J’aime les cimetières, leur silence, leurs pierres tombales, leurs lierres, leurs cyprès, leurs allées lentes, les silhouettes qui s’y faufilent sans rien dire, les fleurs fraîches ou fanées qui y jettent quelques taches de couleur ou les petits cailloux délicatement posés sur l’un ou l’autre marbre.
Je m’y promène en contemplant les stèles sculptées ou lisses, les portraits anciens ou récents, les mains qui s’unissent ou qui prient, les pierres qui pleurent, les tombes ressemblant à de petites demeures, avec grillage et porte cadenassée.
Je suis les chemins des chats qui s’y baladent en propriétaires.
Pourtant, je crois que la mort n’est pas sacrée.
Ou alors, dites-moi pourquoi l’on jette les vieilles sépultures au rebut, surtout quand elles ont cessé de servir au deuil de quelques vivants et que plus personne ne les fleurit. Au rebut, sauf peut-être pour les toutes vieilles, les historiques, qui parfois trouvent un havre au musée.
Certes, le décorum funéraire a toujours ses partisans : amateurs d’Art, défenseurs, restau-rateurs passionnés. Sans oublier les archéo-logues, les trafiquants et les pilleurs de tombes.
La foule de tous les jours, elle, se situe entre deux pôles : la visite quotidienne au cimetière et l’absence de chaque instant, la prière ou le silence.
À moins que l’Art…
Comme les humains, les tombeaux sont périssables et la mort frappe parfois deux fois : rien d’éternel sous le soleil. Mais le mot « renaissance » peut prendre tout son sens, sous les doigts et l’esprit d’une création nouvelle.
– Annie Préaux
Autrice de Pierres de mort : Poèmes au fil des œuvres de Christian Claus
Préface de Philippe Jones À propos du livre Mélot du Dy, né à Bruxelles en 1891, mort à Rixensart en 1956,…