Thilde Barboni: Sciences en bandes dessinées

Quelles sont les sciences évoquées par Thilde Barboni * , et quelle est leur place dans les intrigues de ses récits en images? Ce sont les questions que nous nous sommes posées.

La bd, un genre littéraire?

Mais d’abord, la bande dessinée est-elle un genre littéraire à part entière? Dans un article paru en 2000, « Bande dessinée et littérature » XX , Gilles Perron, un critique parmi d’autres, affirme, péremptoire : « La bande dessinée n’est pas un genre littéraire. » Pour lui, c’est un truisme, « la BD est évidemment une œuvre dessinée ». Il reconnaît cependant que c’est une forme d’expression artistique qui « flirte » avec la littérature et, « selon l’importance accordée au texte qui en est un des constituants, s’en rapproche, au point parfois de voir son aspect littéraire devenir dominant. La BD, pour sa part, met volontiers à profit toutes les possibilités de la narration littéraire : narration, niveaux de récit, focalisation,…

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La musique comme matière plastique. Entretien avec Maarten Seghers

Penser le rapport de la création théâtrale contemporaine à la musique conduit à pointer des pièces scéniques récentes dans lesquelles la musique apparaît comme une matière brute qu’il faudrait travailler telle la glaise ou le métal. Une matière résistante qui n’en devient pas pour autant ornementale mais occupe une fonction plastique sur scène au même titre qu’une installation scénographique, installée dans un dialogue fécond avec la présence corporelle des acteurs et performeurs. Maarten Seghers est musicien, plasticien et performeur. Depuis 2001, il est lié à la Needcompany de Jan Lauwers et il participe à toutes les grandes productions de la compagnie. Il a commencé à développer ses projets personnels en 2014, dans lesquels la musique et sa mise en abyme rythmique et sonore sont au centre d’une vibrante expression scénique XX .  * Rencontre en quatre temps avec cet artiste énergumène échalas énervé échevelé (sa version scénique), d’une douceur, clarté, patience et bienveillance tellement apaisées quand on va à sa rencontre. [Traduit du néerlandais par Pascale de Nève.] BH : Maarten, quand je te découvre à l’époque dans La Chambre d’Isabella de Jan Lauwers, tu es bien sûr musicien au cœur du dispositif de ce spectacle, mais tu es déjà totalement impliqué dans la distribution. Musique et performance théâtrale sont indissociables pour toi dès le début de ta collaboration avec la Needcompany? MS : Ma première collaboration avec la Needcompany date de 2001, et consistait à créer une musique spécifique au sein de l’ensemble, tant dans le cadre de la représentation qu’en dehors. C’était lié à la présence de l’artiste Hans Petter Dahl ainsi qu’à mon arrivée dans la compagnie. Nous avons commencé par présenter Images of Affection, dont nous avions réalisé des bandes originales reposant sur de l’électronique et des bruits de guitare, sur lesquels nous chantions en direct des chansons des Kinks avec les performeurs. Une sorte de feel good music amère, comme on a pu entendre chez Fennesz, par exemple, dans son album Endless Summer ; un Bee Gees tiré de l’oubli, dont nous avons aussi utilisé un morceau pour la scène d’ouverture. Ensuite, j’ai également travaillé avec Grace Ellen Barkey sur la musique (live et enregistrée) de ses spectacles de danse, où je me trouvais également sur scène en tant que performeur. La musique, ou en tout cas sa mise en scène, m’a entraîné vers la performance. Il est vrai qu’aujourd’hui j’aborde sans doute la composition musicale sous l’angle d’un questionnement en tant que performeur. Pour La Chambre d’Isabella, Hans Petter Dahl et moi-même étions d’abord des compositeurs plutôt que des musiciens. Nous usons principalement d’instrumentaux enregistrés et de bandes électroniques sur lesquels nous chantons en live en tant que performeurs et/ou personnages du spectacle. La Chambre d’Isabella, c’était une prise de position pop de Jan Lauwers. Au lieu de reprendre des chansons, nous avons écrit nous-mêmes des morceaux de type feel good avec les paroles prévues par Jan Lauwers dès la création de son récit. Depuis, nous nous obstinons à travailler ensemble, ce qui se traduit par un indispensable questionnement personnel. C’est de là que naît le défi de formuler d’autres réponses à chaque projet et donc de penser en termes d’envie ou d’inclination. Je me souviens