Loin de l’interprétation disneyenne du mythe de Pinocchio, le récit imaginé et mis en images par Philippe Foerster renoue avec le texte original de Carlo Collodi, paru en feuilleton en 1881-1882. Tant par la narration que par l’expression graphique, le Pinocchio de Philippe Foerster s’arrime au fantastique belge, mais trouve son inspiration dans le surréalisme noir, dont Collodi était un fervent, notamment dans son roman, Les mystères de Florence. Cela fait de l’album Pinocchio un phénomène unique dans le monde de la bande dessinée. Il y a Philippe Foester, il n’y a pas d’« école Foerster » et voilà tout son mérite, et l’intérêt de le redécouvrir avec ce Pinocchio fantastique, burlesque, rabelaisien pourrait-on dire. L’expression « chef d’oeuvre » titille la plume ou le clavier d’ordinateur, tant ce récit retravaillé, réinterprété et cependant fidèle à Collodi explose de découvertes à chaque page. Nulle mieux que cette oeuvre ne reflète le bouillonnement créatif des années 80, alors que la bande dessinée cherchait à retrouver ses racines et confirmait avec brillance son originalité sans cesse renouvelée.
Auteur et illustrateur de Pinocchio
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