Superfaible! : Penser au XXIe siècle


RÉSUMÉ

Une enquête philosophique sur la fin de la raison telle qu’elle est entendue depuis les Lumières, celle-ci s’épanouissant désormais dans la destruction de la Terre et de la vie et s’épuisant dans la sophistique. Les dieux que les hommes sont devenus doivent selon l’auteur se rendre superfaibles pour vivre à nouveau.




PRIX
  •   Grand prix de Poésie de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2023
  •   Grand prix de l'essai de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, 2023


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Le goût du paradoxe et de la provocation chers à Laurent De Sutter a-t-il atteint dans ce livre le comble de l’insolence avec l’apologie de la faiblesse ? En rien : l’effort passionnant de ce penseur turbulent, sa généalogie subversive des idées qui dictent notre mentalité de savoir pour le pouvoir, porte en effet au-delà de toute clôture dominatrice de nos façons de penser et d’agir. Car il s’agit bien d’un effort (Super) d’attention flottante (-faible) et non moins vigilante pour penser loin des forces de maîtrise et d’assujettissement où notre modernité s’est enlisée en voulant nous « gouverner ».Dans la foulée de cet échec, aussi relatif soit-il, la réaction antimoderne ne se déchaîne-t-elle…


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Civiliser la modernité ? Whitehead et les ruminations du sens commun

Dans cet essai, Isabelle Stengers poursuit une œuvre qui construit la philosophie comme insoumission, comme problématisation. Comment prolonger, relancer l’héritage de Whitehead dans une époque plongée dans l’ère de l’Anthropocène (plus exactement Capitalocène), marquée par des ravages écologiques menaçant la survie des écosystèmes, de l’homme lui-même ? Stengers et Whitehead rejettent la scène platonicienne inaugurale qui sous-tend la philosophie : la séparation entre vérité et opinion reléguée dans l’ignorance, entre ceux qui savent et citoyens prisonniers de la doxa . À rebours de cette disqualification du sens commun, de la guerre que livrent à ce dernier une certaine science, une certaine philosophie, Whitehead en appelle à souder  l’imagination au sens commun. Le rejet du mépris du sens commun a un corrélat : l’abandon de la bifurcation de la nature entre réalité objective et réalité subjective, entre faits et valeurs. La bifurcation de la nature a en effet entraîné une bifurcation des savoirs qui, opposant objectivité des faits et jugements de valeur, s’avance comme une arme d’autorité permettant de faire taire les opinions des acteurs sociaux. Questionner les manières d’activer les savoirs des citoyens, leurs expériences face aux experts, c’est faire importer ce que les experts négligent, mais aussi veiller à ne pas reproduire de disqualifications, à ne pas ressembler à l’ennemi. À partir de Whitehead mais aussi Deleuze, Haraway, Latour, Souriau, Isabelle Stengers tisse une écologie des pratiques apte à forger de nouveaux récits sur ce qui nous est advenu à la modernité : comment avons-nous pensé être sortis de l’animisme alors que, comme le montre David Abram, notre animisme a migré vers l’écriture ? Comment en sommes-nous venus à conclure à une exceptionnalité humaine, au spécisme, à la domination de l’abstraction ? De l’amarante qui a résisté au Round Up de Monsanto à l’agencement formé par Donna Haraway et sa chienne Cayenne, de la question des dettes impayées (colonisation, destruction par l’Occident des civilisations autres) à la méfiance face aux «  fables modernistes où rivalisent la célébration de la grandeur de l’Homme et la dénonciation de Sa culpabilité  » (se déclarer coupables d’une part «  ne peut tenir lieu de principe  », d’autre part, cantonne les victimes dans la posture de l’innocence), Isabelle Stengers active l’héritage de Whitehead en déployant une pensée ouverte sur les possibles, au plus loin de la déploration ou de la résignation à l’impuissance. Dans sa préface à l’essai d’Anna Tsing, Le Champignon de la fin du monde. Sur les possibilités de vie dans les ruines du capitalisme , elle relaie cette nécessité d’apprendre à «  vivre dans les ruines  ». Lire aussi : un extrait de  Civiliser la modernité?  Le geste spéculatif qu’elle propose — qu’elle désigne comme la «  version SF, tentaculaire  » de la métaphysique de Whitehead — rappelle que «  même si nous étions capables d’échapper au pire, c’est sur une terre appauvrie, empoisonnée, épuisée, au climat profondément et très durablement perturbé que nos descendants auront à vivre  ». Essai vital et vitaliste, exhaussant nos puissances d’exister, Civiliser la modernité ?  nous lance des outils sans maître ni guide, nous incite à fabriquer des mondes. «  Civiliser  » une science prise dans l’abstraction va de pair avec la création de ressources de penser, d’agir, de résister, avec l’expérimentation d’autres manières d’exister, d’être affecté, de nouer des agencements où se connectent…