Auteur de Marguerite Yourcenar (1903-1987)
Née le 26 février 1948, à Bruxelles, Michèle Goslar obtient le titre d’agrégée de l’enseignement secondaire inférieur en 1968. Séduite par la littérature et la linguistique françaises, malgré une formation de base de secrétariat quadrilingue, elle poursuit des études universitaires à l’ULB dans cette voie et obtient le titre de licenciée en philosophie et lettres (philologie romane) et agrégée de l’enseignement secondaire supérieur en 1973.
Son Mémoire de fin d’études portait sur la rhétorique et concernait l’analyse linguistique et stylistique de deux tropes : la métonymie et la synecdoque. Le directeur en était l’éminent professeur de linguistique et stylistique Albert Henry.
Dès 1973, elle s’engage dans une carrière de professeur qui dure 16 ans et lui permet d’enseigner à tous les niveaux : du primaire à l’universitaire, en passant par le spécial, le secondaire (tous types) et l’enseignement normal. Elle fut nommée définitivement à l’Athénée Royal de Molenbeek-St-Jean en 1984.
Quatre ans plus tard, et quelques mois après l’annonce du décès en Amérique de Marguerite Yourcenar, elle décide d’interrompre sa carrière pour se consacrer à des recherches biographiques sur l’auteur de Feux. Celles-ci lui permettent d’accumuler des documents qu’elle décide de mettre à la disposition du public en créant, à Bruxelles, le Centre International de Documentation Marguerite Yourcenar. Il est créé officiellement le 16 septembre 1989 et présidé par Georges Sion, Secrétaire Perpétuel honoraire de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises. Jacques De Decker lui succède et est l’actuel président du Cidmy.
En octobre 1990, le Centre obtient des locaux aux Archives de Bruxelles et y installe bibliothèque, vidéothèque et bureaux.
Depuis la création du C.I.D.M.Y. (dorénavant Cidmy), Michèle Goslar en assure bénévolement la permanence et en organise les activités : colloques, expositions, spectacles, conférences, visites guidées, voyages, animations scolaires...etc.
Elle a publié sur l’auteur de "Mémoires d’Hadrien", outre ses participations aux colloques internationaux, quelques livres, en plus des bulletins annuels du Cidmy, dont les principaux sont :
"Yourcenar. Biographie. « Qu’il eût été fade d’être heureux »", Bruxelles, Racine, 1998, 407p. (Epuisé), nouvelle édition revue, corrigée et augmentée à l’Age d’Homme, (février 2014) Traduit en italien et espagnol et en serbo-croate. Le livre a obtenu le prix littéraire du Cercle Gaulois en 2000.
"Marguerite Yourcenar, état civil", Bruxelles, Cidmy, 2000, 159 p.
"Le Visage secret de Marguerite Yourcenar", La Renaissance du Livre, 2001 (publication d’une conférence tenue aux Midis de la Poésie) (épuisé)
"Marguerite Yourcenar, Regards sur la Belgique", Ed. Racine, 2003 (illustré) (à l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur) (épuisé)
"Antinoüs, de la pierre à l’écriture de Mémoires d’Hadrien", Cidmy, 2007 (illustré) (épuisé, en cours de réédition)
"Marguerite Yourcenar en questions", Bruxelles, Cidmy, 2008, 130 p. (Réponses à des questionnaires)
"Marguerite Yourcenar. Le bris des routines", La Quinzaine littéraire/Vuitton, 2009, 322 p.
"Marguerite Yourcenar et les von Vietinghoff", Cidmy, 2012 (illustré)
"« C’est avoir tort que d’avoir raison trop tôt ». Yourcenar. Aphorismes", Bruxelles, Cidmy, 2013, 109 p.
"Marguerite Yourcenar, Du Hainaut au Labyrinthe du Monde", exposition Mons 2015.
Michèle Goslar est l’auteur de l’entrée Yourcenar de la Nouvelle Biographie nationale.
