Quand
Le soleil aura usé son silex contre
Le bois d’ébène de la nuit
Nous ne serons plus là mon amour !
Mais nous aurons chanté
Dansé bu ri et loué de n’être plus là
Auteur de Mémento du chant des Archers de Shu
En écrivant quelque part que « tout ce qui entre dans le livret est chant », le poète-philosophe belge Max Loreau (1928-1990) définit le rôle qu’il assigne au poème. Un chant poétique donc qui impliquerait le désir d’appliquer au langage poétique une sorte de danse, de relief corporel par le truchement d’une mise en scène opératique. Une réflexion sur la mise en mouvement du rythme musical du poème qu’il convient de garder à l’esprit quand il s’agit d’aborder le continent que forme l’œuvre de Werner Lambersy.On connaît l’impressionnante bibliographie de ce dernier et les multiples sources auxquelles elle puise dans les « chants » des littératures mondiales. Son nouvel opus, Mémento…
Instituteur, peintre, critique d’art, parolier de chansons, dessinateur de presse, affichiste,…
"Une voix, une voix monte soudain comme la mer. Une voix gonfle les poumons d'Ulysse…
Une Afrique en fragments 1946-2016
J’entame ici la traversée : des souvenirs vers un avenir de calme et de liberté Germaniste de formation, traductrice entre autres du letton, passionnée par les langues endogènes, en particulier le picard, Rose-Marie François poursuit une œuvre poétique qui se densifie au fil des recueils traduits eux-mêmes en plusieurs langues. Depuis Course lente avant l’aurore publié en 2015 aux éditions Maelström, l’auteur puise dans ses voyages pour embarquer le lecteur vers des contrées personnelles à la fois linguistiques et géographiques. C’est ici, dans ce dernier opus, l’Afrique subsaharienne que chante la poétesse. Une mosaïque de souvenirs africains glanés pendant un demi-siècle de rencontres et de compagnonnage sur le continent. Septante-quatre sizains ciselés qui résonnent du Togo au Sénégal et où l’auteur se promène en quête peut-être d’une autre peau. La lumière est exquise, excessive, incisive me mord les cils, les aisselles et les sangs. Va-t-elle m’énucléer ? Le mot existe encore ? Je cherche à distinguer mon habit de ma peau : un épiderme de coton, blanche lenteur d’une insistante, une insolente, lacération. Jouant sur les assonances, les allitérations, sur le jeu des rimes internes, la langue se déplie au contact des éclairs qui surgissent de la mémoire, vaste vasque de palabres rythmés par les tambours du cœur. Sanguine et dansante, la poésie semble souffler sur le sable des textes qui ont laissé des traces dans l’imaginaire de Rose-Marie François. Les pas et les visages de certains auteurs évoqués qui ont pour noms Glissant, Jabès ou Senghor. Mais si la mémoire garde ici l’empreinte ensoleillée de certaines semelles de vent et de plaisir, l’auteur n’oublie pas pour autant, loin de là, la violence brûlante de l’Afrique. Une Afrique aphone de cris qui ne sont plus seulement des chants mais bien les marques de douleurs indélébiles. Tout au long du texte, le vocabulaire parfois âpre sectionne les saisons et fait écho à la fragmentation des corps excisés, mutilés. Ces haches qui confondent le tronc des arbres durs avec le tronc des hommes. Ces lames qui confondent l’immensité de l’Océan avec l’intimité des femmes. Les mots de Rose-Marie François, rehaussés par les lumières fortes des peintures d’Isabelle Vaessen, captivent et envoûtent en réussissant le pari d’entremêler habilement les ombres et les lumières d’une Afrique contrastée. Une Afrique charnelle où…