Poètes français du Luxembourg belge de 1930 à nos jours

RÉSUMÉ

Anthologie des poètes français du Luxembourg belge de 1930 à nos jours (Livre) / Roger Brucher ; suivie de deux dossiers dialectaux par Albert Yande et Nicolas Bach.Septante poètes d’expression française, issus du ou résidant en Luxembourg Belge, sont réunis pour la première fois. S’étant manifestés, pour la plupart, depuis 1930, ils témoignent de la vitalité de la création poétique dans cette province au statut historique et culturel…

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Roger Brucher

Auteur de Poètes français du Luxembourg belge de 1930 à nos jours

Né à Arlon, le 2 septembre 1930.Etudes en philologie romane ( licence, agrégation), droit (candidat), histoire de l'art et archéologie (certifications) à l'Université de Liège. Bibliothécaire-bibliographe diplômé, chef de Section (des périodiques et de la presse), honoraire depuis 1991, auprès de la Bibliothèque royale de Belgique Albert 1er.Directeur et co-rédacteur de la Bibliographie des écrivains français de Belgique. 1881-1960 éditée par l'Académie royale de langue et de littérature française (1964-1975); président de la Commission belge de bibliographie et de bibliologie (Unesco) de 1984 à1992; professeur en sciences de la bibliothèque et de la documentation (Bruxelles) de 1958 à 1995 (littérature française et française de Belgique, linguistique générale, civilisation et mouvements des idées au 20e s.); directeur de 1986 à 1992 de la collection Bibliographia Belgica et du Bulletin trimestriel de la C.B. de B. et de B.; membre et ancien administrateur de l'Académie Luxembourgeoise (1968-) et responsable du lancement et de la publication de ses cahiers entre 1971 et 1982; membre de la Société des Bibliophiles belges séant à Mons (1980-), vice -président de la Société des Amis de Pierre et Marie Van Humbeeck à Louvain-Leuven (1995-2000); ancien membre de 1962 à 1970 du Fonds national des Lettres et du Comité des Midis de la Poésie (Bruxelles); à siégé entre 1964 et 1975 dans divers jurys littéraires et d'examen professionnel.A apporté sa collaboration d'articles à une quarantaine de revues professionnelles et littéraires depuis 1958.Traducteur du néerlandais.Co-bibliothécaire dirigeant de la Bibliothèque libre de la Futaie (Watermael-Boisfort).Consultant culturel.A collaboré à diverses anthologies.A reçu les distinctions de l'Ordre de Léopold (officier), de l'Ordre de la Couronne (commandeur), la Médaille civique de 1ère classe (titre professionnel), la Croix d'argent de Saint-Rombaud (titre professionnel).Ses centres d'intérêt personnel sont : bibliologie ancienne (histoire, typologie et formes), musicologie, archéologie, philosophie 19e et 20e s., les problèmatiques du sacré (doctrines, épistémologie), Rome 1500-1550, écrivains français 17e -20e s., les arts contemporains (abstrait, post-contemporain), les deux Luxembourg (le luxembourg ayant été sa langue maternelle), Arlon, sa ville natale, le voyage "court et curieux", la mer, les livres, les disques, la cuisine.

