Périclès


RÉSUMÉ

Le propos de l’auteur a été de montrer comment un tempérament d’homme d’État peut informer une politique. Si la politique de Périclès est impérialiste et même dictatoriale, sa personnalité d’ami des philosophes, sa réserve, son style le situent bien loin de l’image que nous avons aujourd’hui d’un dictateur. Il met des dons d’aristocrate au service de ce que nous appellerions une politique des masses. Ou plutôt, il rêve de faire d’Athènes entière une aristocratie. L’auteur a mis en œuvre, pour tenter cette restitution, moins les dires souvent partiaux ou
conventionnels des historiens anciens que les réalités concrètes et connues de la vie hellénique. Périclès apportait à la démocratie athénienne une idée nouvelle : la richesse conçue indépendamment de la propriété foncière et résultant du travail humain ; en conséquence, il rompt avec la thésaurisation à l’orientale et mobilise l’argent. Le résultat est le Parthénon, qui du reste n’entama point le mépris des Grecs pour le travail manuel et salarié. Pour que le système pût durer, il aurait fallu, ou bien vivre en paix avec Sparte, ou bien traiter les cités de la Ligue en alliés et non en peuples soumis. Périclès ne s’y résolut point. Ce philosophe pratiqua un dur impérialisme qui fit haïr Athènes et rendit éphémère leur grandeur politique à tous deux. Sa destinée de fils de grande famille lui imposa le métier seigneurial : le gouvernement et la guerre. Son amitié pour Phidias, pour Anaxagore, pour Protagoras, ‘on amour profond, exclusif, pour Aspasie, ont paru au peuple des faiblesses indignes d’un chef. Nous lui reprocherions tout autre chose : de s’être aveuglé volontairement sur la précarité de son œuvre politique. Fut durable, au contraire, tout ce qu’il fit en suivant son sentiment instinctif des valeurs humaines, par exemple ce Parthénon construit au delà du bien et du mal, avec l’argent que les Alliés, durement contraints, versaient malgré eux pour l’entretien de la flotte. Les philosophes, séduits par l’exceptionnelle beauté de son tempérament, ont tout accepté de Périclès avec admiration, même la folie qu’il commit en s’engageant dans la guerre du Péloponnèse. On a essayé de réagir ici contre ce que Beloch appelle la Pericles-Theologie et de montrer l’homme tel qu’il fut : timide, prudent, habile à se replier, incapable de


PRIX
  Prix quinquennal de l'essai, 1940-1945

À PROPOS DE L'AUTEUR
Marie Delcourt
Auteur de Périclès
Marie Delcourt est née à Ixelles en 1891. Elle a passé son enfance à Arlon. Cette époque ne lui laissait guère de souvenirs heureux : l'école des sœurs, les bancs de l'église, l'impossibilité d'entrer à l'école normale parce que la poliomyélite l'avait rendue infirme. Mais elle a l'âme et le corps robustes, elle marche vite, elle apprend à nager avec les bras, comme les anciens Grecs. Elle prépare l'examen du jury central qui lui ouvrira l'Université, car en ce temps les jeunes filles n'étaient pas admises aux humanités. Personnage combattant, elle impressionne... La guerre interrompt des études qu'elle terminera en 1919. Docteur en philosophie et lettres, elle suit à Paris les cours de la Sorbonne et de l'École Pratique des Hautes Études. De retour à Liège, elle enseigne à l'Institut Supérieur de Demoiselles de la Ville, qui deviendra Lycée Léonie de Waha. En 1925, son premier livre est couronné par l'Académie Royale de Belgique. L'intérêt qu'elle y témoigne pour la traduction marquera toute son oeuvre. En 1929 est créé pour elle à l'Université un cours d'histoire de l'humanisme, car ses premiers travaux sont consacrés au rôle des œuvres de l'Antiquité dans la culture française. Elle se lie d'amitié avec Mr et Mme Mayrisch, mécènes luxembourgeois, chez qui elle rencontre quelques personnalités du monde des lettres. Mais c'est à l'Université de Liège, où sa charge augmente, qu'elle fait la connaissance d'Alexis Curvers, alors étudiant. Dans cette vie menée avec autorité et tout entière consacrée à la recherche, un grand amour naît qui ne s'éteindra jamais. En 1932, elle épouse un futur grand romancier qui n'est encore qu'un jeune poète peu conventionnel. «Le mariage, disait-elle, en parodiant Giraudoux, est une lutte permanente pour conserver son sang-froid.» En 1938 avait commencé la série des grands livres consacrés à la mythologie grecque. On reste confondu devant la diversité de cette oeuvre immense où, entre les lignes de force de l'humanisme, du théâtre, de la mythologie et de la traduction, se faufilent mille travaux éclairés par l'intelligence. En 1940, elle est nommée professeur ordinaire et quitte le Lycée. La formation didactique de ses étudiantes l'y ramène chaque année chez ses anciennes élèves, devenues professeurs. Émérite en 1961, elle travaille intensément à la traduction des lettres d'Érasme. Puis vient le temps des renoncements. Elle regarde une dernière fois l'arbre qu'elle a planté à Colpach au château Mayrisch. «Je ne reviendrai plus ici». La voix est sereine. Elle abandonne l'étude du sanskrit pour sauver sa vue. Elle ne sort plus, mais ses lettres poursuivent le dialogue amical. Sa dernière lecture sera Montaigne, qu'elle peut prendre et laisser. Elle ne quittera plus sa chambre. Son mari, aidé de quelques amies, la soignera jusqu'au bout. Elle meurt le 11 février 1979. Son dernier souci : la fatigue d'Alexis.

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