Jean-Marc RIGAUX, Kipjiru 42… 195, Murmure des Soirs, 2020, 413 p., 22 €, ISBN : 978-2-93065-757-8Il suffit d’une page. D’un coup d’œil en surplomb sur l’ouvrage. Et on pressent la magie du grand large :Je cours. Poumons brûlés.J’ai dégringolé la pente rocailleuse, frôlé des squelettes de séneçons géants et les lobélies.Je cours. Je cours dans la caldera. À 4000 mètres.Expirer est une douleur. Jusqu’au dernier souffle.La menace se rapproche. Elle me frôle maintenant. Ils sont là. Tout près. J’entends le roulement de la caillasse. L’écriture et la narration de Jean-Marc Rigaux sont travaillées, tendues. La structure interpelle. Une alternance de chapitres et d’intervalles. Un chapitre 12 à l’entame, un prologue aux allures d’épilogue. Vérification…
À La Grande Librairie sur France 5, Amélie Nothomb affirmait récemment qu’après « quatre heures d’écriture, on est exténué. C’est un sport de haut niveau. » Or, pour Jean-Marc Rigaux aussi, l’écriture est physique. Marathonien très entraîné, il fut un temps où il finissait parmi les cinquante premiers coureurs à l’arrivée de New York. Coureur de fond, il a besoin de pousser ses limites jusques aux bouts : la saturation, l’épuisement voire le rejet. Son nouveau recueil est le résultat de cent relectures.Sportif ou littéraire, son effort est total et cette fois, il l’a voulu stylistique. Les onze nouvelles sont une série d’exercices et de variations sur un même thème. Il y disperse l’âge, la douleur, le sexe et la situation des personnages. Il joue avec…
D’abord remarqué comme nouvelliste, dans la revue Marginales et trois recueils édités entre 2012 et 2018, Jean-Marc Rigaux, en 2020, avait enthousiasmé avec Kipjiru 42…195, un thriller littéraire, puissant et sophistiqué. Et voici venir son deuxième roman, chez Murmure des soirs, une très belle enseigne qui le publie depuis ses débuts.L’ItoiLe titre déconcerte, et il faudra attendre la page 224 pour croiser le mot, analyser sa signification. Dans une cosmogonie rwandaise, un être supérieur, qui aide le dieu créateur dans son œuvre avant de se rebeller contre celui-ci. Qui élève « les humains comme des enfants », leur apprend les arts. Bon puis mauvais, tué puis ressuscité, retiré du monde, in fine, au centre d’un labyrinthe souterrain. Des fragrances des mythes…