Su lès tiènes : Traduction wallonne de Colline de Jean Giono

RÉSUMÉ

On relira avec plaisir cette œuvre intemporelle où l’écrivain de Manosque décrit la vie de paysans d’avant la mécanisation. Une vie réglée sur le soleil, les saisons, les récoltes, une vie de communion avec la nature.
Une espère de paradis.
Mais un paradis fragile, car ces gens simples n’ont rien compris à la nature. Ils se croient maîtres de tout, comme si bêtes et plantes et toute la création n’existaient qu’à leur seul profit.
Or, un jour, sous la poussée de forces occultes, la nature se révolte : l’eau, la maladie, la discorde, le feu se succèdent. Comme si la colline se vengeait.
La panique s’installe dans ce hameau de nulle part, perdu sur les hauteurs dominant Manosque.
Les hommes auraient tout à apprendre de la vie animale, végétale et minérale qui les entoure et dont ils usent sans se poser de questions.
C’est le vieux Janet, l’aîné de la communauté, qui leur révèlera les secrets. Il déparle, mais il les initie à une vision nouvelle des choses, en des discours parfois incohérents.
Ils le soupçonnent d’être à la base de leurs maux, d’avoir le don de commander aux éléments.
De fait, avec sa mort, reviendront l’équilibre et la sérénité ; même la source qui s’était tue, murmurera à nouveau.

Sans conteste, un des grands romans du XXe siècle que nous sommes fier et heureux de vous présenter dans notre langue régionale.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Émile Gilliard

Auteur de Su lès tiènes : Traduction wallonne de Colline de Jean Giono

Émile Gilliard est une des voix majeures de la littérature wallonne contemporaine. Né en 1928 à Malonne (Namur), il a passé son enfance et sa jeunesse à Moustier-sur-Sambre, village dans le parler duquel il écrit ses œuvres. En parallèle d’une carrière de bibliothèque-gestionnaire, il a mené de nombreux travaux en faveur de la langue wallonne. Il est notamment l’auteur d’un dictionnaire de référence du parler du pays namurois, d’une traduction du roman Collines de Jean Giono, et de nombreux recueils de proses et de poésie. Il est membre titulaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes et a été trois fois lauréat des Prix de langues régionales de la Fédération Wallonie-Bruxelles : le Prix de Prose en 1996, le Prix de Poésie en 2005 et le Prix de Philologie en 2008.    

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[Ils auront dérobé nos terres, / fermes et forêts, / peu à peu, sans fracas, / (…) comme des taupes / qu’on détecte toujours trop tard, / quand elles ont accompli leurs méfaits / et qu’elles ont tout creusé. // Une éternité / qu’on a quasi œuvré / sous tutelle, / (…) sur nos propres terres.] Ailleurs, il reprend les questionnements d’ordre métaphysique qui traversaient À ipe , cette autre œuvre importante, rééditée dans la collection micRomania en 2021. Èt si nosse bole âréve bukéconte one sitwale ? […] Èt nos-ôtes bèrôderèt r’nachî à non-syinceaprès l’ dêrène ruwale ? [Et si notre globe / avait cogné une étoile ? (…) // Nous aurions erré, / cherché inutilement / une ultime issue ?] Ces deux veines majeures de l’œuvre gilliardienne — le questionnement sur l’homme et son environnement, la défiance envers l’exploiteur, en communion avec tous les exploités — trouvent un point de rencontre dans les pages les plus fortes du recueil. C’est alors la métaphore de la maison qui exprime la détresse du « je » (non, du « dji » ) face aux communs massacrés au bénéfice de quelques-uns. ’L ont rauyî djustotes lès pîres dissotéyesèt lès tchèssî au lon,à gros moncias.Èt c’èst cauzucome s’il ârén´ ieû v’luchwarchî è vike,chwarchî è m’ pia.Come si l’ maujoneâréve ieû stîon niër, on burton d’ mès-oûchas. [Ils ont arraché / toutes les pierres descellées / et les entasser au loin, / et c’est quasi comme / s’ils avaient voulu / m’écorcher vif, / charcuter ma peau, / comme si la maison eût été un nerf, / un moignon de mes os.] De manière plus explicite, Émile Gilliard fait le lien avec le désastre écologique dans le poème d’épilogue, écrit spécialement en vue de cette deuxième édition. Vêrè ként’fîye on djoûki l’eûwe ni gotinerè pus wêre foû dès sourdants.On s’ capougnerè po sayî d’ ramouyî sès lèpes.Vêrè ki l’ têre toûnerè à trîs et tot flani,ki nos maujones si staureront su nos djoûs,èt nosse lingadje ni pus rén volu dîre. [Peut-être viendra-t-il un jour / où l’eau filtrera à peine de la source. / On s’empoignera pour se rafraîchir les lèvres. / Une terre stérile fera flétrir les plantes. / Notre maison s’écrasera sur nos jours, / et notre langue n’aura plus de sens.] Au possible effondrement des équilibres naturels fait écho ici celui d’une langue. Bokèts po l’ dêrène chîje est aussi traversé des préoccupations d’un homme qui a donné tous ses loisirs à la langue wallonne et laisse parfois libre cours à son pessimisme : « po ç’ k’il è d’meûre : / on batch di cindes èt dès spiyûres, / sacants scrabîyes / k’on îrè cheûre èt staurer sul pî-sinte » [ « pour ce qu’il en reste : / un bac de cendres, des déchets, / des escarbilles / à secouer et à répandre sur le sentier » ]Et c’est en cela que cette réédition prend une valeur supplémentaire : en redonnant à lire des poèmes qui ne taisent pas son sentiment de lassitude et d’isolement, elle nous rappelle que leur auteur a toujours su le dépasser. Émile Gilliard, en effet, n’a jamais cessé d’écrire dans sa langue première et a consacré ses dernières années à d’importants travaux philologiques. Ce livre prend donc, en creux, la valeur d’une ode à sa résilience et à son formidable engagement. Julien Noël Les traductions offertes ici sont les adaptations littéraires de l’auteur. Plus d’information Ce tryptique a été publié artisanalement, en wallon, à compte d'auteur, en tirage restreint, en 2004. Le dernier volet Crèchinces a également fait l'objet d'un numéro des Cahiers wallons . La présente édition est assortie d'une adaptation en langue française. L'ordre des textes comporte des modifications et un poème d'épilogue résume l'esprit du recueil. L'actuelle situation du monde donne à ces poèmes un reflet d'authenticité. Y pointent heureusement des germes d'espérance et de lumière. 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