Herman Closson   1901 - 1982

PRÉSENTATION
Il est important de rappeler que Herman Closson fut le fils d'Ernest Closson, musicologue et chercheur, critique musical pendant 50 ans dans L'Indépendance, professeur et folkloriste, un des meilleurs connaisseurs dans le domaine de la chanson populaire.On retrouvera tout au long de l'oeuvre d'Herman Closson une imprégnation de ce qui fait l'intérêt et la valeur de la chanson populaire anonyme tant en flamand qu'en français ou en wallon. Car, pour Ernest Closson, les trois cultures sont aussi intéressantes, et les deux volumes des Chansons populaires des Provinces Belges (1913) contiennent plus de deux cent chansons de Flandre et de Wallonie, harmonisées pour le piano. Il y défend l'idée que l'âme même des deux races s'y révèle, encore précisée par la langue qui sculpte la mélodie (préface du chansonnier Tiouli).C'est donc au carrefour de la musique populaire dont il entendit les échos pendant toute son enfance, et de son goût pour le théâtre, que se développèrent sa carrière et son oeuvre. Le théâtre, la mise en scène, la critique théâtrale, la traduction, la scénographie, qu'il enseigna à la Cambre, furent ses passions tout au long de sa longue vie. Il fut d'abord à vingt ans l'auteur d'un roman de jeunesse publié à la NRF, intitulé Le Cavalier seul,oeuvre étrange à la fois naïve et rusée, qui révèle une furieuse méfiance à l'égard du sexe féminin et une incompréhension totale de la relation entre homme et femme. Une telle méconnaissance radicale de l'«Ennemie», de l'«Autre», attirante, dangereuse, méprisée, exprime en fait une immense peur d'être trompé par ce qu'il ne comprend pas, et vaincu. Le livre est bien écrit, d'une écriture étrange, un peu déroutante, d'un esprit désabusé, entre Gide et Montherlant.Il est intéressant parce qu'il contient en germe et à l'état embryonnaire la part psychologique de son oeuvre future : l'inlassable recherche du mystère féminin.Mais ce n'est pas dans le roman qu'Herman Closson devait faire carrière. Lié à l'aventure des Comédiens Routiers dès 1938, avec Jacques Huisman, René Hainaux, etc (toute cette histoire est relatée dans le livre de Philip Tirard (C.F.C. Éditions, 1996), Jacques Huisman. Des masques et des souvenirs), il vécut une expérience passionnante qui rappelle assez celle qui fit de La Barraca, de F. G. Lorca le plus illustre théâtre ambulant espagnol pendant les années 1932 à 1936, ainsi que celle des Comédiens Routiers Scouts de France.Après le succès considérable du Jeu des quatre fils Aymon, joué en pleine guerre (décembre 1941) à la barbe des Allemands qui soupçonnèrent à peine combien l'oeuvre les frondait, il continua à s'inspirer (alternativement avec des sujets psychologiques) de faits historiques et de légendes, parfois avec une complète désinvolture vis-à-vis des exigences documentaires. Il préférait donner le pas à son imagination de créateur et à son souffle épique. Ce choix lui permet, sans négliger la psychologie des personnages, d'atteindre à des «types» qui plongent leurs racines dans l'inconscient collectif national et acquièrent la valeur de mythes par un sûr instinct des valeurs primordiales du patrimoine. Certaines pièces qui lui furent commandées sont de grandes représentations populaires à fond historique, spectacles en plein air qui eurent un vif succès dans les années 50.Collaborateur de plusieurs autres théâtres et troupes, ami d'écrivains illustres comme Henri Michaux, Géo Norge, Jean Mogin, et tant d'autres qui seraient heureux d'être cités comme ses amis, il fut élu Académicien en 1974 et mourut chargé d'ans et de gloire en 1982.

BIBLIOGRAPHIE


PRIX

DOCUMENT(S) ASSOCIÉ(S)