America

RÉSUMÉ

« America » est composé de poèmes inspirés à William Cliff par deux longs séjours en Amérique du Sud et deux voyages aux États-Unis. « Tavalera » décrit en alexandrins la traversée vers l’Amérique du Sud à bord d’un cargo allemand qui porte ce nom. Puis viennent « Montevideo » et « Cône Sud ». William Cliff évoque les plages, les bidonvilles, ses brèves aventures homosexuelles. Dans les deux dernières parties, « Philadelphie » et « Cape Cod », il raconte les étapes de son vagabondage aux États-Unis. Dans ce tourisme de poète vagabond, on retrouve William Cliff à son meilleur. Le Nouveau Monde lui inspire des images aussi désolées que l’Ancien. Il est désespéré, grinçant, funèbre et malgré tout drôle. Dès les premières pages, on reconnaît ce poète qui ne ressemble à aucun autre.

ÉCOUTER UN EXTRAIT : 

PRIX
  •   Prix Gaston et Mariette Heux de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2011
À PROPOS DE L'AUTEUR
William Cliff

Auteur de America

William Cliff naît à Gembloux le 27 décembre 1940."Quand a éclaté la guerre je venais d'être conçu en ventre maternel et le quatrième d'une série de neuf (...)Mes premiers ans ont connu les sous-sols des bombardements où les gens à grands yeux blancs attendaient la fin des alertes (...)puis les sous-sols du cabinet dentaire où mon père impatient plombait des dents pour le pain de la mère et des enfants."École primaire à Gembloux. Puis le pensionnat. Au Collège de la Hulle, à Profondeville, la vie est communautaire; on y partage tout. Les adolescents ont beaucoup d'activités manuelles, font des excursions le dimanche, vivent dans la nature... coupés d'une vie sociale normale. De là, sans doute, l'inadéquation, l'inadaptation futures."Mes frères étaient cancres et moi tout autant: l'école chrétienne nous étouffait.""... J'étais adolescent et j'avais les cheveux coupés en brosse, je fréquentais un collège perdu dans les bois d'un bord de Meuse et sur moi le piège étroit des rêves des espoirs et des masturbations était solidement fermé."Philologie romane à l'Université de Louvain : Cliff étudie l'espagnol, le catalan. Pour sujet de mémoire de licence, il choisit le poète catalan Gabriel Ferrater. Influence décisive. À l'image de Ferrater, le poète William Cliff dira la réalité concrète. Premiers poèmes envoyés à Raymond Queneau qui manifeste immédiatement son intérêt et demande un livre pour les éditions Gallimard. Ainsi, Cliff devient celui dont on a dit qu'on ne comprenait pas pourquoi cet éditeur, le plus grand de la France, publia les écrits dans sa collection blanche. Professeur de français, Cliff enseigne ici ou là, au gré des désignations de l'État. Il voyage, et beaucoup. En Catalogne, bien sûr, et en Espagne. Dans toute l'Europe occidentale. En Inde, en Égypte, en Turquie. En Amérique, du Nord et du Sud : de là est né AmericaWilliam Cliff loge sous les toits, rue Marché-au-Charbon, dans le centre de Bruxelles, la ville la plus la plus la plus du monde "C'est grand-pitié que vivre icien ce grenier bien mal garniquiconque approche de mon litsitôt s'en tourne à grand dépit".

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Paupières de sel

Quarante ans d’édition à La Pierre d’alun, animée par Jean Marchetti, cela n’est pas rien, et la Bibliotheca Wittockiana à Bruxelles s’en fait l’écho au travers d’une éclairante mise en perspective de textes et d’images, jusqu’au 24 janvier prochain . C’est également l’occasion de revenir sur l’un ou l’autre ouvrage récemment inscrit au catalogue, dont ces Paupières de sel que l’on doit à Muriel Logist. Illustratrice, fana de typographie, graphiste, faiseuse de livres (ceux de Jean Marchetti et d’autres), la voici en tant qu’autrice, dans ce recueil où l’accompagnent les dessins au trait délié de Pascal Lemaître . Muriel Logist y donne la parole à une femme, dont le questionnement dévorant est celui de l’amour. Celui qui est, celui qui fut ? Celui de tous les états, de l’état de grâce (il faut bien commencer) à l’état de détresse (il faut en finir, mais comment s’en arracher ?) Cet amour qui séduit, emporte, déclenche le ravissement – « au coin de la lèvre comme un enchantement »  – c’est aussi, durement, celui qui déchire, qui brutalise, qui enferme, sans même plus s’apercevoir de la violence et des chemins tortueux qu’il impose.La narratrice, du haut de ses sept ans, éprouve déjà l’idée de la mort, la sienne, elle « perçoit très douloureusement / et très exactement / l’idée du néant / ça l’étouffe et elle a envie de crier. / Or elle se tait. » Les années passent mais ne dissipent pas ce mal-être existentiel, la conscience de l’absurdité de vivre ne la quitte pas. « Il y a de la place en elle / et cependant elle reste vide. » On songe à l’obstination de Michel Leiris, toujours sur la crête de l’auto-dépréciation, dans cette quête où la narratrice redoute, en ce qui lui manque, de ne jamais être à la hauteur de la plus infime – et la plus intime –  considération de soi. Peut-on soi-même savoir aimer, quand on ne sait si on sera, un jour, en mesure d’être aimable  ?Le texte, par fragments brefs, passe de la troisième à la deuxième personne, parfois la première, la narratrice s’adressant à elle-même autant, par moments, qu’à la personne dont l’absence et le silence sont les seuls signes d’une présence à l’autre. Les mots pourraient-ils formuler d’une autre manière cette existence sans échappée ? Il y a certes la sexualité, mais l’acte lui-même, pourtant irrépressible parfois, ne fait qu’exacerber cette tension, cette « colère impuissante » qui l’envahit contre ce qui l’entoure, et plus encore, contre elle-même. « Les hommes qui la prennent sont une simple / fièvre subite qui déploie lentement dans son / ventre ses pétales vénéneux et viciés. » Cet examen d’une vie en constant effritement, où la solitude grignote sans remords ce qu’il reste des battements de cœur, faute de protagonistes, pourrait sembler sans grâce aucune ni répit. C’est moins du désamour d’une personne que de l’amour de l’amour que tente de sortir la narratrice. L’écriture de Muriel Logist déroule pourtant un fil à soi ténu mais vivant – dont témoignent des jeux de mots, de modestes pirouettes, une ironie à froid : « Je passe mes jours à faire des pas. / Des pas assez. » Derrière le miroir tendu, un éclair de soleil s’enhardit et traverse alors avec audace le ciel gris, les eaux sombres d’une mer agitée. L’indulgence envers soi, cette planche de salut.       …