Tièsses pèléyes


RÉSUMÉ

Tièsses pèléyes d’Émile Lempereur vient enfin s’accoster à Kègn 42 de Ben Genaux et à Fonse… « et compagnie » de George Fay pour composer un triptyque qui a pour sujet nos écoles de coron d’avant la seconde guerre mondiale.

Qui mieux que ces trois mésses di scole — appartenant à la grande génération d’auteurs qui ont fait notre littérature en wallon carolorégien — pouvaient nous promener dans les classes qui sentaient la craie, le parfum saumâtre du seau où trempait la loque à effacer le tableau et la poussière de charbon, ces classes où trônait un poêle ceinturé de bidons cabossés et aux murs desquelles pendaient des cartes défraîchies qui faisaient rêver les distraits ?

Tout n’était pas rose alors mais tout n’était pas gris non plus et les arnagas qui se serraient dans les gros bancs de boix n’en étaient que plus attachants pour ces instituteurs autant férus de progrès social que respectueux de la culture populaire.

Les proses de Ben Genaux et de Georges Fay parurent en 1942 tandis qu’Émile Lempereur avait gardé les siennes dans ses tiroirs et il fallut attendre cinquante ans pour que commencent à paraître, dans èl bourdon, les soixante récits qui composent Tièsses pèléyes.

Cette fois, l’Association littéraire wallonne de Charleroi en propose une édition en un volume, préfacée par Willy Bal et illustré de dessins originaux d’André-Pierre Masquelier, un plasticien qui se double d’un enseignant qui a su, lui aussi, rendre vie à cette école à qui nous devons tant.


À PROPOS DE L'AUTEUR
Emile Lempereur
Auteur de Tièsses pèléyes
Émile Lempereur est né à Châtelet en 1909 et a mené une longue et fructueuse carrière d'enseignant dans sa ville natale. Il fait partie de cette génération de maîtres d'école qui se sont aperçus que le wallon constituait une valeur patrimoniale qu'il convenait de protéger et de promouvoir ; il consacra d'ailleurs toute son énergie à la défense de cette langue régionale et de la culture dont elle est le vecteur privilégié. En 1935, il publie un recueil poétique, Spites d'âmes, qui fit de lui la figure de proue d'une brillante génération d'écrivains wallons carolorégiens. Il a également publié un grand nombre de travaux en matière d'histoire de la littérature wallonne, d'histoire locale, de lexicographie et d'onomastique. Il a adapté en carolorégien bon nombre de pièces liégeoises, il a participé à des cabarèts walons, il a collaboré à de très nombreuses publications d'ordre culturel et a tenu à bout de bras, de longues années durant, èl bourdon, le mensuel de l'Association littéraire wallonne de Charleroi dont il fut président d'honneur. Il fut membre titulaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes et membre du Conseil des Langues régionales endogènes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Homme d'une insatiable curiosité intellectuelle, d'un enthousiasme jamais émoussé et d'une très grande ouverture d'esprit, il a guidé les premiers pas de tous ceux qui, aujourd'hui, militent dans la région de Charleroi pour la culture wallonne dans ce qu'elle a de plus authentique.

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[Ils auront dérobé nos terres, / fermes et forêts, / peu à peu, sans fracas, / (…) comme des taupes / qu’on détecte toujours trop tard, / quand elles ont accompli leurs méfaits / et qu’elles ont tout creusé. // Une éternité / qu’on a quasi œuvré / sous tutelle, / (…) sur nos propres terres.] Ailleurs, il reprend les questionnements d’ordre métaphysique qui traversaient À ipe , cette autre œuvre importante, rééditée dans la collection micRomania en 2021. Èt si nosse bole âréve bukéconte one sitwale ? […] Èt nos-ôtes bèrôderèt r’nachî à non-syinceaprès l’ dêrène ruwale ? [Et si notre globe / avait cogné une étoile ? (…) // Nous aurions erré, / cherché inutilement / une ultime issue ?] Ces deux veines majeures de l’œuvre gilliardienne — le questionnement sur l’homme et son environnement, la défiance envers l’exploiteur, en communion avec tous les exploités — trouvent un point de rencontre dans les pages les plus fortes du recueil. 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