Heureuse idée que celle de rendre hommage, sous le titre Lumières sans frontières, à deux académiciens inséparables du siècle des Lumières qu’ils ont exploré, étudié, analysé : Roland Mortier et Raymond Trousson.Dans une présentation tissée d’admiration et d’affection, Jacques Ch. Lemaire évoque les études, les précieuses contributions de chacun à la vie de l’institution.Roland Mortier, élu à l’Académie en 1969, à quarante-neuf ans, grand spécialiste de Diderot, auteur de travaux sur Voltaire, le prince de Ligne, Isabelle de Charrière, Marivaux. Une passion non exclusive : nous lui devons des visions originales, pénétrantes, de l’œuvre de Chateaubriand, Victor Hugo, Marcel Proust, ou encore, parmi nos…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…