J’ai coupé dans le jardin une branche de magnolia chargée de boutons. Frêle, enchevêtrée au cœur de la ramure de l’arbre, elle m’apparut, reposant sur le sol, imposante, noueuse, de ces végétaux dont on peut faire un arrangement puissant et fragile.
Je la regarde longuement avant de diviser l’ élément unique en trois parties : l’homme, la terre, le soleil ; les axes du bouquet qui détermineront son espace, sa profondeur. La section oblique de la coupe permet à cette construction, posée sur le vide, de ne pas s’effondrer comme un château de cartes.
Le bois s’impose. C’est un bouquet de passage.
Il contient l’hiver finissant et le printemps en marche.
Je ne rajoute aucun autre élément.
Après l’ouvrage À la proue (avec Pierre Mertens, paru chez CFC Éditions), où elle évoque son métier de libraire, Muriel Claude nous livre un premier recueil poétique, Arrangement floral. L’ikebana compose à la fois la toile de fond d’un recueil qui en épouse l’esthétique (le jeu entre le vide et le plein, la concision de la forme) et un motif poétique qui autorise l’exhumation de sensations, d’événements de l’enfance. L’art floral japonais n’agit pas comme un filtre qui délivrerait une valeur métaphorique mais s’élève au rang d’un analogon d’une démarche de l’esprit, au rang d’une codification végétale afin d’explorer les traces de l’intime. Sobriété de l’économie…
Recueil de poésie inspiré par les choses simples de la vie. Les petits bonheurs quotidiens…