C’est alors qu’il avisa, perdu parmi les autres, le dos frais, immaculé d’un ouvrage qui jusqu’alors n’avait jamais retenu son attention. Il portait un lettrage noir en capitales et en grasses : Marie Gevers – Plaisir des Météores, un logo étrange, sorte de monogramme, et un numéro. Sans raison apparente, il émanait de ce livre un magnétisme fascinant, un charme insolite qui s’empara immédiatement de lui.
Une maison d’édition défunte, dans le cœur de Bruxelles, un livre exhumé, une curiosité difficile à assouvir. Un conte sur les livres, leur pouvoir d’envoûtement par-delà la mort, l’apesanteur onirique qu’ils créent tout autour d’eux, mais aussi les destins bien réels qu’ils peuvent inventer, quand la chance est au rendez-vous.
Auteur de Rue des éperonniers
Carmelo VIRONE , Nous irons là , M.E.O., 2025, 136 p., 16 € / ePub : 9,49 € , ISBN : 978-2-8070-0507-5Quelques…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…