Auteur de Wrek not work
Paru à l’occasion de l’exposition que la Bibliotheca Wittockiana consacra au projet Wrek mené par Olivier Deprez, coédité par cette dernière et les éditions FRMK, le catalogue Wrek Not Work (en français et en néerlandais) délivre un voyage dans l’œuvre gravée d’un artiste qui place la co-création (avec Adolpho Avril, Jan Baetens…) au centre de ses recherches. Son introduction de la gravure sur bois dans le monde de la bande dessinée a révolutionné le neuvième art. Interrogeant les questions de la narration graphique, du statut de l’image, de la représentation, Olivier Deprez a, depuis sa magistrale adaptation du Château de Kafka (éditions FRMK) exploré le potentiel narratif des images dans un geste qui excède et déconstruit la frontière…
Aller à l’école, voilà qui semble bien secondaire à l’heure de l’urgence climatique. Eddie et Noé préfèrent manifester pour sauver le monde. « La planète sèche, alors nous aussi ! » s’exclame Sarah, une copine de classe qui les suit dans leur grève. Mais comme ils ne peuvent pas changer toute la société d’un coup, peut-être devraient-ils commencer par ce qui leur est proche ? Par exemple… leur école, aka l’Athénée Dirk Frimout !Comme si les problèmes environnementaux ne suffisaient pas, ces ados sont confrontés à d’autres difficultés : ne pas se faire attraper par le directeur ( spoiler alert : c’est raté), télécharger Sex education pour éviter qu’il n’apparaisse dans l’historique de la plateforme de streaming, garder son petit frère parce que maman travaille tard, s’assumer tel qu’on est, avoir le cœur brisé, se disputer avec sa meilleure amie, trouver le moyen de se réconcilier… Les bédéistes Max de Radiguès et Hugo Piette ont été enthousiasmés par l’engagement de la génération Greta Thunberg dans une cause qui la dépasse. Des jeunes qui regardent la réalité en face, car ils n’ont pas le choix, qui demandent des réponses et proposent des solutions. Ce récit pourrait ainsi encourager ceux qui se sentent submergés par l’éco-anxiété à se lancer dans l’action, ou, à tout le moins, à s’interroger sur le sujet.Dans ce vivifiant album, il est plus question de relations humaines que d’enjeux climatiques. Après Frangins , Louise & Simon ou la série Stig & Tilde , ce livre est aussi l’occasion, pour de Radiguès, de dresser encore une fois avec une grande justesse des portraits d’adolescents. Il s’adresse à cette tranche d’âge avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité. En suivant une petite bande de gamins volontaires et débrouillards, mais en proie aux difficultés propres à cet âge, Eddie & Noé touche aussi à d’autres sujets importants : le questionnement sur l’orientation sexuelle, le racisme, les différences de classes sociales… Autant de thèmes qui sont présents en filigranes, comme dans la vraie vie.L’auteur et dessinateur Max de Radiguès a confié la réalisation des images de cette histoire à Hugo Piette, illustrateur issu de l’École supérieure des Arts de Saint-Luc, à Liège. Ensemble, ils réussissent un bel album, social, sociétal, touchant et drôle. Fanny Deschamps Plus d’information…
C’est un petit ovni de la bande dessinée que nous livrent Jonvon Nias et Etienne Beck. Rien d’étonnant puisque l’album…
Vienne, 1907. Le peintre Gustav Klimt rend visite aux époux Bloch-Bauer. Ferdinand demande alors à Gustav de réaliser le portrait de sa femme, Adèle ; requête entraînant un flashback. Six ans auparavant, alors que Klimt essuyait des critiques acerbes au sujet de son œuvre La Médecine , il a rencontré ce couple, admirateur de son génie et dont la femme l’a prié de lui ouvrir les portes de son atelier. Au même moment, l’artiste recevait en rêve l’inspiration pour son prochain tableau. C’est par ce prisme que l’on entre dans l’univers de l’artiste : son atelier, ses modèles, sa mère, sa compagne, Émilie, mais aussi ses rêves, ses angoisses, ses sources d’inspiration en somme. L’histoire narrée en bande dessinée par Cornette et Marc-Renier est une tranche de vie, prétexte à l’évocation du peintre, de son style, de son époque et de l’avant-gardisme dont il y faisait preuve. L’idée est en effet plus de mettre en avant ses particularités que de réaliser sa biographie. Le récit est assez simple et aurait peu d’intérêt sans l’aspect « inspiré de faits réels », mais n’en est pas moins cohérent et bien rythmé.Les dessins sont soigneusement détaillés. Le rendu est classique, avec un crayonné assez fort accentuant les sujets principaux. Les travaux de Klimt évoqués sont réinterprétés plutôt que cités et le résultat est réussi et efficace : le redesign des œuvres permet une intégration fluide dans les cases tout en invitant à les découvrir sous un angle neuf.Le récit principal est suivi d’un court cahier didactique sur Gustav Klimt. Il complète la bande dessinée en développant quelques sujets qu’elle évoque. On y voit notamment des reproductions des œuvres évoquées dans l’album. Ainsi, le lecteur a à portée de main de quoi satisfaire sa curiosité, titillée par l’histoire racontée en images et phylactères.La bande dessinée Klimt est une introduction sympathique à l’œuvre de l’artiste. Les connaisseurs n’apprendront probablement pas grand-chose, là où les néophytes apprécieront l’accessibilité du propos et les informations proposées en fin d’ouvrage. Les visuels soignés plairont aux amateurs de bande dessinée traditionnelle, alors que l’histoire…