Comme on sait, jamais femme n’a été homme et jamais homme, femme. Cette Aline Berger, assise à une terrasse de café gare du Nord, comme elle aimerait se loger, esprit et corps, dans la personne, esprit et corps, de ce garçon blond qui, en face d’elle, vient de commander une bière ! En attendant, elle lit Orlando de Virginia Woolf. Ah ! s’incarner en l’autre ! Ah, Je est un autre ! Ah, changer de monde en faisant trois pas, jusqu’à la table du voisin ! Elle le fait, elle réussit. Jadis, la mère d’Aline avait voulu tuer, dans sa fille, un possible garçon. Tout se passe comme si ce garçon, caché en Aline, venait de s’évader et se préparait à s’accorder tout ce qu’une femme raisonnable et heureuse en ménage se refuse… Voici donc Aline Berger qui s’est coupée, une partie d’elle devenue homme, l’autre partie restée femme. Elle se dédouble, se donne, se reprend, se regarde lire {Orlando}. Femme devenue homme en restant femme, elle avoue : « Il est certain que j’ai toujours plus aimé les hommes que je n’osais me l’avouer et je frissonne d’avoir celui-ci à ma disposition… » Qui parle ? La part masculine ou la part féminine d’Aline Berger ?
Autrice de Orlanda
Il y a plus de vingt-cinq ans, les vents d'Armor m'inspirèrent ces poèmes dédiés à la femme…