Les éditions du Cactus Inébranlable tirent une salve de trois petits livres où la plus rafraîchissante des gamineries côtoie des pépites de sagesse ou de subversion. Leurs auteurs que le Gloupier qualifierait sans doute de « délicieux chenapans » ne sont pas novices dans le genre, il s’en faut, et leur inventivité, pas seulement facétieuse, s’est déjà largement illustrée dans plusieurs opuscules et magazines dont les plus folâtres et joyeusement transgressifs. Au générique, on trouve le multiple Docteur Lichic, Jean-Philippe Querton, funambule et braconnier des mots, ainsi que l’infatigable et salubre contempteur de « l’ordre social dominant », Raoul Vaneigem.Docteur Lichic – pataphysicien et par ailleurs militant…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…