Car, comme maints autres ensembles restés inédits, ces deux recueils enrichissent notre connaissance du poète majeur qu’est François Jacqmin. Le sujet écrivant arpente déjà ses obsessions philosophiques, existentielles et poétiques. Condamnée à user du langage pour en dire l’aporie, cette poésie répète à satiété une même question : comment être dans le temps ? Comment être le monde en dehors du temps et malgré lui ? La conscience d’être exige un effort, dont le renoncement au mouvement, au temps, pourrait seul nous alléger. L’instant d’extase du sujet dans le monde et dans le temps est ce qu’il faut vivre, puis dire et perpétuer : le passage de l’oiseau, un arbre à l’horizon, les bouleaux sous la pluie, l’herbe tendre et pâle, la première étoile…
Auteur de Un ciel unique, suivi de Le livre du moi
Les éditions du Taillis Pré poursuivent avec régularité et sous la direction de Gérald Purnelle, leur contribution à la publication des œuvres poétiques de François Jacqmin (1929-1992). Rééditions et inédits (L’œuvre du regard, 2012 ; Le Domino gris, 2017 ; Stèles, 2019) viennent compléter les parutions aux Archives et Musée de la Littérature d’un premier volume d’œuvres complètes (L’amour la terre, 1946-1956, 2022) et d’un deuxième consacré aux artistes (Écrits sur l’art et les artistes, 1954-1991, 2023). Si l’on y ajoute les rééditions en Espace Nord de Les saisons et Le livre de la neige (tous deux en 2016), on peut considérer que l’accès à la production écrite de l’ancien…
Aspects inconnus et méconnus de la contrefaçon en Belgique
À propos du livre La contrefaçon belge des livres à l'époque romantique est quasiment inconnue. Née au lendemain de la séparation de la Belgique d'avec la France et de son rattachement à la Hollande, poursuivie après l'indépendance belge conquise à la suite de la révolution de 1830, cette industrie colossale, parfaitement licite en raison des législations nationales et internationales d'alors, eut à son actif, sans que leurs auteurs ou leurs ayants droit pussent s'y opposer, la reproduction, la traduction, l'adaptation des ouvrages étrangers, principalement français, qu'ils fussent littéraires, religieux, scientifiques, artistiques, politiques, historiques, militaires, musicaux, ou qu'ils traitassent de cuisine, de jeux de société, de typographie, d'archéologie, etc. Ce sont toutes les facettes de la «contrefaçon» belge que recense ce livre, divisé en une introduction, vingt chapitres abondamment illustrés de catalogues et de textes publicitaires d'époque, et trois annexes. Compte tenu de l'importance capitale du sujet, cet ouvrage interpellera tant le monde de la librairie que celui des bibliophiles, des bibliographes, des philologues, des économistes, des juristes, des scientifiques, des sociologues, des chercheurs, enfin : de tous ceux qui, de près ou de loin, érudits ou néophytes, s'intéressent au romantisme et à la Belgique de 1814 à 1855, lorsque ses éditions, souvent très soignées et vendues à des prix défiant toute concurrence, étaient répandues dans le monde entier et y propageaient les langues étrangères, au premier rang desquelles figure le français. L'auteur étudie depuis 1973 cet inépuisable et passionnant sujet, auquel il a déjà consacré dans le Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises trois études. Son livre, le premier à traiter de façon globale de la contrefaçon belge, est la somme de ces années…