Le roman fauve (volume 2) : Les oriflammes du Nord
Ancien apprenti du peintre Pierre Palurme et ami de Georges de La Tour, n'ayant pas été reconnu par ses pairs, Thomas Lescaut a décidé d'abandonner la peinture pour devenir maître faïencier. Depuis qu'il a fui la Lorraine pour échapper aux massacres de la guerre de Trente Ans, il a fait prospérer sa petite manufacture de faïences installée à Tournai. Lorsque Thomas reçoit une commande importante pour un riche seigneur anglais, il croit assurer son avenir, celui de sa femme Manou et de leurs enfants, Pierre et Éloïse... mais c'est sans compter les multiples rebondissements que lui réserve cette saga riche en péripéties. Le maître faïencier pourra-t-il livrer à temps et à bon port le fruit de plusieurs mois de travail, alors que la mer du Nord est le lieu de combats sanglants pour la suprématie des mers entre le royaume d'Angleterre et la Hollande ? Son fils Pierre pourra-t-il prendre la voie abandonnée plus tôt par Thomas et assouvir son rêve de peindre à sa fantaisie de grands tableaux ? Quels tours réserve la froide et cruelle Éloïse aux paisibles habitants de La Mougerie ? Aux côtés de nouvelles figures picaresques brossées avec brio, le lecteur des Rouges portes de Lorraine retrouve plusieurs personnages s'exprimant dans le même langage truculent du premier tome : Selim, le fidèle serviteur turc de Georges de La Tour, Branlemoine le brigand repenti...…
La Littérature fantastique belge : Une affaire d’insurgés
Qui d’autre que Jean-Baptiste Baronian pouvait relever le défi d’explorer en moins de soixante pages un domaine entier de nos Lettres, celui du fantastique ? Si le tour d’horizon est exhaustif, il ne vise bien entendu qu’à la synthèse. L’on trouvera peu de détails biographiques ou d’études fouillées au sujet des nombreux auteurs cités dans cette plaquette. Par contre, quelle mise en appétit littéraire, dès qu’un érudit de cette envergure, au lieu de cultiver jalousement le plaisir de ses connaissances, ouvre ainsi les portes de sa bibliothèque intime ! Après une mise en condition qui consiste à exercer l’art de définir (Baronian nuançant les différences entre SF, merveilleux féérique, réalisme magique, etc.) puis la pose d’indispensables balises socio-historiques, le défilé peut commencer, avec des noms peu attendus a priori . Voici convoqués en trio de tête le promeneur de Bruges Rodenbach, le chantre de la Flandre éternelle Verhaeren et le Nobel Maeterlinck. Ces géants-là monopolisent les places d’un podium où l’on voyait plutôt d’emblée se jucher Jean Ray, Thomas Owen et Franz Hellens… C’est que – par bonheur – il n’existe pas de genre littéraire pur, et Baronian fait œuvre utile en rappelant qu’en Belgique les germes du fantastique pointaient déjà dans le terreau des serres chaudes du symbolisme.Le propos circule de manière discursive, au fil d’une mémoire et surtout d’une sensibilité. À cela tient sa justesse : nous n’entendons pas la voix docte d’un mandarin ânonnant ses vérités majeures, mais bien celle d’un amoureux des livres doublé d’un ami des écrivains. Ainsi, nul ne pourra lui faire grief de tendre en appâts, sans les approfondir, des références aussi rares que Le Capitaine Vaisseau fantôme de Van Offel ou L’Allumeur de rêves de Robert Guiette. Ni l’accuser de « name dropping » après avoir lu les pages vibrantes d’émotion qu’il consacre à Gérard Prévot, sa réhabilitation de Jean Ray – que, selon lui, seuls méprisent les cuistres – ou encore ses plongées dans des textes plus contemporains signés Michel Rozenberg ou Christopher Gérard.Conclusion ? « Le fantastique belge est par excellence un fantastique de réaction, de rébellion. Il s’insurge avec force contre le conformisme, il ouvre des brèches, cause des distorsions, laisse entrevoir des zones inconnues. » Dixit le Grand Marabout, depuis 1972.La littérature fantastique belge de langue française n’est pas un phénomène marginal. Elle s’affirme dès la naissance du fait littéraire belge et traverse toute l’histoire littéraire de la Belgique francophone, des années 1880 à nos jours. Elle s’affirme avec ses caractéristiques propres et des auteurs remarquables tels que Franz Hellens, Jean Ray, Michel de Ghelderode, Marcel Thiry, Thomas Owen, Gérard Prévot Jean Muno ou, ces dernières années, Alain Dartevelle ou Bernard Quiriny. Aussi peut-on parler d’une école belge de l’étrange, tout comme on parle du surréalisme…