Sans vouloir être déterministe, du fait de mon bilinguisme, mon rapport au néerlandais ou au français est assez distant. Je ne maîtrise pas ces deux langues comme un vrai néerlandophone ou francophone. Je ne sais pas non plus quelle est ma langue maternelle. (…) Et dans ma tête cela se bouscule de temps en temps. Lorsque j’écris en néerlandais, des phrases arrivent en français, qui sont traduites automatiquement en néerlandais et vice-versa. (…) A un certain moment, j’ai cru que ce bilinguisme, le fait de ne pas entièrement maîtriser une langue, était un handicap. Mais je me suis accommodé de cette situation. Je n’ai pas fait l’erreur de me prendre pour un vrai néerlandophone ou un vrai francophone. De plus, en Belgique, se prendre pour un Flamand ou un Wallon a tout de suite des connotations politiques. Je suis devenu, en quelque sorte, comme un touriste dans les deux langues.
Auteur de Survivre à la fin des Grandes Histoires
Ecrivain belge d'expression française, L. Scutenaire était très lié avec les groupes surréalistes…
Une revue catholique au tournant du siècle : Durendal 1894-1919
À propos du livre (texte de l'Introduction) Lorsqu'on parcourt une histoire de la littérature belge de langue française, le chapitre consacré à cette époque particulièrement florissante, qui va de 1880 à la première guerre mondiale, frappe par l'éclosion soudaine de revues littéraires qui suivirent l'exemple de la Jeune Belgique. Dans la liste de ces revues plus ou moins éphémères, l'attention est attirée par la longévité surprenante de l'une d'elles, Durendal, revue catholique d'art et de littérature . Ce mensuel catholique parut pendant vingt ans, de 1894 à 1914, alors que la Jeune Belgique ne sortit de presse que durant seize années et que la Wallonie disparut au bout de sept ans. Quelle recette a donc permis à Durendal de garder si long-temps ses lecteurs? Et une seconde question vient à l'esprit : à quoi pouvait bien s'intéresser une revue littéraire catholique à un moment où la littérature catholique semble inexistante? Qui a fondé Durendal ? Quels étaient ses objectifs? Autant de questions sur lesquelles bien peu de critiques ou d'historiens littéraires se sont penchés. En faut-il davantage pour désirer examiner avec un peu d'attention cette revue et la sortir de l'oubli, comme ce fut fait autrefois pour la Jeune Belgique et la Wallonie ? C'est ce que nous allons essayer de faire : rechercher les origines de la revue, découvrir son but, analyser la manière dont elle l'atteignit et les raisons qui la maintinrent en vie au-delà de la durée moyenne d'existence des revues littéraires belges. Ce travail ne se veut pas exhaustif: beaucoup d'aspects devront malheureusement rester ignorés, principalement certains problèmes plus particulièrement artistiques qui sortent de nos compétences par leur caractère trop technique. Nous ne proposerons pas non plus, dans chaque chapitre, un relevé détaillé de tous les articles parus dans Durendal et traitant du sujet mais seulement les extraits les plus significatifs. La présentation typographique de la revue, son illustration de plus en plus abondante et le sommaire de chaque numéro ne nous paraissent pas mériter de longs développements. Il suffit de savoir qu'en 1894 chaque numéro comptait vingt pages, tandis que ce nombre…