Dans un monastère, le visiteur pénètre sans carte, sans boussole, sans clés. Seule la scansion impérieuse du temps par le son de la cloche indique à la fois les moments de prière et l’horloge.
Saison après saison, une femme séjourne par intermittences dans un monastère. Les jours et les heures s’y égrènent différemment.
Elle écoute, regarde, se tient sur le seuil entre deux mondes, la nature et la clôture.
Elle découvre que le familier et le sacré se côtoient, se ressemblent.
Il suffit de franchir la porte.
Frangée de silence, l’écriture se dépose depuis un lieu qui brille comme une retraite. L’écriture devient l’officiante d’un seuil, un espace de clôture qui ouvre sur l’ailleurs. Ce que le récit accomplit consone avec le monde fermé, feutré des moniales d’une abbaye cistercienne dans les Ardennes, dans laquelle, saison après saison, la narratrice séjourne avant de regagner le monde. Pourquoi entrer en tant que visiteuse dans cette communauté religieuse qui, dense comme la forêt qui l’entoure, vit à l’écart du monde temporel, séculier? Pourquoi repartir, y revenir ? L’expérience que Muriel Claude délivre épouse une attention poétique à tout ce qui fait signe d’un passage entre le dedans et le dehors, entre le sacré et le quotidien. Au cœur du…
Dominique ROLIN , L’infini chez soi , postface de Pierre Piret, Impressions nouvelles,…