que pendant les premières années, et cela nous arrive encore aujourd’hui, nous parlions beaucoup de l’autonomisation des différents médias dans le théâtre. Mais je fais peut-être exactement l’inverse aujourd’hui. Écrire docilement du matériel qui ne doit pas se revendiquer, parce que cela lui ferait perdre son objectif ou sa raison d’être. Afin que le théâtre puisse rester une question de performance et d’êtres humains. BH: Tu donnes à la musique une existence très « iconoclaste », dans la mesure où tu joues avec tous les codes et toutes les limites du son, de la rythmique, du bruit, avec, on le sent pourtant, un très grand respect pour la composition, l’architecture d’un parcours musical. Est-ce la scène performative qui te pousse à cela, ou ta manière particulière d’aborder la musique qui te pousse à la scène sur un mode performatif, au-delà de l’interprétation? MS: Les deux. Il y a une différence entre la matière et le format de présentation. La musique reste de la musique, qu’on la case dans la catégorie «performance» ou dans la catégorie «musique». Mais la recherche et surtout l’attrait pour la teneur «matérielle» de la musique et du bruit vous portent forcément vers d’autres médias ou d’autres circuits que le cadre conventionnel. Par ailleurs, l’obsession et la croyance envers la puissance récitative de la musique vous ramènent parfois à une présentation ou une écoute conventionnelle. Parce qu’elle n’a besoin de rien d’autre. Ceci illustre cela. Et c’est ainsi que l’on part parfois d’un côté et parfois de l’autre. En ce qui concerne la musique performative: mettre de la musique en scène concerne la «parole». À un moment donné, j’ai pris conscience d’un clivage entre la musique visant à camoufler l’embarras des acteurs et celle qui l’autorisait. J’ai alors commencé à trouver intéressant de composer de la musique qui permettrait l’embarras des acteurs. Cette perspective m’aide parfois à faire des choix déterminés. C’est l’un des moyens dont la musique et l’art entrent dans le champ politique et sociétal. L’art peut parfois paraître inoffensif et innocent; on peut tout écrire ou tout peindre. Mais on ne le fait pas. On fait des choix. Il en découle une lecture, une direction; on trouve des adeptes ou des détracteurs. Des points de vue. Personnellement, je suis un adepte des gens qui jouent (de la musique). L’aspect embarrassant provient de l’immaturité de notre capacité de perception. Il faut pouvoir regarder au-delà. L’inoffensivité de la musique et de sa consommation ou la façon dont l’indistinct côtoie le charme du divertissement, voilà pourquoi je suis allé chercher du côté du théâtre. Avec la conviction qu’il s’agit d’une page blanche où l’on peut rechercher un autre contenu, peut-être plus parlant, mais où tout, y compris la musique, est utilisable en tant que matière, en tant que langage, tel qu’on y aspire ou que l’on s’en sert. BH: Dans tes productions personnelles, la matière musicale devient plastique. Elle prend corps, elle est un paramètre total de l’espace scénique et engage un rapport physique entre les performeurs, bien sûr, mais aussi avec le public. Comment génères-tu cette densité, cette matérialisation presque du son? MS: Je travaille exclusivement la musique comme un texte. Parce que la musique est une forme. Dans mes représentations, il y a une évolution allant de l’abstrait (la musicalité) au concret (l’humain). Telle est ma quête. Dire quelque chose de l’Homme en interprétant de la musique. Jouer une note jusqu’à ce qu’elle ne se raconte plus elle-même, mais révèle l’acteur. Je lutte sans cesse contre le contenu littéral. Je ne veux pas en entendre parler. Et en même temps, je ne veux pas céder à la grâce du formel. C’est, je pense, la raison pour laquelle je casse systématiquement la forme en mille morceaux, de sorte que, finalement, le contenu puisse s’exprimer à travers tous ces fragments, qui sont plus nuancés et moins pathétiques que le contenu qui s’exprimerait sans cette recherche formelle. Il y a tant de choses à dire. Et nous avons les mots pour le faire. Alors, quand on choisit malgré tout de ne pas tout dire avec ces mots, il en ressort une énorme densité de la matière que l’on travaille. Le choix ou le fait accompli de travailler exclusivement et obsessionnellement avec de la musique reflète aussi certainement ma vérité sociétale. Ma propre évolution, d’une part, et mon observation de la race humaine, d’autre part, ont…