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Slam femme & autres textes

Laurent Demoulin (1966) a étudié à l’université de Liège, où il a reçu les enseignements de Jacques Dubois et de Jean-Marie Klinkenberg. Il y enseigne aujourd’hui. Son premier roman, Robinson , obtint le prix Victor-Rossel 2017. Son frère, le peintre Antoine Demoulin , dit Demant, illustre le présent recueil. Il avait déjà publié d’autres dessins en frontispice d’autres recueils : Filiation , Même mort , Palimpseste insistant et l’édition revue et largement augmentée d’ Ulysse Lumumba . Les deux frères avaient aussi publié une œuvre singulière à quatre mains, Homo saltans , où le texte et l’image s’entrelacent en un pas de deux très réussi. «  Rien de plus déprimant que d’imaginer le Texte comme un objet intellectuel (…). Le Texte est objet de plaisir  » écrivait Roland Barthes . Ce Bookleg de Laurent Demoulin recèle, dans son apparente diversité, de nombreux plaisirs stylistiques. Le choix des textes ne retient que des pièces destinées à être lues à haute voix. Slam femme est donc la juxtaposition d’une forme et d’un thème : la narration scandée librement, de manière rythmée, avec pour personnage central Greta Thunberg, jeune autiste Asperger et militante écologique. L’autisme, thème central de son remarquable roman Robinson , est donc une fois de plus présent chez l’auteur dans ces poèmes sous forme imprimée de textes destinés d’abord à l’oralité :(…) Ta pure volonté oui-autiste et sévèreQue tu deviens persona non grataChez les gris grisonnants qui méprisent le vert,Mais pour nous Great Greta, à jamais et basta !Tu es persona Greta (…)Que ce soit dans le domaine thématique ou stylistique, Slam femme & autres textes n’est pourtant ni disparate ni réducteur. Car la thématique de l’autisme pose une série de questions ayant trait à nos rapports au monde et aux autres.Utilisant la rime et les formes de manière à la fois classique et assez libre, avec des pastiches  empruntés à l’histoire de la poésie française, de la Renaissance à l’Oulipo et à la chanson contemporaine, Demoulin joue avec la langue et les images, la syntaxe et le vocabulaire, manie l’humour et le double sens, comme avant lui, celui qui, le premier, fit du slam à Liège : Jacques Bernimolin (1923-1995), auquel Demoulin consacra une belle approche critique . À propos de ce poète atypique, Izoard disait : «  Jeux de mots, calembours, cut-up, détournement de sens, faux lyrisme, humour décapant, sentimentalisme à rebrousse-poil, voilà quelques-uns des procédés utilisés par ce poète à la fois tendre et doux-amer  ». Malgré leurs différences, les manières d’écrire, chez Bernimolin et Demoulin, font indubitablement partie de la même parentèle. Mais derrière le ludisme des formes, on perçoit la gravité des interrogations : Bernimolin aborde des atmosphères oniriques et parfois angoissantes, Demoulin traite de problématiques sociétales qui bouleversent notre civilisation et n’ont rien d’apaisant : la violence, envers la Nature, les femmes, l’être humain comme l’interrogation de nos identités et modes de vie y sont présentes.Un autre type de violence est celui qui réside dans tout type d’incommunicabilité. Sur ce plan, l’autisme est exemplaire. À propos du roman Robinson , J.P. Lebrun écrit  : «  La pertinence clinique de ce véritable travail d’écriture auquel s’est tenu Laurent Demoulin tient précisément dans ce qu’il nous fait partager ce à quoi Robinson n’accède pas, à savoir ce qu’implique ce que l’auteur appelle « la quatrième dimension – celle du langage – dans laquelle il est si douloureux d’entrer – car on y rencontre le mot ‘mort’ et le mot ‘jamais’ – et dont il est impossible de sortir «  . Tout dans la description particulièrement fine de cette co-vivance entre père et fils, tout vient nous rappeler que n’a pas pu prendre place entre eux ce lien via le langage articulé qui définit notre espèce. » C’est pourtant dans cette coexistence entre le Livre et une autre écriture (l’écriture de l’Autre) , pour le dire comme Barthes, que survient la possibilité d’une compréhension des fragments réciproques de nos quotidiennetés et donc un désamorçage de la violence. Cette problématique est particulièrement sensible dans un poème comme « Minimum minimorum  » et la série intitulée « Poèmes que je n’écrirai qu’une seule fois ».Au-delà de l’éblouissante virtuosité verbale de Demoulin, son inventivité, ses traits ludiques, sa capacité de mise à distance et son oralité, on sera attentif à la dramaturgie de l’être humain, à ses silences, ses murs intérieurs, ses souffrances et à la violence innée qui l’habite, aux peurs qui déterminent ses rapports aux autres et au monde…                                                                     …