Après l’ouvrage À la proue (avec Pierre Mertens, paru chez CFC Éditions), où elle évoque son métier de libraire, Muriel Claude nous livre un premier recueil poétique, Arrangement floral. L’ikebana compose à la fois la toile de fond d’un recueil qui en épouse l’esthétique (le jeu entre le vide et le plein, la concision de la forme) et un motif poétique qui autorise l’exhumation de sensations, d’événements de l’enfance. L’art floral japonais n’agit pas comme un filtre qui délivrerait une valeur métaphorique mais s’élève au rang d’un analogon d’une démarche de l’esprit, au rang d’une codification végétale afin d’explorer les traces de l’intime. Sobriété de l’économie textuelle, art des proportions et de l’infra-liminal, lumière de l’indirect……
Frangée de silence, l’écriture se dépose depuis un lieu qui brille comme une retraite. L’écriture devient l’officiante d’un seuil, un espace de clôture qui ouvre sur l’ailleurs. Ce que le récit accomplit consone avec le monde fermé, feutré des moniales d’une abbaye cistercienne dans les Ardennes, dans laquelle, saison après saison, la narratrice séjourne avant de regagner le monde. Pourquoi entrer en tant que visiteuse dans cette communauté religieuse qui, dense comme la forêt qui l’entoure, vit à l’écart du monde temporel, séculier? Pourquoi repartir, y revenir ? L’expérience que Muriel Claude délivre épouse une attention poétique à tout ce qui fait signe d’un passage entre le dedans et le dehors, entre le sacré et le quotidien. Au cœur du familier,…