Anthropogénie

NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Auteur d’ouvrages majeurs, Philosophie de la photographie, Histoire photographique de la photographie, Le Nouvel Âge, Henri Van Lier (1921-2009) livre avec Anthropogénie son opus magnum. Fruit de vingt années de recherches, ce livre-somme d’une ambition intellectuelle inégalée questionne au fil d’une démarche savante et holistique le devenir de l’homme de la préhistoire à nos jours. S’appuyant sur la paléoanthropologie, la biologie, la sémiotique, la linguistique, la cosmologie, il définit l’anthropogénie comme la « constitution continue d’Homo comme état-moment d’Univers ». Comme l’écrit Jan Baetens dans l’avertissement liminal, étranger à l’ère des savoirs spécialisés, Henri Van Lier brasse en un « roman d’idées »…


AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:homo - "Anthropogénie"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Des lucioles et des ruines : Quatre récits pour un éveil écologique

Athane ADRAHANE , Des lucioles et des ruines. Quatre récits pour un éveil écologique , Le Pommier, 2024, 336 p., 22 € / ePub : 14,99 € , ISBN : 9782746526891Il est des livres qui bondissent comme des chiens-loups, qui prennent à bras le corps la question de nos rapports au vivant et lancent un chant en faveur de nouveaux dialogues avec le monde, les humains, la faune, les arbres, les océans. Philosophe, artiste pluridisciplinaire, écrivaine, photographe, chanteuse, Athane Adrahane ouvre un chantier de réflexions, de pratiques éthopoétiques qui, s’appuyant sur les puissances du récit, délivre des cailloux de Petite Poucette afin de ne pas se résigner au monde des ruines qui compose notre présent. Les alliés qu’Athane Adrahane choisit afin de retisser des liens harmonieux avec les formes du vivant, afin d’habiter autrement la Terre, de retisser le monde compose comme un portrait en creux (au-delà du « Je » personnel) de l’autrice. Les quatre voix littéraires élues forment une boussole de textes-actions afin de nous orienter dans un monde qui sombre. Il s’agit de Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, de L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono, de Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… de Christiane Flescherinow et du Petit Prince de Saint-Exupéry. Ces quatre éco-récits hétérogènes se livrent comme des intercesseurs nous éveillant aux manières de nous déprendre de la pensée dualiste opposant l’humain au monde, d’en finir avec la hiérarchie au sommet de laquelle trône l’homos sapiens. Ce qu’ils nous révèlent, chacun avec leurs harmoniques, c’est notre appartenance au monde. La disparition des mondes du rhinocéros blanc, des bonobos, des forêts, des êtres sacrifiés par le néolibéralisme signera immanquablement celle des humains. Désastres écologiques, désastres relationnels, désastres économiques. Ces effondrements et saccages hantent nos actualités (…) Il arrive aussi qu’au sein de ce que l’on pense totalement sec et éteint survivent des graines de possible, des braises de rêve, des sources en dormance. Dans le désert, il y a de la vie et des oasis. Armée d’une lucidité sans faille, Athane Adrahane sait que les actions militantes, les combats écologiques n’endigueront pas les mégadestructions en cours, ne feront pas revenir les milliards d’animaux disparus, d’arbres partis en fumée. Ranimant la question spinoziste «  que peut un corps ?  », elle interroge ce que peuvent les corps des récits (humains mais aussi non-humains), le corps de la Terre blessée, aux abois. Si, creusant une pensée engagée qui excède la pensée du soin, du « care », si, face à l’urgence à agir, elle mesure la fragilité, la puissance impuissante des dispositifs narratifs, elle en explore la capacité à réinventer le dialogue, tissé d’affects et d’une pensée sensible, avec la planète. À la Terre vue comme une esclave, une manne de ressources, un objet à exploiter jusqu’à ce que mort s’ensuive, Tournier, Giono, Christiane F., Saint-Exupéry mais aussi Isabelle Stengers, Vinciane Despret, Starhawk, UrsulaK. Le Guin, Gilles Deleuze, Félix Guattari, David Abram, Baptiste Morizot, Aldo Leopold, Davi Kopenawa, les peuples autochtones… opposent la perception de la Terre comme sujet, comme «  personne à honorer  ».  À toutes celles et tous ceux qui écrivent les dernières mesures du requiem du vivant, qui se pensent encore maîtres et possesseurs de la nature, Athane Adrahane lance un contre-chant de vie — des vies souvent minuscules —, de victoires sur la bétonisation des sols et des esprits. Les appels à un archipel d’actions locales, à des réinventions de lien avec le cosmos, les questionnements sur les manières harmonieuses, respectueuses d’habiter la Terre n’engagent rien moins qu’une remise en question de la propriété privée. Chacun des chapitres des Lucioles et des ruines. Quatre récits pour un éveil écologique se présente comme un massif de graines qui fécondent des alliances, qui «  repeuplent le paysage  » (Isabelle Stengers). Cesser de penser à échelle d’homme, «  penser ‘comme une montagne’ exige de se décentrer, de ‘prendre en conte’ non seulement le point de vue humain, mais aussi la diversité des points de vie qui façonnent un biotope et qui, de par leur interaction, en assurent (ou non) la grande santé.  ».  Il n’y pas d’égalité entre forces de destruction et forces de créations, entre ruines et lucioles. Même au cœur de la dévastation actuelle, de la destruction sans retour de l’environnement, des écosystèmes, il y aura toujours des lucioles, des agencements improbables, têtus, qui surgiront des ruines. L’art du combat poético-politique, l’éthique de la terre, Athane Adrahane les met en œuvre non seulement dans ses recherches, ses textes, mais aussi dans ses engagements avec d’autres collectifs humains ou non-humains. Écrit par une sœur du Petit Prince, cet essai fulgure comme une luciole. Ou plutôt comme un essaim de lucioles qui, souvent, déjouent les mégaprojets écocidaires et réensauvagent les corps et les consciences. Véronique Bergen Depuis des siècles, nous nous orientons avec la boussole de l’exception humaine, qui émousse notre rapport au vivant, notre sensibilité. Quand ce n’est pas l’ampleur sidérante des enjeux écologiques qui nous anesthésie. Athane Adrahane nous engage ici, par l’art du récit, à raviver notre dialogue intime avec le monde. Entrelaçant les voix de grands intercesseurs (Giono, Tournier, Saint-Exupéry, Christiane F.), elle dessille notre regard sur sa beauté, comme sur notre pouvoir de le ravager – soulignant ainsi quel rôle essentiel la littérature peut jouer aujourd’hui. Car au sein d’un monde en ruines où tant de voix disparaissent, il est encore des foyers de lumière et de vitalité, quelques précieuses lucioles, à préserver, et d’autres histoires que celle…

