Petit musée d’histoire littéraire. 1900-1950

RÉSUMÉ

Une histoire littéraire buissonnière. Ainsi pourrait-on qualifier le parcours original auquel nous convie cet ouvrage, qui propose une lecture insolente et insolite de cinquante années de littérature – de 1900 à 1950 – par le prisme des objets.

Objets de tous les jours comme le tabac, le vélo ou le mouchoir, objets d’écrivains comme la machine à écrire, la revue ou la carte de visite, objets de la modernité technique comme le microphone, la radio ou la télévision, etc. : tous ont quelque chose à nous dire de l’imaginaire littéraire et de la condition des écrivains de cette époque. Mais cette histoire littéraire tangible permet aussi de retracer cinquante ans de bouleversements techniques, artistiques et sociaux dont les écrivains ont été des témoins privilégiés.

Richement illustré par des documents d’époque, ce livre prolonge et réinvente l’héritage du Projet d’histoire littéraire d’Aragon, des Mythologies de Roland Barthes, mais aussi des Je me souviens de Georges Perec.

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Le Carnet et les Instants

Alexandre Vialatte se plaisait à utiliser le terme de « chosier » pour désigner ce rassemblement d’objets hétéroclites que leur aspect biscornu, leur utilité surannée, leur parfaite inactualité vouent à être expulsés de l’usage courant pour aussitôt entrer dans l’éternité de la poésie. Nadja Cohen et Anne Reverseau ont compris qu’il en allait des choses comme des mots, et qu’un musée n’était pas de trop pour rendre hommage à ces éléments de mobilier, attributs vestimentaires, moyens de locomotion et autres gadgets qui révolutionnèrent la « vie moderne » de jadis, plus particulièrement entre 1900 et 1950.Mais se contenter d’agrémenter quelques photos de notices…


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L’écriture et la foudre : Jacques Izoard et François Jacqmin, deux poètes entre les choses et les mots

La collection d’essais tirés des conférences prononcées lors de ces rencontres privilégiées que sont les Midis de la poésie comptait déjà, parmi les grands noms qui l’émaillent, Pasolini, Brecht, Bauchau, Duras, Aragon… Grâce à l’étude que livre Gérald Purnelle, professeur à l’Université de Liège, deux Liégeois viennent rejoindre cette cohorte d’éminences : Jacques Izoard et François Jacqmin. Comparer deux poètes, ou plutôt deux voix poétiques, est un exercice plus complexe qu’il n’y paraît. Il ne s’agit pas de superposer des citations ni de computer des corrélations lexicales ; encore faut-il sonder au cœur et aux reins leur œuvre respective, via les récurrences thématiques, les fantasmes, le ton, la vision dont elle est porteuse. Une naissance et une mort en région liégeoise augmentées d’une contemporanéité d’écriture ne suffisent en effet pas à fonder une connivence entre poètes, même si elles permettent d’entrevoir quelques traits de parenté.Gérald Purnelle a très bien mis en exergue les différences de tempérament des deux hommes, et ce sans entrer dans le détail de leur intimité vécue, mais en se plaçant d’emblée sur le terrain de leur ethos social comme littéraire.Quelles silhouettes, et quelles carrures que celles de ces frères séparés. 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De l’autre, François Jacqmin, homme d’un seul nom de famille, avouant volontiers que la découverte de la poésie marqua une « fracture » dans son existence, manifestée par un « manque d’adhésion généralisé », ce qui n’est pas sans évoquer un certain Henri Michaux ; compagnon de route – y avait-il une autre manière d’en être ? – du surréalisme d’après-guerre, s’auto-désignant comme « le membre le plus tranquille de la Belgique sauvage » ; homme du retrait, du confinement de sa parole, de la divulgation au compte-goutte, qui publie son premier recueil d’importance, Les Saisons , à l’orée de la cinquantaine en se tenant loin des coteries, des logiques de conquête du champ. Jacqmin, silentiaire d’un empire intérieur à dimension de jardin.Gérald Purnelle a parfaitement saisi à quel point « l’écriture poétique d’Izoard et de Jacqmin se fonde également sur une permanente perception du monde comme origine et, comme enjeu, sur l’inscription du sujet dans ce monde et dans le langage ». 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