En préparation :
"Réception critique de L’Œuvre au Noir", 1968-1969. (avec celle du Prix Fémina et un compte-rendu de l’adaptation cinématographique d’André Delvaux. 2017
"L’Album de Marguerite Yourcenar". 2017
Outre ces publications, Michèle Goslar a donné de nombreuses conférences sur la première académicienne, dont les plus récentes :
Les coulisses d’une élection (Saint-Jans-Cappel, 12.3.2010)
Marguerite Yourcenar et l’écologie : le combat de toute une vie (Bailleul, 17.11.2012)
Marguerite Yourcenar : écriture et philosophie (Tourette, France, 20.9. 2013)
Marguerite Yourcenar : une vie et une œuvre en dehors des sentiers battus (Fayence, 21.9. 2013)
Marguerite Yourcenar et le Japon (Bruxelles, 19.3.2014)
Marguerite Yourcenar (Cercle littéraire de Gand, 5.5.2015)
Elle organise également des visites guidées « Sur les pas de Yourcenar » à Bruxelles/Bruges (thème de L’Œuvre au Noir), au Mont-Noir (France, sur les traces de son enfance), en Hainaut et dans le namurois (la tournée des châteaux de la famille maternelle).
Prochain événement : 30e anniversaire de la disparition de Marguerite Yourcenar. Décembre 2017. Album Yourcenar, exposition à l’Atrium, journée d’étude à l’Académie, nouveau documentaire (Flagey), adaptations théâtrales (Poème 2) et soirée commémorative le 18 décembre à l’hôtel Halley de Victor Horta.
C’est à partir de 1998 que Michèle Goslar entame les recherches pour une biographie de Victor Horta, autre de ses passions.
Au cours du temps, elle élargit la recherche à l’œuvre architecturale de Victor Horta (quelque 150 réalisations, dont une trentaine de projets non réalisés et des inédits). Choquée par la destruction d’œuvres majeures de l’architecte (notamment la Maison du Peuple et l’hôtel Aubecq), elle décide d’intégrer à sa biographie le sort qui fut réservé à toutes les constructions de l’architecte jusqu’à la publication, en 2012, et qu’aucune monographie ou anthologie n’abordait jusqu’ici. Elle y cerne également la conception de l’Art Nouveau dans le chef de l’architecte gantois.
Le livre "Victor Horta. L’homme, l’architecte, l’Art Nouveau" sort au Fonds Mercator en mai 2012. 567 p et 600 illustrations. Grand livre. Il existe également en version néerlandaise : "Victor Horta. Leven, werken, Art Nouveau".
Le livre a reçu le Prix littéraire du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2015 et le Prix Arthur Merghelynck de la Classe des Arts de L’Académie royale, 2015.
Avant cette publication, elle rédige articles et monographie sur Victor Horta :
"Victor Horta, architecte de l’hôpital Brugmann. Histoire mouvementée d’une construction officielle", Bulletin de la Classe des Beaux-Arts, Académie royale de Belgique, Tome XVI, 2005, 31 p.
"Des Amis qui firent Horta", in "Franc-maçonnerie et Beaux-Arts", La Pensée et les Hommes, n°s 62-63, 2007, 27 p.
"Hôtel Hallet, signé Horta", Bruxelles, Avant-Propos, 2011, 96 p.
Le livre a été présenté à Espace livres.be (avec Edmond Morel), à la bibliothèque des Riches Claires (Bruxelles), à l’Académie royale, Classe des Beaux-Arts (Bruxelles), à Télé Bruxelles, TV Brussel, à la RTB 1, sur Espace-Livres et lors de sa sortie, en conférence de presse, à la Rotonde du Palais des Beaux–Arts de Bruxelles.
