Les oiseaux de Messiaen



À PROPOS DE L'AUTEUR
Nicole Malinconi
Auteur de Les oiseaux de Messiaen
L’idée d’écrire, elle m’est venue par un travail que j’avais dans un hôpital, à une époque, mais c’est resté une idée tant que je pouvais faire autre chose, être dans l’hôpital, écouter les gens, les mots que les gens disaient de leur vie, tâcher qu’ils entendent eux-mêmes ce qu’ils me disaient à moi, me demander pourquoi l’hôpital n’avait pas l’air de trouver que ces mots-là comptaient, ne pas savoir comment faire pour nous faire entendre à l’hôpital, les mots des gens et moi. Ce travail-là me tenait au corps, j’y étais prise, à ce moment-là, complètement ; écrire, j’y pensais, mais ça n’aurait été qu’une revanche sur la surdité de l’hôpital, presque un acte militant : un jour, faire connaître ce que j’entendais. Ce n’était qu’une éventualité. Il a fallu la perte brutale de mon travail, un échec, donc (et d’autres choses, mais celle-là surtout), pour qu’écrire cesse d’être une idée, que cela me prenne au corps, que cela devienne ce qui restait à faire alors que, comme on croit au moment même, tout était perdu. Ce n’était plus une revanche, c’était comme une trace laissée de ce qui était perdu, de mots perdus, prononcés dans les chambres, les couloirs, les salles d’attente pendant que l’hôpital tournait, et laissés là par le monde extérieur à l’état d’insignifiance, de rebuts, alors qu’ils disaient au plus fort l’humanité de ceux qui les avaient prononcés, ces mots-là. J’en ai fait de l’écriture. Si j’étais restée à l’hôpital, je ne l’aurais peut-être pas fait. Après d’autres livres, j’ai vu que ça continuait sur ce mode-là, qu’à chaque fois il avait fallu une perte, de quelque chose, de quelqu’un, n’importe, une sorte de désastre ou de ratage, que ça ne naissait pas de ce qu’on nomme le bien être, ou le positif, ou la plénitude, mais comme à partir d’occasions manquées. Je crois que c’est cela, l’écriture, ou plutôt ce qui fait que l’on écrit ; c’est ce qui est perdu et pourtant a été, ce qui file de l’existence, l’espèce de désastre inscrit dans l’existence et dans les choses à tout moment, qui fait que ça s’échappe, que quelque chose échappe, de tout ce qui est. Et tenter d’approcher ça. C’est dans la langue, ce désastre-là, dans le ratage de la langue ; les mots ne disent pas ce qui est, ils sont à côté, ils balbutient, ils mentent, ils font ce qu’ils peuvent. Quelques fois, des fois qui sont comme des moments de grâce, ils sont plus forts que vous, ils vous font penser à autre chose que ce que vous pensiez en les écrivant, ils deviennent comme des objets, tels qu’en eux-mêmes, avec entre eux du silence qui prendrait la place du vacarme intérieur. Alors, les mots existent avant ce qui est raconté. Mais c’est rare. Ecrire est un travail qui va vers ça, vers des instants de vérité des mots, qui s’approche, à l’occasion, de l’impossible à dire, qui ne dira jamais vraiment ; comme en ce moment, par exemple, où il s’agit encore de communiquer quelque chose, où écrire sur écrire est déjà ne pas écrire, sans doute. 2 ŒUVRES QUE JE SOUHAITE FAIRE CONNAÎTRE Marguerite Duras, La Maladie de la mort Samuel Beckett, Compagnie 3 LIVRES DE MA BIBLIOGRAPHIE Hôpital silence Nous deux A l'étranger

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "Les oiseaux de Messiaen"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9174 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Edmond Vandercammen ou l'architecture du caché (essai d'analyse sémantique)

À propos du livre (texte de l'Avant-propos) Edmond Vandercammen a publié 22 recueils poétiques entre 1924 et 1977, et une quinzaine d'études critiques; il traduisait depuis les années trente les poètes de langue espagnole; il entretenait des contacts personnels et épistolaires avec de nombreuses personnalités du monde culturel et littéraire, était membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Plusieurs revues lui ont rendu hommage par un numéro spécial et la célèbre collection «Poètes d'aujourd'hui», aux éditions Pierre Seghers, lui a consacré le tome 124. D'autre part, ses œuvres, reçues lors de leur parution avec un enthousiasme sincère, comme la presse et sa correspondance en témoignent, n'ont guère trouvé de lecteurs hors du milieu proche de la vie littéraire et n'ont plus été réédités. Les enquêtes réalisées auprès des libraires de Bruxelles nous ont prouvé que ses livres, dans la mesure où ils se trouvent en librairie, n'ont plus d'acheteurs. S'agit-il simplement d'un phénomène général lié à la situation sociale de la poésie d'aujourd'hui, ou bien la poésie d'Edmond Vandercammen fait-elle objet d'un paradoxe, d'une contradiction qui demande une explication? Son œuvre, est-elle liée trop étroitement à son temps, et donc périssable, ou bien le dépasse-t-elle au point que seuls quelques initiés et ceux qui étaient proches de lui ont pu mesurer son importance? Jouissait-elle d'une conjoncture littéraire exceptionnelle des années trente ou des années cinquante, conjoncture dont a largement profité la génération née autour de 1900? Toutes ces questions nous ramènent à une constatation et à une réponse d'ordre général : surestimé ou sous-estimé en même temps, Edmond Vandercammen, s'il n'est pas méconnu, est certainement mal connu. Entouré d'amis, de poètes et d'admirateurs, vivant dans un monde paisible et apparemment hors des conflits et des difficultés que connaît notre société, il a pu s'affirmer, s'assurer une estime et une reconnaissance par-fois trop généreuses pour qu'elles puissent comporter aussi un jugement critique. Excepté quelques analyses approfondies. les articles qui lui sont consacrés témoignent avant tout d'une admiration sincère certes, mais qui n'aboutit pas toujours à une appréciation juste de l'œuvre. Si notre but est donc de rendre justice à ce poète mal connu. nous devons tenter un jugement objectif. Et ce n'est pas lui faire une faveur spéciale que de souligner avec lui que juge-ment objectif ne veut pas dire jugement froid, «raisonné», contre lequel, pris à la lettre. il s'est clairement prononcé. Cependant, il nous paraît essentiel de tenter ce jugement objectif à travers ses textes poétiques et de montrer ainsi les correspondances entre l'homme et son univers, entre le poète et son oeuvre, entre la poésie et…

Pour le centenaire de Colette

Textes de Georges Sion , Françoise Mallet-Joris , Pierre Falize, Lucienne Desnoues et Carlo Bronne À propos du livre (Texte de l'Introduction) Il était normal que l'Académie veuille…