Un jour, on devrait se mettre, à quelques-uns, quelques-unes, autour d’une table. Débattre ferme. Dresser la liste de nos OVNIS. Objets Verbaux Non (ou très peu) Identifiés. En faire une espèce d’anthologie. Pour sûr, personnellement, l’un des premiers livres que je poserais sur la table serait ce Les Chignons, de Geneviève Bergé, qu’Espace Nord – voilà une bonne nouvelle ! – réédite, ces jours-ci, agrémenté d’une excellente postface de Michel Zumkir.Parce que, oui, faut pas avoir peur des mots : Les Chignons, c’est de la vraie, de la bonne, émouvante, fantastique, littérature « expérimentale ». Non que Geneviève Bergé y cherche à « renouveler les formes », non qu’elle y cherche à « bousculer les codes », à tirer ses lecteurs et lectrices…
Geneviève Bergé est au nombre de ces auteurs précieux qui tissent patiemment le fil de leur œuvre, sans grande ostentation, mais avec une constance et une application qui forcent le respect. Depuis une bonne vingtaine d’années, elle s’est composé une partition bien personnelle dont elle développe de subtiles variations. Ici, point d’effets de manche, d’intrigues savamment déroulées ni de poussées d’adrénaline. Ses livres relèvent du registre modeste de l’infime, de l’intime, mais ils prennent forme et présence dans le champ de la complexité tout en convoquant l’actualité.Comme dans La ménagère et le Hibou, Impressions de Rembrandt(2004) et Le tableau de Giacomo (2010), le point d’accroche est résolument artistique. Pour ce faire, elle nous introduit…