Mers intérieures

Les poètes sont pris dans cette tourmente de vivre chaque jour comme le premier. Pour eux, il n’y a…

Le souffleur de feuilles. La biodiversité n’est pas un luxe, elle est vitale

Marc SCHMITZ (coordination), Le souffleur de feuilles. La biodiversité n’est pas un luxe, elle est vitale , Préface de Vinciane Despret, Couleur livres, 2022, 128 p., 12 € , ISBN : 9782870039342C’est à partir d’un lieu bien précis, de la réserve naturelle du Kinsendael située dans le sud de Bruxelles que l’ouvrage collectif Le souffleur de feuilles. La biodiversité n’est pas un luxe, elle est vitale interroge les ressources conceptuelles et les scénarios à mettre en œuvre sur le terrain afin de fabriquer «  des mondes encore habitables  » (Vinciane Despret) où se nouent des liens harmonieux entre humains et non-humains. Composé d’acteurs issus de diverses disciplines, un collectif de contributeurs ( Isabelle Stengers , Serge Gutwirth , Vinciane Despret qui signe la préface, Marc Schmitz qui coordonne l’ouvrage, Martine De Becker, Thérèse Verteneuil , Benoît Dumont , Olivier De Schutter , Jean-Claude Grégoire , Paul De Gobert, Amaury Vanlaer ) s’empare des questions des territoires de vie où se déploient des mondes sauvages, semi-sauvages, de l’érosion catastrophique de la biodiversité, de la fragmentation de l’habitat, de la spatiophagie, de l’urbanisation galopante qui menacent la survie d’innombrables espèces animales et végétales pour penser un changement de paradigme qui en passe par le local. Si tous s’accordent à dire que «  préserver quelques îlots verts, comme la réserve du Kinsendael, ne sera pas suffisant  » (Thérèse Verteneuil), tous esquissent des sorties d’une vision anthropocentrée qui, saccageant la nature, signe la mort de la biodiversité, laquelle compromet la survie de l’homo sapiens. Vibrant plaidoyer en faveur de l’invention d’une nouvelle alliance entre les formes du vivant, l’ouvrage accompagne le sombre bilan d’une érosion accélérée des écosystèmes de propositions pratiques permettant de freiner la bétonisation et l’artificialisation des sols, une bétonisation que Bruxelles perpétue alors que tous les signaux sont au rouge.Comme l’analyse Marc Schmitz, le rôle des lanceurs d’alerte est primordial dès lors que ces véritables gardiens, ces sentinelles de la vie sauvage donnent voix aux sans voix et contestent des choix politiques, économiques, de société qui ruinent la cathédrale du vivant. Manifeste d’écologie en acte, Le souffleur de feuilles fait souffler un vent de mobilisation qui fait contrepoids au sentiment de désespoir et d’impuissance. Qu’est-ce qu’un territoire où coexistent diverses espèces qui doivent négocier entre elles, apaiser les conflits ? Comment protéger des espaces, des friches de plus en plus menacées par la promotion immobilière, par des projets d’aménagement du territoire en faveur de logements liés à l’explosion démographique ?  Partant d’une mobilisation de riverains contre un projet immobilier, Isabelle Stengers et Serge Gutwirth réélaborent la notion de «  communs  » et son efficacité juridique. «  Terres sur lesquelles les habitants avaient des droits d’usage, sans en être propriétaires  » (Stengers/Gutwirth), les communs, leurs pratiques de solidarité ont été détruits au profit de la propriété. Comment la réactivation du concept de servitude, de servitude environnementale permet-elle de protéger la biodiversité, de créer des corridors, des passages pour les animaux ? Les intervenants développent un essaim d’enquêtes et de propositions de solutions qui vont de l’agrobiodiversité au projet de villes-natures dotées de niches écologiques, de la protection des espaces riches en biodiversité à la connectivité écologique au travers de corridors et autres aménagements de sites permettant les passages d’espèces, de petits mammifères, de batraciens. Afin de lutter contre le fléau actuel de la pollution sonore et lumineuse, une nuisance catastrophique pour les espèces animales, des contributeurs en appellent à des mesures rétablissant les nuits noires et le silence. Gestes simples et quotidiens des collectivités locales, de la société civile, mises sur pied de nouvelles stratégies de militance, bras-de-fer avec les gouvernants afin d’inventer de nouvelles manières de penser et de co-exister, de se doter d’outils juridiques contraignants…  Le souffleur de feuilles articule et réticule le local et le global. A l’heure où la planète est abîmée, saccagée par l’action et l’emprise des humains, ce livre dessine dans l’ici-maintenant un écheveau de ripostes qui protègent, réparent…