Après une licence en philosophie, Véronique Wautier a enseigné le français. Elle est ensuite devenue psychothérapeute. Son oeuvre littéraire se compose d’une dizaine de recueils poétiques et d’un récit de prose poétique, Chacun de nous est une foule (Coudrier, 2004). Elle animait en outre des ateliers d’écriture. Commentant le recueil Cabaner, chavirer pour Le Carnet et les Instants, Vincent Tholomé disait de ses poèmes qu’ « on pourrait [les] prendre […] comme des nids. Des façons de se poser. Le temps d’un battement de cœur. Des nids aussi fragiles que des cabanes. Aussi provisoires. Des logements à reconstruire. Sans fin. Obstinément« .
Véronique Wautier a reçu le prix Gauchez-Philippot 2003 pour Douce la…
Je lis Cabaner Chavirer puis je le relis puis je pense : les poèmes de Véronique Wautier sont des havres. Des haltes provisoires. Des façons de se construire une cabane où s’abriter. Provisoirement. De se mettre deux secondes quinze ou trois minutes à l’abri de la violence du monde. Des drames persos. Ou des grandes tragédies du siècle comme on dit. De tous ces événements qui emportent avec eux les voisins. Les amis. Les êtres chers. Les êtres tout court. Les poèmes de Véronique Wautier sont des cabanes de mots. Des territoires fragiles. Des petits totems faits de bric et de broc. Construits au petit bonheur. À l’aveugle. Sans qu’on sache où l’on va. En suivant son instinct.J’imagine que Véronique Wautier est comme vous et moi. Elle navigue au radar. Doit se sentir…
Jacques Izoard l’aurait à coup sûr savouré, ce recueil de poèmes, fragilement campé entre deux fanaux repeints au bleu Nicolas de Staël ; il lui aurait plu, le lyrisme discret, comme mis en sourdine sous la pudeur et la délicatesse d’expression, mais à l’émotion toujours vibratile, de Véronique Wautier dans Continuo. Lyrisme, car le « je » est assumé et réaffirmé tout au long de cette suite, mais il n’a rien de conquérant, d’agressif. Conscient de ses limites, il préfère au contraire se tenir sur les berges de son fleuve intérieur et constater le réel qui l’entoure, en usant du moins fiable des outils, le langage. Le langage ? Qu’il soit cet impossible lieu commun à ceux qui / parlent et ne parlent pas.Véronique Wautier tente dès lors, sans épanchement…
Pierre TREFOIS (Textes), Valentine DE CORDIER, S’élever aux signes, Éranthis, 2018, 25 p., 12 €, ISBN : 9782874830167Les deux petits volumes que publient coup sur coup les éditions Éranthis ont quelque chose d’un polyptique littéraire qui unirait, dans un même mouvement scriptural et pictural, deux livres pourtant distincts. Le lien entre ceux-ci ? Les « mains silencieuses » de l’artiste, celles en l’occurrence de Pierre Tréfois qui, dans S’élever aux signes, met en quelque sorte sa plume au service des toiles de Valentine De Cordier et dans l’autre, se fait illustrateur des écrits intimes de Véronique Wautier. La maquette agréable et sobre choisie par l’éditeur (format, grain du papier de couverture, rendu des illustrations, …) fait de ces deux minces…
« À la fin deven[ir] / le contraire / de [sa] souffrance » ne se fait pas sans arrachement. Véronique Wautier et Pierre Tréfois le savent parfaitement – du moins, c’est ce que rend sensible le recueil Dans nos mains silencieuses, issu de la collaboration entre la poète et l’artiste. « En nous deux armées s’affrontent / mais l’une est sans armes / et c’est elle qui l’emportera » ; jusque-là il faudra s’armer de bienveillance et d’attention pour ce qui nous lie, ce qui nous relie à l’autre, à la présence, à la « vie rude ». Il faudra s’armer de douceur, ce « point d’attache entre les deux mondes ».De ligne en ligne – les fines et nerveuses de Pierre Tréfois, les bienveillantes et pudiques de Véronique Wautier –, quelque chose s’ouvre,…
C’est une voix majeure de la poésie d’expression francophone de Belgique qui s’est éteinte il y a quelques mois à peine, quand Véronique Wautier s’en allait sur la pointe du cœur et du verbe en laissant dans son sillage une dizaine de titres aussi puissamment fragiles que Chacun de nous est une foule (Le Coudrier, 2004), Le jour aux ignorants (Eranthis, 2010), Continuo (L’herbe qui tremble, 2017)… Puis voici que l’automne balaie les feuilles de Traverso jusqu’au seuil de l’absence, et le dialogue se renoue par delà, avec le naturel de ces complicités suspendues que même la mort est bien impuissante à déjouer.Dans cette centaine de pages que ponctuent les encres mêlées d’acrylique (ou l’inverse) d’Alain Dulac, combien de fois apparaissent les substantifs…
Si les mots ne libèrent que l’ombreOù toujours je dépose mes pasJ’aurai marché sur un leurre bavard. Douceur et douleur, floraison et fenaison, ténuité et ténacité : ainsi s’articule le jardin de Véronique Wautier. Il faudrait presque imaginer ce jardin comme un coquillage bivalve, se tenant tout entier dans la main et contenant l’espérance. Il faudrait aussi l’imaginer aussi vaste que le silence qui était, pour Véronique Wautier, tantôt un sécateur et toutes les douleurs dedans, tantôt une respiration qui déborde, non, qui borde plutôt.Nu mon amourAvec quels autres motsVais-je habillerLe poème ? Dans Allegretto quieto, entre la mer et le ciel, entre le rouge et le bleu, entre l’hiver et l’été, se déploient le vol des oiseaux, le « courage…
« parfois on écritet les mots ne sont pas vérifiésils jaillissent d’une ancienne forêtd’une future nudité »D’une simplicité désarmante, le recueil Ton nom maintenant de Véronique Wautier, publié à titre posthume, se déploie sur un nuancier bleu. Du « bleu matisse » au vague à l’âme qui s’empare du lecteur dès l’exergue du recueil (deux sublimes vers séléniens de Wautier), le recueil tient du champ chromatique et sémantique de cette couleur qui rappelle celle du ciel (« cette immense page bleue ») ou de la mer, avec sa longueur d’onde voilée.À l’instar d’autres recueils de la poétesse, parmi lesquels Continuo, Traverso ou d’autres repris dans l’anthologie Allegretto Quieto (L’Arbre à paroles), Ton nom maintenant explore « notre frémissante…