Nicolas GRÉGOIRE

PRÉSENTATION
Nicolas Grégoire est né à Dinant le 16.09.1985. Il travaille actuellement au Rwanda.En 2007, il reçoit le Prix Georges Lockem, décerné par l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, pour son manuscrit Et rien. En 2014, il reçoit le prix Robert Goffin pour son texte face à/morts d’être.Lauréat de la Bourse de Poésie Spes 2016.
  • Et rien, manuscrit, 2007. Prix Georges Lockem 2007.
  • Boucle ça, sur www.publie.net, 2009.
  • Ses restes / en somme, tapuscrit, 2009 / Le Taillis Pré, 2011.
  • Face à / morts d'être. Prix Robert Goffin 2014.
  • D'être et de tête. Le Taillis Pré, 2014.
  • NOS EXPERTS EN PARLENT
    Le Carnet et les Instants

    À quoi sert d’écrire encore et encore, de noter ces tranches de mémoires, ces tendres tensions que le souvenir nous pousse à consigner dans un carnet ? À quoi rime la volonté du dire toujours quand on vit et travaille dans un pays ravagé par le génocide ? Telles sont en somme les questions difficiles et implacables que pose Nicolas Grégoire au fil de ses recueils et auxquelles, malgré sa connaissance du Rwanda, il se garde bien de répondre. Car le poète ne cherche pas à élucider l’inexprimable justement parce qu’il est indicible. Plutôt, il tente la douloureuse entreprise d’interroger les souvenirs en déliant les réseaux inextricables d’une mémoire déchirée, fragmentée. Une mémoire en lambeaux comme l’écrirait Charles Juliet et dont on sait d’avance qu’on…


    Le Carnet et les Instants

    « Écrire un poème après Auschwitz est barbare, et de ce fait affecte même la connaissance qui explique pourquoi il est devenu impossible d’écrire aujourd’hui des poèmes » (Theodor Adorno, Prismes). Bientôt célèbre, cette affirmation de 1955 donna lieu à de virulentes discussions où s’illustra notamment un Paul Celan. L’effroi suscité par la découverte de la barbarie nazie rendait en effet inacceptable la réactivation de l’activité culturelle et artistique antérieure, laquelle n’avait pu empêcher quoi que ce soit. Ainsi, écrit encore Adorno, « les artistes authentiques du présent sont ceux dont les œuvres font écho à l’horreur extrême » (Modèles critiques). Or, voici que le génocide rwandais de 1994 a…


    Le Carnet et les Instants

    « une de mes colères brusquesj’ai écrit d’abord père à la place du mot colère »D’une implacable dureté, le recueil Désastre ravalé / ravaler désastre de Nicolas Grégoire creuse le mouvement de « relire, redire, encore ». Pour tenter d’affronter un effondrement, pour tenter d’élucider un désastre sur lequel se cogne tant le réel que le travail de la parole.Le nœud coulant de cet effondrement, son noyau, n’est autre que la relation violente à un père alcoolique et l’insoutenable difficulté de « dire autre chose de soi-même » qui ne soit irrémédiablement apposé du sceau de ce désastre, de dire quelque chose qui ne soit pas sans cesse ramené à cet épicentre. Parmi les débris du soi et d’une relation qui s’est ainsi délitée dès le départ,…