Lire 1984

" Si vous regardez dans votre esprit, qui êtes-vous, Don Quichotte ou Sancho Pança? Selon…

Eloge de la perméabilité: regards francophones sur les Plats-Pays. (Adrienne Nizet)

Il est tout à fait possible , dans l’étonnant petit pays qu’est la Belgique, de passer 30 ans sans entrer en contact, ou presque, avec « la néerlandophonie ». C’est mon cas. Un parcours scolaire sur les hauteurs de Liège, avec pour langues d’études, dans l’ordre, l’anglais, l’allemand et l’espagnol, des études supérieures en journalisme à Bruxelles sur une même lancée, avec l’anglais et l’allemand pour bagages, et un début de carrière dans un environnement majoritairement francophone m’ont amenée à fêter mes 30 ans avec pour seules connaissances de la langue de mes plus proches voisins quelques comptines (Een twee drie vier, hoedje van, hoedje van, een twee drie vier, hoedje van papier), un mot d’excuse passe-partout (Sorry, ik spreek geen Nederlands, mag ik in het Frans praten) auquel l’interlocuteur, habitué, répondait en français dès le troisième mot et pas mal d’idées caricaturales (cf. Les Flamandes de Jacques Brel). Même si, comprenons-nous bien, il n’y a jamais eu, ni de ma part ni de celle de mes parents, de mes professeurs ou de mes employeurs, la volonté de ne pas (m’) apprendre le néerlandais. Simplement, le besoin ne s’en est jamais fait sentir. Pendant 30 ans. C’est, sans grande surprise quand on y pense, la littérature qui a mis fin à cette apparente imperméabilité. Mon arrivée en janvier 2015 à Passa Porta, maison internationale des littératures à Bruxelles, lieu par excellence d’échanges entre les langues et les cultures, requérait par définition une plongée immédiate dans cette «néerlandophonie» méconnue. Une période d’immersion intensive (facilitée quoi qu’en disent certains par mes acquis en langue allemande) m’a permis d’obtenir rapidement une compréhension passive de la langue de mes nouveaux collègues et de leur environnement et, petit à petit, grâce à leur bienveillance et à ma volonté d’incarner le projet sous toutes ses facettes, d’en percevoir les nuances et de me mettre à la pratiquer assidûment. «Fais des phrases courtes» D’autres que moi se sont attelés, avec plus d’expertise, à mettre en parallèle les structures différentes du français et du néerlandais, et à étudier l’impact que peut avoir l’usage d’une langue sur la structure du cerveau, de la pensée, du raisonnement. Je n’en ferai donc pas ici l’exposé, ce n’est d’ailleurs pas le sujet. Mais ce qui marque directement, lorsque, en tant que francophone, l’on s’immerge dans le néerlandais, c’est l’extrême rationalité de la construction des phrases, voire des mots. Enormément de mots sont composés de deux autres, simplement juxtaposés: de boekenkast pour la bibliothèque (mot qui en français désigne tant le meuble que le lieu), de lampenkap pour l’abat-jour (on gagne en efficacité, on perd en poésie), de zonsondergang pour le crépuscule, de overlast pour l’inconvénient, eigenzinnig pour têtu, etc. Pour faire court, la langue néerlandaise est bien plus directe que ne l’est le français. Un des meilleurs conseils qui m’a été donné pour me l’approprier est d’ailleurs celui-ci: «Fais des phrases courtes». Avec la langue vient toujours la culture, et c’est sans doute cela qui rend le travail de et à Passa Porta si intense, et crucial simultanément. La littérature est, par essence, liée à la langue. Pour appréhender celle de l’autre il faut ou pouvoir la comprendre dans ses moindres recoins, avec toutes ses subtilités et ses nuances, ou de brillants traducteurs capables de le faire pour nous. Mais il faut, avant tout, de la curiosité (nieuwsgierigheid, encore un joli mot). Et celle-ci a parfois besoin d’être suscitée. Voire exigée. La mettre en partage demande d’ôter son imperméable. Hommage aux traducteurs Je me rappelle avec précision ma première émotion littéraire en néerlandais. Elle a cela de particulier qu’elle est née d’une traduction (mais est-ce un hasard?). Celle du Canto General de l’immense Pablo Neruda par Bart Vonck, dont des extraits avaient été lus, lors de la soirée de lancement de l’ouvrage, par Annemie Tweepenninckx (une bekende Vlaming inconnue de moi jusque-là...). Il ne fallait pas connaître, alors, la langue néerlandaise dans ses moindres recoins (pas plus que l’espagnol d’ailleurs) pour percevoir l’immense émotion délivrée par les mots du Chilien. Mais entendre la poésie dans une autre sonorité lui offrait une nouvelle saveur. La littérature, donc, comme porte d’entrée dans la «néerlandophonie». Il me faut ici revenir, en partie, sur ce que j’ai écrit plus haut. Car si ma connaissance du néerlandais était réduite à son minimum pendant les trois premières décennies de ma vie, je n’étais pour autant - et heureusement - pas passée à côté de tous les auteurs néerlandophones contemporains. Qu’il soit ici rendu hommage aux traducteurs. Les livres de Dimitri Verhulst (l’inoubliable Merditude des choses, tellement plus drôle que le film, pourtant également réussi - traduction de Danielle Losman) XX et de Tom Lanoye (La Langue de ma mère - traduction d’Alain van Crugten) XX faisaient déjà partie de mes lectures. David Van Reybrouck aussi, bien sûr, était loin d’être un inconnu, puisqu’il est régulièrement traduit et joué (Congo, traduit par Isabelle Rosselin) XX , et Stefan Hertmans est souvent mis en avant depuis la sortie de Guerre et térébenthine chez Gallimard (traduction par la même Isabelle Rosselin) XX . Mais au-delà de ces figures de proue, il faut bien admettre que peu de noms passent la frontière linguistique. L’inverse est vrai aussi, et la rengaine est connue. Combien de Flamands, au-delà des cercles d’initiés, peuvent citer d’autres auteurs belges francophones vivants que, disons, Jean-Philippe Toussaint, Amélie Nothomb et Caroline Lamarche? Or des Patrick Declerck, Thomas Gunzig, Nathalie Skowronek, Geneviève Damas, Barbara Abel, Corinne Hoex, Kenan Gorgun, Laurent Demoulin, Emmanuelle Pirotte, Hubert Antoine, Jean-Luc Outers, etc. gagneraient sans aucun doute à être connus. Tout autant que Jeroen Olyslaegers XX , Lize Spit XX ou Maud Vanhauwaert XX dans le sens inverse, d’ailleurs. Leurs récentes traductions vers le français (éditées en France, pour deux d’entre eux) y aideront peut-être. Ce constat de non-connaissance de l’autre s’applique également aux médias, suivis en fonction de la langue par l’une ou l’autre partie de la population. Ainsi, ce sont rarement les mêmes titres qui font l’actualité des deux côtés de la frontière linguistique. Et ce même à Bruxelles... C’est cela, sans doute, qui m’a le plus surprise. De réaliser que cette forme d’imperméabilité qui avait été la mienne ne s’affaissait qu’en quelques points précis, et restreints, même chez ceux qui maîtrisaient les deux langues. Et que, dans une large mesure, alors que nous partagions un quotidien similaire, pour la plupart dans la même ville, les auteurs qui nous faisaient réagir simultanément, mes collègues néerlandophones et moi-même, étaient... américains. Le cas Paul Auster Mais revenons à la «néerlandophonie», puisque Paul Auster n’est pas le sujet de cet article. À moins que... Lorsqu’un livre sort en anglais, sa traduction est «quasi immédiate» en néerlandais. Y aurait-il plus d’intérêt pour ses ouvrages du côté néerlandophone qu’en Belgique et en France? Les traducteurs vers le français seraient-ils plus lents? Ni l’un ni l’autre, selon moi. Mais les éditeurs néerlandophones savent que, s’ils attendent trop, leurs potentiels lecteurs se rueront sur la version anglaise du texte, langue que ceux-ci maîtrisent en règle générale parfaitement. Donc, pour s’éviter de piteuses ventes, mais aussi pour offrir à leurs lecteurs toutes les nuances du texte (insistons à nouveau sur le rôle des traducteurs), ils mettent le turbo pour pouvoir sortir leur version dans les meilleurs délais. Prenons Paul Auster, précisément. Le très attendu…