De souche liégeoise, Alexis Curvers a choisi de rester liégeois malgré l'appel des sirènes de Paris où la plupart de ses livres ont été publiés. Auteur de romans et d'essais, poète d'un livre, il est surtout un styliste soucieux de la beauté et de la perfection de la langue, attaché à la tradition mais dont la vocation - qui peut paraître sévère en cette période de laxisme - n'exclut pas l'humour subtil d'un observateur attentif. Il fait figure de classique par sa rigueur, sa sobriété et son attention à l'homme.
Né à Liège le 24 février 1906, Alexis Curvers se retrouve très tôt orphelin. Sa famille va l'aider, ses jeunes frères vont le soutenir, mais il passe une enfance plutôt mélancolique malgré l'apparence rieuse de son caractère.
Est-ce cette mélancolie qui lui donnera très tôt le goût de la lecture et de l'écriture? Dès l'école primaire, il publie avec un ami une petite revue puis, au Collège Saint-Servais, découvre avec enthousiasme l'humanisme classique.
En 1924, étudiant en philologie classique à l'Université de Liège, il collabore aux
Cahiers mosans et noue une amitié profonde avec Jean Hubaux.
À la fin de ses études et de son service militaire, il assure quelques remplacements à l'Instruction publique puis accepte, pour un an, la charge de professeur de rhétorique française au Lycée grec Salvavo d'Alexandrie.
À son retour, il épouse
Marie Delcourt, brillante helléniste rencontrée quelque temps auparavant, et, rapidement, abandonne sa charge de professeur à l'État pour se consacrer à la littérature et ne garder que quelques heures de cours à la Province.
Le «cadre» de l'enseignement est trop étroit pour le jeune romancier qui ne craint pas d'exprimer nettement ses idées sans égard pour celles de son temps.
Bourg-le-Rond (avec Jean Hubaux) et
Printemps chez des ombres sont publiés par Gallimard peu avant la guerre. D'autres récits vont suivre régulièrement jusqu'au succès international de
Tempo di Roma (1957). En 1963, c'est une apologie
Pie XII, le pape outragé qui clôt les grandes publications.
Jusqu'à son décès, survenu le 7 février 1992, Alexis Curvers publie peu; bon nombre d'articles paraissent dans
Itinéraires et diverses revues. Dans ses tiroirs s'accumulent les pages d'une étude sur Van Eyck, d'une autre sur la fin de l'Empire romain, des poèmes, mais il se consacre surtout à la réédition de ses œuvres et de celles de Marie Delcourt, décédée en 1979.