océan Pacifique: Santiago, Valparaíso et Concepción. Un pays avec un système éducatif à la base très centralisé mais, depuis les années 1970 (époque de la dictature de Pinochet), de plus en plus tombé aux mains du secteur privé. Un système éducatif devenu inégalitaire qui ne valorise que peu ou prou l’apprentissage des langues étrangères. Qu’en est-il alors de la langue française dans ce pays désormais démocratique, économiquement stable mais marqué par des inégalités sociales croissantes, et qui oblige les nouvelles générations à se tourner vers l’anglais, seule langue enseignée à l’école primaire et secondaire? Au premier abord, on serait tenté de croire que seule la génération de plus de 60 ans, et celle des anciens exilés de la dictature en France ou en Belgique, maîtrisent le français tout en gardant un penchant pour la culture francophone. Or, mon expérience de lectrice universitaire, envoyée à Concepción par Wallonie-Bruxelles International pour travailler comme professeur de français au sein de la faculté d’Humanités et d’Arts de l’UdeC , me permet d’affirmer que le français se porte mieux que ce qu’on ne pense. Sans prétendre que la réalité de cette ville, de seulement 214 000 habitants, est représentative de l’ensemble du pays, elle témoigne toutefois d’une vérité qu’il serait injuste de négliger et qui est porteuse d’espoir pour le futur de la langue française au Chili.                                                                       * Pour mieux apprécier mon témoignage, permettez-moi d’abord de contextualiser ma situation et mon parcours. Italienne d’origine, interprète de par ma formation universitaire (aboutissement inéluctable d’une prédisposition depuis toute petite pour les langues), on pourrait penser que j’étais prédestinée à l’enseignement du français. Et pourtant, si seulement il y a quatre ans on m’avait dit que je me serais retrouvée à enseigner cette langue dans une faculté de traduction et d’interprétation au bout du monde, j’aurais été la première à croire qu’on se moquait de moi. Or, la vie s’amuse toujours à rebattre les cartes et ce que l’on pense impossible peut bel et bien devenir possible: dans mon cas, cela s’est traduit par l’obtention d’un diplôme DAEFLE à l’Alliance française à Bruxelles et la chance d’être recrutée par WBI pour représenter la Wallonie et la culture belge francophone à l’étranger, plus particulièrement au Chili. Cela fait désormais un an et demi que j’ai intégré le département de français de l’UdeC et que je dispense des cours de langue, d’histoire et de civilisation, et de littérature francophone. Mon public? Des étudiants chiliens passionnés par les langues et tentés par le métier de la traduction et de l’interprétation. Des étudiants qui arrivent en première année sans aucune notion de français et qui terminent leur parcours en atteignant un bon niveau C1. Des étudiants qui voient dans la possibilité d’apprendre des langues l’occasion non seulement de s’ouvrir au monde, mais surtout de le « penser » autrement et de façonner la réalité autour d’eux à l’aide de nouveaux outils. Nous le savons : l’enseignement d’une langue va de pair avec la transmission d’une nouvelle culture. Puisque la finalité d’apprendre une nouvelle langue est celle de pouvoir communiquer de manière active avec un natif d’une autre nationalité en allant, si nécessaire, au-delà de ses propres préjugés et de ses propres croyances, pour que cette communication soit féconde, il ne suffit pas de maîtriser le lexique, les structures morphosyntaxiques ou les expressions idiomatiques de la langue de l’autre. Il faut aussi avoir appris à interpréter les codes culturels attachés à cette imposante charpente linguistique, et c’est à l’enseignant que revient la responsabilité de donner aussi à ses cours une dimension culturelle. Cela est toujours possible, même quand on est confronté à des groupes d’apprenants dont on ignore le milieu social d’origine, le parcours scolaire suivi, les réelles attentes qui les animent et qu’on est dans l’obligation de devoir suivre un programme académique préétabli et bien dense. Cette situation, est exactement celle dans laquelle je me suis trouvée plongée en arrivant à l’UdeC. Quant à la motivation, les étudiants chiliens n’en sont pas dépourvus, par contre, si l’on prend en compte leur préparation et leur formation, la différence entre des jeunes du même âge, tous récemment sortis du secondaire, ne pourrait être plus criante. Ceux issus d’une école privée — mieux encore si c’est une école internationale —, ont la chance d’être équipés des outils nécessaires pour affronter des études universitaires. Ceux issus d’une école publique, par contre, ne savent même pas écrire correctement dans leur propre langue maternelle et ces étudiants vivent l’apprentissage d’une langue comme le français, avec une grammaire et une orthographe on ne peut plus exigeantes : un vrai défi. Quand le contexte est tel, donner une dimension interculturelle à son cours peut contribuer à effacer cette hétérogénéité et à surmonter plus facilement les différences