Pitit d’mon lès Ma-tantes [= Pitit de chez les Ma-tantes] : nouvelle en dialecte d’Awenne




À PROPOS DE L'AUTEUR
Joseph Calozet
Auteur de Pitit d’mon lès Ma-tantes [= Pitit de chez les Ma-tantes] : nouvelle en dialecte d’Awenne
Joseph Calozet naît le 19 décembre 1883 à Awenne, en Ardenne. Privé très jeune de son père, il voit sa mère reprendre la direction des ateliers de saboterie familiaux. Comme les autres enfants, il est associé aux multiples besognes et aux petits métiers que génère l'entreprise; il connaît de près les travaux des champs et des forêts qui constituent le quotidien de la vie villageoise. Nul doute que ce soit durant cette enfance passée au contact de la nature et de la paysannerie ardennaises, avec leurs rudesses et leurs beautés, que Joseph Calozet s'est constitué le fonds d'images et de souvenirs vivaces qui devait ultérieurement alimenter toute son œuvre. À l'instar de ses aînés, il est cependant envoyé en pension pour effectuer ses études secondaires et, de là, à l'Université catholique de Louvain. Il y obtient en 1906 le titre de docteur en philosophie et lettres (philologie classique) et entame une carrière d'enseignant, d'abord au Collège communal de Bouillon pendant deux ans, puis à l'Athénée royal de Namur, qu'il ne quittera qu'à l'âge de la retraite. Si l'étudiant de Louvain, attiré par la composition de vers français, n'admettait pas sans honte parfois que sa mère ne parlât que le wallon, le jeune maître d'études envoyé à Namur, lui, découvre bientôt l'importance des origines et les liens indéfectibles qui l'attachent à ses racines ardennaises. Plusieurs de ses élèves fondent en 1909 un cercle littéraire dialectal, le Rèlîs Namurwès qui se dote d'une revue : en 1911, Joseph Calozet lui confie son premier texte, qu'il signe du pseudonyme de Nôwinne, nom wallon de son village natal. Par la suite, il restera toujours fidèle à cette association qui a vu éclore sa vocation et qu'il présida de 1930 à sa mort. L'autre rencontre déterminante pour son destin littéraire est celle de Jean Haust, le maître de la dialectologie wallonne, qu'il a rencontré à Awenne durant ses enquêtes de terrain et qui le convainc de la dignité des cultures wallonnes. Son œuvre, qui sera régulièrement primée, notamment par la Société de littérature wallonne, s'ébauche fermement à partir de 1912, avec deux recueils de poésies : Su l'orîre di l'Ardène et Lès Pauvès Djins. D'emblée, on y découvre les deux thématiques essentielles qui caractériseront l'ensemble de ses écrits : d'une part la description, à la fois poétique et précise, de la nature ardennaise, l'attention à sa vie multiple et à ses grands cycles, d'autre part le regard solidaire et affectueux porté sur les gens du terroir, la commisération parfois indignée, toujours empathique, devant les misères et les difficultés qu'ils rencontrent. À côté de cette activité littéraire qui prend son essor, la vie de Calozet reste liée aux vicissitudes de l'histoire : durant la guerre 14-18, il participe activement à un réseau de renseignements qui couvre sa région natale; dès 1920, il est nommé professeur à l'Athénée royal de Namur pour en devenir préfet des études en 1933. Lorsqu'éclate la seconde guerre, il se maintient à ce poste jusqu'en 1943, date à laquelle il est démis de ses fonctions à l'instigation de la Gestapo, qui le soupçonne de résistance. L'année suivante, il est envoyé comme otage sur les trains convoyant les soldats allemands, pendant que l'aîné de ses huit enfants, arrêté et déporté, disparaît au camp de Mauthausen. C'est entre ces deux guerres éprouvantes pour lui que la production de Calozet aura été la plus féconde et qu'il aura écrit son œuvre majeure, la tétralogie ardennaise. Son cadre est entièrement circonscrit par l'espace réel et vécu d'Awenne et de ses environs, ce qui lui confère à plus d'un titre une valeur documentaire exceptionnelle. Si l'on a pu leur faire parfois grief du caractère convenu des structures psychologiques qui régissent leur intrigue (il y est chaque fois question d'un mariage contrarié ou d'une jeune fille partagée entre deux prétendants), il faut cependant remarquer avec Maurice Piron que chacun de ces quatre récits, entre nouvelle et roman, possède sa propre tonalité : Li Brak'ni (1920) est un roman poétique, Pitit d'mon lès Matantes (1927) est proche de la veine populiste et O payis dès sabotîs (1930) est redevable du roman de métier tandis que Li Crawieûse Agasse (1938), le plus pessimiste du cycle, s'apparente au roman de caractère. Reste que ces récits, de l'aveu même de leur auteur, furent écrits avant tout pour ceux là-mêmes qui en sont les protagonistes et dont Calozet s'est toujours senti proche; de ce fait, ils empruntent souvent la tournure et l'oralité du conte, fidèles en cela aux souvenirs d'enfance dont ils sont tout entiers nourris. C'est donc un auteur qui a atteint sa maturité, mais aussi un homme qui s'est dépensé sans compter pour la promotion du wallon (à travers une multitude d'associations telles que l'Association pour le progrès intellectuel et artistique de la Wallonie, la Société de littérature wallonne, etc.) que l'Académie royale élit le 10 novembre 1945 en son sein, au siège des lettres dialectales qu'avaient successivement occupé Henri Simon et Joseph Vrindts. Jean Haust, le maître et l'inspirateur, devait prononcer le discours de réception : par une ironie cruelle, il n'eut que le temps de l'écrire et décéda avant d'avoir pu le faire entendre. Joseph Calozet sait faire apprécier auprès de ses collègues académiciens ses qualités de modestie et de parfaite rectitude; notamment, son engagement zélé pour la reconnaissance des cultures dialectales n'entre jamais en conflit avec l'illustration de la langue française, mais ces deux vocations s'harmonisent chez lui avec évidence et naturel, comme les deux facettes indissociables d'une même culture wallonne et romane qu'il s'est attaché à défendre. Il déploie à l'Académie une activité assidue, mais discrète. C'est au sortir d'une réunion ministérielle où il représente l'institution qu'il est pris du malaise qui l'emportera le 3 mai 1968.

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