La foi, la connaissance et le souvenir – La fede, la conoscenza e il ricordo
Italien né à Nice et établi à Bruxelles en 1987, poète et animateur culturel, notamment fondateur du projet « multi-artistique et multimedia » MaelstrÖm, David Giannoni publie aujourd’hui un recueil de poèmes conçu au début des années 90, traduit par lui-même et publié en édition juxta français-italien. (Précision intéressante, selon l’heureuse tradition de la collection 4 1 4, l’ouvrage est livré en deux exemplaires jumelés, un pour l’acquéreur, l’autre pour être offert et ainsi partagé avec autrui.) L’auteur prévient d’entrée de jeu : Ce poème a été écrit entre 1991 et 1993 et n’a presque pas été retouché pendant toutes ces années. Il m’a donc accompagné pendant 22 ans avant que je ne trouve la force de le traduire en français. À présent, il peut commencer à vivre sa vie. Moi la mienne. Et c’est bien des instances d’une vie qu’il s’agit – soit à travers le temps, soit dans la concomitance ou la superposition des concepts proposés par le titre : La foi, la connaissance et le souvenir ( La fede, la conoscenza e il ricordo ). Exhumation sans doute, mais surtout bilan somme toute positif d’un face à face du poète au milieu de son âge avec le jeune homme qu’il fut. On y retrouve d’emblée toute la fougue d’une jeunesse en proie à ses doutes et ses contradictions, à sa faim de vérité et de sagesse face à la réalité d’un monde décevant qui les corrompt et nous piège comme le chant des sirènes : Vérité prostituée, /ceci est un mauvais rêve, /cette vile réalité est un mauvais rêve (…) Vérité stupide, / je rechercherai ailleurs / une plus authentique chaleur, / une chaleur qui réchauffe / et ne brûle pas, / et ailleurs je chercherai réponse /à mes pourquoi… Et à propos de cette « Vérité autre que la Vérité » qui s’oppose à la connaissance au sens philosophique : Sur l’île de la Raison / il y a place pour toi, / pas sur celle de la Connaissance / où pourtant tu tentes de pénétrer, / moissonneuse de duperie, / batteuse d’âmes en quête d’un peu d’eau / et qui, aveugles, ne réalisent pas / qu’elles sont sur le point de se noyer… Propos qui, à vingt-cinq ans d’ici stigmatise une aliénation dont les ravages tentaculaires paraissent s’étendre aujourd’hui en parallèle avec l’angoisse croissante qu’elle génère.Quant à la foi, elle s’exprime davantage par un De profundis adressé au dieu inconnu ou inconnaissable, entité mystérieuse où l’Homme et Dieu se confondent dans une même aspiration – une espérance peut-être – et le même sentiment douloureux de l’éloignement ou de l’abandon : Permets-moi de te dire, / Ô Dieu, Homme / que je t’aime. / Je ne sais qui tu es / ni où tu es / et pour combien de temps, / mais permets-moi / maintenant / juste un peu / de ne pas me sentir si seul… Tout au long du poème, le rythme des vers courts et leur intensité ainsi que leur violence intérieure, quasi biblique, éveillent des échos proches des impropères de l’Ecclésiaste ou des proférations lyriques et lucifériennes de Lautréamont. Mais, plus près de nous, le texte présente aussi les espèces cathartiques d’un slam qu’une lecture à voix haute et cadencée suggère presque fatalement.Et soudain, ce rythme porté par les vers libres se casse pour libérer une prose débridée : une orgie de sexe, de beuveries, de violences et de scènes énigmatiques, apparue alors que Nous étions tous en ordre dispersé attablés devant des brocs d’alcools divers à humer des odeurs écœurantes d’encens étrangers. Il se révèle ensuite que les horreurs et les bacchanales décrites s’inspirent d’une évocation « dantesque » – au sens propre – lorsque l’observateur terrorisé par ces visions et par cette « messe extorquée » en vient à appréhender leur aboutissement. Puis une chose terrible se produisit : piqué et brûlé par le trident d’un diable des premiers girons un ange des derniers cercles jura…/ Ainsi l’enfer fut relevé d’un étage. Difficile de ne pas voir dans cette débauche, dans cette dégradation de l’humaine condition , l’effarement prophétique du jeune homme confronté à un monde de plus en plus assujetti aux faux-semblants, à la vulgarité d’idéaux corrompus et au diktat de la jouissance à tout prix. D’où l’avènement désespérant de ce nouveau cercle de l’enfer.On quitte cette prose d’une comédie certes non-divine pour revenir – forme et contenu – au rythme poétique, au rêve intérieur, au souvenir des êtres aimés, à l’aspiration à la vraie sagesse, à la foi, à l’amour véritable et à la soif d’absolu qui se conclut avec la mort dans une sorte de ballet cosmique où toute solitude s’efface, où tout se rassemble dans une cohérence suprême, dans l’absolu fraternel de l’éternité retrouvée. Ghislain Cotton Ce poème a été écrit entre 1991 et 1993 et n’a presque pas été retouché durant toutes ces années. Il m’a donc accompagné pendant 22 ans avant que je ne trouve la force de le traduire en français. À présent il peut…
Marc Menu sous des allures de flâneur de l’humour est un nouvelliste de grand talent et un poète…