de niveau. Pourquoi ? Parce qu’on peut comprendre des notions culturelles déjà avec un niveau de langue relativement faible. La culture est quelque chose qu’on peut saisir de manière instinctive grâce aux comparaisons établies avec nos expériences de vies personnelles, nos savoir-faire et nos acquis, et personne n’arrive à l’âge adulte privé de son bagage d’expériences. Pour un apprenant chilien, découvrir par exemple que la Belgique est un pays ayant une double identité linguistique (francophone et néerlandophone), avec une structure fédérale complexe qui est le fruit d’un long travail de compromis et de négociations, c’est incontestablement marquant et parlant. Le Chili est peut-être vu comme un pays uniforme, mais cela reviendrait à oublier les revendications identitaires et linguistiques des communautés aborigènes du sud du pays, les Mapuches. Quand, l’année passée, j’ai abordé, dans le cadre de mon cours d’histoire et civilisation, la question linguistique belge, tous les étudiants se sont sentis interpellés par la thématique et avaient quelque chose à dire sur le sujet. Ceux qui généralement ne prenaient jamais la parole, parce que gênés par leur niveau plus faible, ont réussi, ce jour-là, à laisser de côté leurs craintes et à participer à la discussion, parce qu’ils ont pu faire appel à leurs connaissances ou expériences personnelles.                                                                     * Au début de cette année académique 2017-2018, qui dans l’hémisphère austral commence fin février, j’ai eu l’opportunité de réaliser avec mes étudiants de troisième et quatrième années un projet culturel un peu plus ambitieux. Dans le cadre de la semaine de la Francophonie, nous avons mis sur pied une exposition photo intitulée "La francophonie en filigrane à Concepción" . La consigne donnée aux étudiants a été la suivante: retrouver dans la ville de Concepción, ou dans ses alentours proches, une trace de présence francophone en tenant compte de tous les domaines de la vie courante (publicité, nourriture, architecture, mode, fournisseur de services, musique…). Une fois qu’ils avaient « détecté » cette « trace », ils devaient la prendre en photo et réaliser une affiche dans laquelle on allait retrouver non seulement l’image en question, mais aussi un texte explicatif…

Inside Llewyn Davis. Le cycle de l’homme malchanceux. (Cinéma)

Pour leur 16e long-métrage, les frères Coen signent une variation tragicomique du mythe de Sisyphe sur fond de musique folk. Dès la deuxième scène du film dont il est le personnage principal, Llewyn Davis se fait passer à tabac. La cause de ces coups n’est pas claire — l’homme qui l’attaque semble lui en vouloir de s’être moqué de sa femme —, mais le résultat est que notre anti-héros gît désormais par terre, à l’ombre d’une ruelle remplie de neige. Quelques instants plus tôt, il jouait de sa guitare et de sa voix Hang Me, Oh Hang Me, suscitant une certaine appréciation auprès du public d’un café-concert de Greenwich Village, et le voilà désormais puni. Pour un sale tour qu’il a commis, certes, mais pour lequel il ne méritait probablement pas une telle raclée. Au cours des nonante minutes de film qui vont suivre, Llewyn va continuer à se prendre des coups. Pas physiquement (quoiqu’un hiver glacial sans manteau est sa propre forme de douleur corporelle), mais plutôt des coups à son moral, à ses très maigres finances, et à son art, qui ne lui permet même pas d’avoir un toit sous lequel se loger. Pour ce musicien folk qui tente de se faire sa place sur la scène new-yorkaise de 1961, les mauvais tours de la vie s’accumulent avec une cruauté invraisemblable. Il y a bien sûr le manque d’argent, de domicile et de succès, mais le hasard s’acharne aussi de manière plus sournoise : son compagnon de voyage se fait arrêter sur une autoroute emportant avec lui les clés de la voiture, le chat qui s’est malencontreusement retrouvé à sa charge s’échappe, et les opportunités professionnelles lui passent systématiquement sous le nez. Même ses décisions les plus rationnelles finissent inévitablement par se retourner contre lui avec une cinglante ironie. Toutes les portes se ferment à lui, métaphoriquement parlant, voire littéralement. De manière incidentelle, Llewyn est souvent la cause de son malheur, au point qu’il serait presque tentant d’affirmer qu’il mérite ce qui lui arrive, ou en tout cas qu’il en est le principal responsable. Comme aime lui répéter Jean (Carey Mulligan), une amie musicienne qu’il a peut-être mise enceinte, Llewyn est ce qu’on pourrait appeler un « asshole ». Sa sincérité est aussi intense dans ses interactions sociales que dans l’exercice de sa musique, et c’est bien là le problème. Peu de gens daignent s’intéresser au folk authentique et mélancolique dont il joue, et encore moins s’avèrent réceptifs à la désagréable franchise de son caractère. À l’inverse, il est presque impossible pour le spectateur de ne pas ressentir une certaine empathie pour lui. Tout le monde a un jour vécu ces terribles contrariétés qui s’accumulent les unes après les autres de manière disproportionnée, et la vulnérabilité de Llewyn aux aléas de la vie fait de lui une figure assez attachante. La performance de Oscar Isaac y est pour beaucoup : il exprime l’incompréhension et l’accablement de son personnage face à l’infortune avec une justesse dans laquelle on peut aisément se reconnaître. Pour toutes ses fautes en tant qu’être humain, il semble injuste d’être né sous une aussi mauvaise étoile.                                                            * En cela, Inside Llewyn Davis est en parfaite cohérence thématique et narrative avec la filmographie des frères Coen. C’est le propre de leur cinéma que de mettre en scène des personnages souffrant inlassablement de hasards absurdes et de coïncidences trop grosses pour être vraisemblables. Le monde tel qu’ils le conçoivent est dangereux et arbitraire, et qu’on interprète les événements s’y déroulant comme la démonstration d’une (vicieuse) justice divine, ou comme la preuve de l’absence de Dieu, ne change pas grand-chose : les « péchés » des personnages sont tous aussi souvent punis qu’impunis, et la vie se montrera d’une manière ou d’une autre injuste. On retrouve dans Inside Llewyn Davis quelques personnages typiques des Coen, à savoir ces figures bourgeonnantes et comiquement irritables qu’on leur connaît bien. Personne n’aura oublié Please Mr. Kennedy, ce morceau musical d’anthologie dont le caractère génialement risible se double d’une terrible ironie : la chanson, auquel Llewyn ne participe que pour des raisons financières, recevra probablement plus de succès que n’importe quelle autre composition concoctée par ses soins. Si humour il y a dans le film, il en est indéniablement la victime principale et, il faut bien l’avouer, le désespoir et la mélancolie qui se dégagent de sa situation sont telles qu’il devient parfois difficile de distinguer la comédie du simple drame. Est-ce que traverser plus de mille kilomètres en voiture (et presque autant d’embûches) afin de rencontrer un producteur de musique, pour finalement s’essuyer un refus sans ambiguïté de sa part, est purement et simplement une tragédie, ou une blague cosmique particulièrement cruelle ? Aux spectateurs d’en décider. Aucune blague/tragédie n’est plus perverse et évocatrice que celle qui survient dans les dernières minutes du long métrage. Après ses multiples épreuves (dont un aller-retour à Chicago, un départ avorté vers une nouvelle vie, et littéralement un avortement), Llewyn retourne au café-concert où le film avait débuté, et irrité par son horrible semaine, ainsi que passablement éméché, il perturbe de ses insultes la performance d’une dame d’un certain âge. Comme c’est à chaque fois le cas, ses actions reviennent le hanter, pas plus tard que le soir suivant d’ailleurs. Alors qu’il vient d’achever Hang Me, Oh Hang Me devant le public, Llewyn fait une rencontre familière : celle d’un homme, visiblement contrarié des moqueries que le musicien a fait subir à son épouse la veille, et qui ressemble à s’y méprendre à celui qui lui avait administré une raclée au début du film. Son visage est difficile à distinguer et les positions de la caméra ne sont pas exactement les mêmes, mais la séquence est quasiment identique à la première, en dialogues et en contenu, et le résultat est le même : Llewyn gît par terre, les côtes douloureuses. Une telle répétition d’événements peut sous-entendre beaucoup d’interprétations. On pourra bien sûr y voir une occurrence surnaturelle, qui supposerait que Llewyn répète inlassablement la même semaine. Ce n’est pas une hypothèse que le film défait complètement, et il y a certainement une part d’onirisme dans la mise en lumières et dans la construction du montage, mais cette répétition sert surtout d’allégorie, encapsulant le fonctionnement de la vie de Llewyn. Notre anti-héros est en toute apparence destiné à souffrir pour ce qu’il a fait par le passé, et à répéter les mêmes erreurs, semant ce qu’il récolte et récoltant ce qu’il sème dans un cycle sans fin. La référence la plus évidente ici semble être Sisyphe, cette figure de la mythologie grecque qui chaque jour doit faire rouler un rocher en haut d’une colline pour voir, une fois arrivée au sommet, le rocher retomber tout en bas, avec l’obligation de recommencer sa tâche pour l’éternité. Llewyn apparaît lui aussi condamné à répéter continuellement ses épreuves, pour finalement se retrouver dans la même situation qu’au départ, sans aucune preuve de ses efforts. Cette interprétation est bien sûr sujette à discussion. L’apparition sur scène après le passage de Llewyn de la silhouette très reconnaissable de Bob Dylan marque une différence notable entre le début et la fin du récit. Historiquement, sa célébrité a donné un coup de fouet au folk, et son introduction dans les derniers instants du film annonce indéniablement la popularisation à venir de ce genre musical. De là à dire que ce changement permettra au personnage principal de briser le cycle dans lequel il est enfermé, cela reste sujet à débat. Une telle ambiguïté est très caractéristique…