En 1964, avec son premier livre, Quintes, Marcel Moreau avait fait sensation. La difficulté d’être, le dégoût de soi et des autres, les pires contradictions, les hantises les plus exacerbées : tous nos abîmes y passaient. Près de vingt livres ont par la suite exploité ce domaine de l’enfer intérieur. Marcel Moreau devenait une des victimes les plus éloquentes de notre littérature, sur tous les tons, ou comminatoires ou lyriques.
Monstre en est un exemple nouveau. Mais quelque chose d’imprévu s’est passé. Marcel Moreau a découvert le Mexique et ses splendeurs vénéneuses. Il peut donc trouver à ses malheurs existentiels des correspondances fécondes. Il se penche aussi sur l’état de ce monde, la société, les empires, la France, la condition humaine vue d’ailleurs que la plèvre. C’est une façon de contre-attaquer : il ne se sent plus écrasé et son tour est venu de s’élever au-dessus des opprobres.
On assiste admiratif à ce sursaut, comme on devine une superbe orfèvrerie de la malédiction. Le verbe vibre et brille, de sorte que les poisons se transforment, page après page, en pure musique.
Rien n'est sacré, tout peut se dire : réflexions sur la liberté d'expression
Analyse de la liberté d'expression, la liberté la plus fondamentale de l'homme. Réflexion pour défendre une liberté qui ne doit faire l'objet d'aucune limitation,…
Ce que cherche inlassablement Jean Lejour dans ses aquarelles, c'est sa vérité à lui…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…