Sacha et Sacha

À PROPOS DE L'AUTEUR
Benoît Coppée

Auteur de Sacha et Sacha

J’écris pour murmurer ma blessure. J’écris pour chuchoter où j’ai eu mal, quand j’ai eu mal, combien j’ai eu mal. Même si souvent il n’y paraît rien. Parce que je me cache. Non, je ne me cache pas. Je me livre beaucoup. Mais je cache d’où je viens, ce que j’ai subi et ce que j’ai infligé. Par pudeur. Par peur. Alors je cache mon visage derrière des êtres de papier. Avec le plus sombre, j’écris pour faire une torche d’éclatante lumière. J’ai trop survécu grâce aux bivouacs de Georges Simenon, Jacques Brel, Julos Beaucarne, Henri Vernes, Boris Vian, Hergé et bien d’autres. J’ai senti qu’il y avait chez ceux-là quelque chose à copier. J’écris pour copier mes dieux. Pour d’un souffle chasser l’horrible. Oui, pour chasser l’indicible. J’écris pour que l’indicible aille se ficher dans les yeux de mes démons. Qu’il leur crève les yeux. Qu’ils ne puissent plus voir, mes démons. Qu’ils en perdent leurs mains, leurs doigts, leurs ongles noirs, leurs rires d’ammoniac et leurs haleines jaunes. J’écris pour écarter les barreaux d’une prison. J’écris pour me libérer de certaines grandes mains froides, quasi métalliques, qui enserraient mon corps, le contraignaient, le plaquaient, le réduisaient à l’état d’objet. Avant. J’écris pour témoigner. A mesure que mes mots se libèrent. J’écris pour qu’autour de mes livres, comme autour d’un feu, on se pose des questions. Non point des questions incroyablement difficiles, mais des questions simples : les hommes ont-ils peur des femmes ? Peut-on avoir envie de tuer son conjoint ? Est-ce normal que des parents fouillent les lettres d’amour de leur enfant ? Je suis la femme d’Orient. Elle accouche sans piper ni son ni mot ni souffle ni rien, juste une goutte de sueur sur la tempe, témoin silencieux de la très haute douleur. J’écris avec cette goutte-là. Lauréat d'une Bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Aide au projet, 2008  

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "Sacha et Sacha"
stdClass Object ( [audiences] => Array ( [0] => 9536 ) [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Julien d’Ombres (Le Royaume des Euménides, tome 1)

Julien, jeune tailleur de pierre, fuit son père trop sévère et part sur les routes avec son mainate Arthur. Il rencontre le magicien Sanctorius et sa fille la jolie Myrte, muette depuis un sortilège. Pour sauver cette dernière, Julien aura le courage d’affronter d’étranges nuages de brumes vivants, les Euménides, commandés par le sculpteur et sorcier Ikarus. Arrêtés sur une méprise par un seigneur, Julien et Sanctorius ne seront sauvés que parce que susceptibles de pouvoir aider ce seigneur. Il est en effet victime de métamorphoses en loup-garou suite à un pacte passé avec Ikarus. Parallèlement, Myrte a rencontré un ermite qui semble pouvoir passer d’un monde à un autre et ainsi cerner Ikarus. Mordu par un Euménide, Julien découvre bientôt qu’il se transforme en félin… Le narrateur de ce roman est le mainate. Dans un prologue, il se présente comme un menteur : de cette façon, le lecteur ne sait pas si l’histoire racontée est vraie ou fausse. Un ton original donc est donné, même si j’ai parfois eu du mal à situer rapidement le « je », qui n’apparaît finalement pas tant que cela puisque souvent spectateur. Julien d’Ombres est à part cela un roman fantastique assez classique, avec le thème du passage entre différents mondes récurrent dans ce genre de littérature. On notera une volonté de coller à un Moyen-Age français aussi juste que possible : société féodale, importance de la religion et répression de la sorcellerie, évocation de la construction des cathédrales de Beauvais et Notre-Dame… L’intrigue est prenante, Patrick Delperdange sait manier le suspense en ne faisant apparaître Ikarus qu’à la fin et en laissant un Julien à moitié transformé à la dernière page. Le Royaume des Euménides ne sera pas une série qui fera date, mais est un produit de bonne qualité qui cherche (un peu) à se différencier des autres aventures fantastique aujourd’hui légions. Sophie…