Petite histoire de l'Académie


RÉSUMÉ

À propos du livre (extrait de l’Avant-propos)

En Belgique, il aura fallu tout près d’un quart de siècle pour faire accepter aux autorités, à l’opinion et aux écrivains eux-mêmes le principe d’une académie de langue et de littérature françaises, alors que les néerlandophones disposaient depuis 1886 d’une institution autonome. De 1897 à 1921, elle fut l’objet…



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Lorsqu'en 1880 Max Waller prit la tête du mouvement de la Jeune Belgique, il s'empressa de proclamer qu'il s'emploierait à œuvrer à «la renaissance de nos lettres». Rien de plus naturel : les avant-gardes veillent à se définir comme des commencement absolus. Hormis André Van Hasselt, Charles De Coster et Octave Pirnez, les Jeune-Belgique ne se reconnaissaient point d'aïeux et déclaraient la guerre à toutes les traditions, à tous les conformismes.

Renaissance? L'expression était un peu radicale. Même si l'on peut déplorer les effets de la routine, de l'esprit bourgeois, de l'intrusion de la politique patriotarde dans la littérature, il existait déjà, au cours du demi-siècle précédent, une activité intellectuelle non négligeable. Mais La Jeune Belgique, dont le premier numéro paraît le 1er décembre 1881, brûlait d'un enthousiasme combatif. Ses collaborateurs présents ou futurs, dont plusieurs étaient encore étudiants, sont jeunes : Max Waller, son animateur, a vingt et un ans, comme Albert Giraud, Destrée dix-huit, Maeterlinck dix-neuf, Gilkin vingt-trois, Rodenbach et Verhaeren vingt-six, Eekhoud vingt-sept. Avec ses trente-cinq ans, Camille Lemonnier fait figure de grand aîné et Edmond Picard, dont L'Art moderne entrera bientôt en conflit avec La Jeune Belgique, prend avec ses neuf lustres, des allures d'ancêtre. Il n'a fallu que trois ou quatre années à la brigade des vaillants pour acquérir un renom sans précédent. En 1885, Valère Gille, qui sera l'un des directeurs de la revue, achève ses humanités. Il a dix-huit ans, rêve de se joindre à eux et les imagine en chevaliers des temps modernes : «Les récits que je recueille me les font paraître légendaires. Quelles batailles! Quels exploits! Quelles aventures! Quelles injures lyriques! Quelles proclamations enflammées! Ce sont des preux! Ils s'avancent en rejetant leur crinière et se drapent dans des manteaux couleur de muraille. Ils donnent des sérénades, enlèvent des princesses, se battent en duel…»

Ces jeunes gens, il est vrai, avaient le bon sens de la publicité et du spectacle. Ils arborent l'uniforme de rigueur des avant-gardes : cheveux longs, vestes de velours, pantalons à carreaux, lavallières épanouies, capes espagnoles. On peut trouver bientôt une Cravate Jeune Belgique, un Cigare Jeune Belgique et même une «liqueur Jeune Belgique, tonique et apéritive». Un soir de 1884, Rodenbach s'en vint retrouver la bande, son Hiver mondain tout frais sorti de presse à la main. Cela doit se savoir, décréta Waller. Et les Jeune-Belgique de parcourir les rues en clamant au nez des bourgeois effarés, à la manière des crieurs de journaux : «Demandez L'Hiver mondain!» – tandis que Rodenbach saluait gravement à droite et à gauche.

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