Mon Homme de Coupe

À PROPOS DE L'AUTEUR
Constant Malva

Auteur de Mon Homme de Coupe

Alphonse Bourlard est né dans le Borinage, à Quaregnon, le 9 octobre 1903, dans une famille où l'on est mineur de père en fils. Il sera l'aîné des survivants de dix enfants, dont quatre mourront en bas âge. Sa scolarité primaire à peine entamée, les Bourlard s'installent à Quiévrechain (1911-1912). Son père se convertit au protestantisme. L'année suivante, Alphonse loge souvent chez ses grands-parents, auxquels il voue un véritable culte. 1914 : Fuyant la guerre, ses parents se rendent à pied à Laon, et de là en Bretagne, où ils rejoignent l'oncle Fernand et son épouse. En 1915, son père se fait embaucher comme mineur à Barlin, dans le Pas-de-Calais. Alphonse retrouve l'école en 1916. Un instituteur l'initie au goût de la lecture, mais, à sa grande déception, il échoue au certificat d'études. Cette année-là, son oncle Fernand meurt, à 32 ans, épuisé par les travaux de la mine. Alphonse devient débardeur, hante les bouquinistes de Rouen, puis occupe un emploi de manoeuvre après émigration de la famille à Moulins. Il a la douleur de perdre son grand-père en 1917. Le retour en Belgique s'effectue en 1919. A quinze ans et demi, Alphonse fait ses débuts à la mine, en qualité de manoeuvre, mais change de poste à plusieurs reprises. Attiré par le communisme, il s'inscrit au Parti en 1923. Il se marie en 1925; une fille, Georgette, naît la même année. Après l'exclusion des «trotskystes», dont Plisnier, au Congrès d'Anvers de 1928, il quitte le parti communiste, et adhère au Parti Socialiste Révolutionnaire, sans vraiment y militer. Devenu ouvrier qualifié en 1929, il traverse une période de dépression. Il s'en ouvre à sa mère qui lui raconte l'histoire de sa vie. Il décide d'en faire un livre (il a déjà à son actif de brefs récits de fiction, non publiés). Une deuxième fille naît dans son foyer. En 1930, il collabore à la revue Le Rouge et Le Noir. Romain Rolland, auquel il a envoyé son manuscrit, lui conseille de l'adresser à Jean Tousseul, qui l'oriente vers Barbusse. Celui-ci transmet le texte à Henry Poulaille, qui s'intéresse aux écrivains issus du peuple. Histoire de ma mère et de mon oncle Fernand paraît chez Valois, à Paris, en 1932. Bourlard s'est donné un pseudonyme : Malva (c'est le nom de son arrière grand-mère maternelle). Grâce à Poulaille, il entre en contact avec Francis André, Albert Ayguesparse et Pierre Hubermont. Il s'associe aux signataires du Manifeste de l'Ecole prolétarienne. Les années 30 sont marquées par une forte récession économique, des grèves, du chômage. Malva est conscient de la crise sociale. En 1934, il rencontre René Bonnet. Il est associé par Ayguesparse à la fondation du Front Littéraire de Gauche. Sa mère meurt à la fin de cette année-là. Le groupe surréaliste Rupture lui ouvre ses portes et il collabore à l'unique numéro de la revue Le Mauvais Temps. Jusqu'en 1940, il poursuit son labeur de la mine, en prenant de plus en plus conscience de la nécessité d'arrêter ce travail qu'il juge harassant et mal payé. Il écrit plusieurs récits, en publie, commence à tenir un journal (le futur Ma nuit au jour le jour). Les groupes auxquels il a adhéré se disloquent.A 37 ans, il quitte la mine. Le 10 mai 1940, c'est la guerre, et la misère. Faisant acte de foi de pacifiste, il occupe plusieurs emplois pour survivre : concierge, garde aux Chemins de Fer, veilleur de nuit... Il arrive à éviter la déportation en Allemagne. Il continue à écrire, entre autres des contes et des récits dans des revues que contrôlent des intellectuels proches de l'occupant allemand. A la Libération, il est inquiété comme collaborateur.Dès 1945, il installe sa famille à Bruxelles, où il exerce divers emplois, celui d'homme à tout faire chez un bouquiniste, par exemple. En 1947, il croit enfin tenir la «reconnaissance» littéraire : Sartre publie dans Les Temps Modernes des extraits de Ma nuit au jour le jour. Feu de paille. S'il publie, c'est souvent à compte d'auteur, ce qui n'arrange pas sa situation financière. Il s'essaie sans succès en 1953 au Prix Renaudot (son «Journal» de la mine est enfin paru à Bruxelles, chez Maspéro, cette année-là). Il attend depuis quinze ans, et s'est peu à peu aigri. Une revue d'expression prolétarienne, Le Musée du Soir, accepte sa collaboration régulière à partir de 1954, année où paraît son unique et maladroit recueil de poèmes. Malgré des publications sporadiques, il entre peu à peu dans le silence. Sa santé se détériore. Dès 1960, son nom s'efface de la vie littéraire. Atteint par la silicose qui a fait son oeuvre, il meurt le 15 mai 1969, dans son appartement de la rue Bonneels, à Saint- Josse-ten-Noode.

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