À part entière

RÉSUMÉ

Avant de mourir après s’être jetée du balcon, Marie accuse à tort son mari, Guillaume, de l’avoir poussée.

Guillaume est acculé par sa conscience : est-il vraiment innocent ?

Pour affronter l’introspection dans laquelle le décès de Marie le plonge, il lui faut se déplacer physiquement. Quitter ses habitudes et prendre le recul qui s’impose.

Il trouve refuge à La Chênaie, une hostellerie perdue dans un bled impossible. Une fuite pour se retrouver et tenter de comprendre. Comprendre que, toujours, la vie des autres nous échappe.

Un voyage psychologique envoûtant.

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À part entière
A part entière

Première édition
Éditeur : La renaissance du livre
Date : 1974
Format : Livre

À PROPOS DE L'AUTRICE
Louis Dubrau

Autrice de À part entière

De son vrai nom Louise Scheidt, Louis Dubrau naît à Bruxelles le 19 novembre 1904. Elle a à peine deux ans lorsqu'elle a la douleur de perdre son père, d'origine lorraine, qui se suicide. Sa mère, fille d'un des pionniers du mouvement mutuelliste dans notre pays, se remarie quand Louise atteint l'âge de huit ans; cette union ne sera pas heureuse. Les événements de sa petite enfance marquent profondément la future romancière et son ouvre sera traversée de ses illusions déçues. Précocement attirée par l'écriture, elle esquisse, l'année du remariage de sa mère, une pièce de théâtre dont le texte est perdu. À quatorze ans, elle fait des essais de récits romancés, sous un premier pseudonyme, tout en fréquentant les écoles Daschbeek et Gatti de Gamond. En 1925, année de ses vingt et un ans, Louise prend la décision de se rendre à Paris pour y suivre des cours à la Sorbonne et au Collège de France, comme élève libre. Elle s'adonne au chant, à la musique et au dessin, et fréquente assidûment les ateliers des peintres et des artistes. En 1934, elle publie dans Le Thyrse son premier poème, sous le nom qui sera désormais le sien en littérature : Louis Dubrau. Elle a choisi un prénom masculin pour être prise plus au sérieux par la critique qu'elle estime misogyne; le patronyme est emprunté à l'une de ses grands-mères. Elle donne des récitals de chant à la Maison des Arts, à Bruxelles; elle fait la connaissance de Pierre-Louis Flouquet, et collabore bientôt au groupe du Journal des poètes, en qualité de critique et de conférencière. La jeune femme épouse en 1935 un professeur de morale, Fernand Janson. Mais le bonheur semble la fuir; son mariage ne sera pas heureux. L'année suivante, elle publie son premier roman, Zouzou, avant de faire paraître un recueil de poèmes, Présences (1937) puis un ensemble de contes, Louise (1938). Elle aborde ainsi, en trois volumes, les genres auxquels elle s'attachera le plus volontiers. En 1939, Louis Dubrau reçoit le prix Verhaeren pour des poèmes publiés à Paris, Abécédaire. Au moment où éclate la seconde guerre mondiale, elle donne un recueil d'aphorismes, Amour, délice et orgue, qu'elle complétera cinquante ans plus tard, en 1990. Militante dans un mouvement politique, elle s'engage dans la Résistance, rédige une feuille d'opinion, Femmes dans la lutte, qui deviendra en 1944 une revue, Femmes dans la vie, après sa nomination comme présidente de l'Union des femmes de Belgique, et son activité à la Croix-rouge. Elle rapporte son expérience dans Service de nuit (1950). Après la guerre, elle abandonne l'action politique, reprend sa collaboration au Journal des poètes, ainsi qu'à de nombreux hebdomadaires, journaux et revues, notamment à la Revue nationale, à Marginales, au Soir, aux Nouvelles littéraires et à la Revue générale. Elle poursuit une ouvre abondante (plus de cinquante titres) et entreprend des voyages dans toutes les régions du monde, puisant son inspiration dans les lieux fréquentés en dehors des modes touristiques. L'ancien Congo belge et le Ruanda-Urundi sont à l'origine de la naissance du recueil de poèmes Ailleurs (1956), la Turquie et l'Iran servent de toile de fond aux récits de La Fleur et le Turban (1959). Dans Les Îles du Capricorne (1967), on retrouve son intérêt pour la Réunion, l'île Maurice ou Madagascar. Ces reportages sont l'écho de ses découvertes, elle décrira plus tard l'Afrique ou les États-unis avec la même chaleur. La critique a souvent souligné, avec raison, le caractère pessimiste de l'œuvre de Louis Dubrau, ainsi que son esprit ironique et caustique. Le malentendu fondamental entre les êtres, la solitude morale, la désillusion sont les thèmes qui reviennent le plus souvent sous sa plume. L'incompréhension du couple ressemble à une fin de non-recevoir; l'harmonie est rare, même lorsque l'entente physique est présente. Et cependant, un être aimé est nécessaire pour croire au bonheur. Dans le domaine poétique, qu'elle a trop peu exploré (sept recueils) alors qu'il contient tous les cris d'un cour déchiré, on découvre un langage dépouillé d'inutiles fioritures, conduisant droit à l'essentiel. Pour une autre saison (1948) et Le Temps réversible (1958), dans l'âpreté de leur concision, font entrevoir un monde de souffrance intérieure laissant peu de place à l'espoir et à la complaisance. Un appel, un désir de fuite, une attirance pour le néant marquent les séquences, liées aux souvenirs personnels et à une réflexion intime. C'est dans le domaine du récit, de la nouvelle et du roman que Louis Dubrau a donné l'essentiel de sa production. Dès L'An quarante (1945), le drame humain de la confession et de la révolte est présent. Il ira en s'amplifiant dans Un seul jour (1947), La Part du silence (1950), L'Autre Versant (1953), La Belle et la Bête (1961) et À la poursuite de Sandra (1963, prix Rossel). Dans ses autres romans, Louis Dubrau accentue le réalisme des conflits intérieurs face à la recherche de la vérité. Comme des gisants, en 1964, Le Bonheur cellulaire, en 1967, Le Cabinet chinois, en 1970, confirment son impatience de vivre. À part entière, en 1974, et onze ans plus tard, La Femme forcée, parachèvent l'appel pathétique d'un être qui refuse la solitude en recherchant avec discrétion la présence d'un au-delà possible. Les recueils de contes et nouvelles (de Double jeu en 1952 aux Imaginaires en 1981 – Prix littéraire de la Communauté française – en passant notamment par Les Témoins, en 1969 ou Jeu de massacre, en 1977) confirment la philosophie désabusée de la vie et le perpétuel déchirement. Louis Dubrau a été élue à l'Académie le 6 mai 1972. Elle meurt le 16 mai 1997.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Il paraît que la romancière Louise Scheidt – alias Louis Dubrau – ne goûtait pas vraiment l’œuvre de Simenon. Pourtant, l’incipit d’À part entière est digne d’un des meilleurs romans durs de ce dernier. La première page voit un attroupement se créer sur le trottoir où vient de chuter lourdement le corps de Marie. Avant de sombrer dans le néant, on l’entend distinctement articuler : « C’est Guillaume. Il m’a poussée… ».Sur le moment, tout le monde croit au fait divers criminel : les badauds qui pointent déjà le nez vers les étages, le lecteur emballé par le ténébreux « Rosebud » initial que les deux cents pages suivantes serviront sans doute à éclaircir, le narrateur lui-même qui…


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Soren disparu

«  Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu  », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. «  On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ?  » Lire aussi : un extrait de  Soren disparu  La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. «  Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus…  »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois.  Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…