Albert Giraud. Son œuvre et son temps

RÉSUMÉ

À propos du livre (début de la première partie)

Albert Giraud nous propose l’exemple d’un homme qui pratiqua l’effacement de soi pour mieux alimenter et cultiver en lui un orgueil intellectuel qui se voulait exempt de faiblesse.

L’honneur de servir l’art passa toujours pour lui, le plaisir d’en être récompensé. Ce sentiment d’être investi d’une grande dignité,…

À PROPOS DE L'AUTEUR
Lucien Christophe

Auteur de Albert Giraud. Son œuvre et son temps

Lucien Christophe naît le 1er mars 1891 à Verviers où son père est commissionnaire en draperie. Il effectue ses études chez les jésuites de sa ville natale. Comme ses deux frères, il est destiné au commerce. Envoyé par sa famille en Angleterre et en Allemagne, il se perfectionne en langues et apprend les rudiments d'un métier qui ne l'attire pas. C'est le monde de la littérature qui l'appelle. Dès 1907, son nom se retrouve dans des revues régionales, comme Le Réveil wallon et Verviers-Chronique, ou françaises comme La Phalange. Il est accueilli aussi par Le Farfadet, Le Masque ou Le Thyrse. En 1913, paraît son premier recueil de vers, Les Jeux et la flamme, dans lequel certains textes sont dédiés à Paul Fort et à Francis Jammes. Le jeune écrivain y déploie une verve naturiste empreinte d'un grand amour de la vie. Ces poèmes de facture classique sont écrits dans l'éblouissement des couleurs, des sons et des formes et magnifient les saisons. Mais la guerre éclate; Lucien Christophe et son frère aîné décident de s'engager. L'écrivain devient officier au 3e chasseurs à pied et connaît les tranchées de l'Yser. Sur le front, il continue d'écrire des poèmes. La Rose à la lance nouée, en 1917, est une méditation sur l'amour déçu, un recueil intimiste qui montre la maturité de l'homme plongé dans les souffrances des combats. Avec ses amis Marcel Paquot, Georges Antoine et Louis Boumal, il fonde une revue, Les Cahiers du front, dont le premier numéro voit le jour en juin 1918 avec deux inédits de Van Lerberghe. Boumal, Antoine et le frère de Lucien Christophe sont tués, mais la publication survit deux ans à la guerre. Severin, Ansel, Vildrac, Derême, Saint-Georges de Bouhélier y collaboreront. À la fin des hostilités, Lucien Christophe s'installe à Bruxelles et devient journaliste à L'Indépendance belge, où il signe sous les pseudonymes de Clen et de Pelham. Il publie en 1920 une conférence, Hommage à Giraud, et l'année suivante Aux lueurs du brasier. 1917-1920. Il s'agit d'un essai autobiographique contant les aventures d'un jeune soldat, que l'auteur écrit dans une intention patriotique pour rendre hommage à la Belgique combattante. C'est aussi un témoignage intéressant sur la vie quotidienne pendant la grande guerre. L'ouvrage a connu plusieurs rééditions. Dans les vingt années qui vont suivre, Christophe ne fait paraître qu'un seul livre, Le Pilier d'airain, en 1934 : un ensemble de poèmes qui se veut une réminiscence des compagnons morts sous le feu de l'ennemi tout autant qu'une réflexion philosophique. Celle-ci apparaît aujourd'hui étrangement prémonitoire; la montée des fascismes en Europe pendant cet entre-deux-guerres semble avoir inspiré à l'auteur ces vers amers, classiques de forme, à la portée volontairement spirituelle. À l'instigation de Jules Destrée, Lucien Christophe entame une autre carrière, aux Beaux-Arts et Lettres, dont il deviendra directeur général après la seconde guerre mondiale. Il occupera d'autres fonctions importantes : délégué de l'État dans les commissions de plusieurs musées, dont celui de Mariemont, et conservateur du Musée Constantin Meunier. S'il ne publie pas d'ouvrages, il collabore cependant à de nombreux journaux et périodiques : Le Flambeau, Le Soir, La Revue belge, la Revue générale, L'Étoile belge (sous le pseudonyme de Timon) et La Gazette à laquelle, chaque semaine, il donne un feuilleton littéraire. Il est reconnu comme l'un de nos meilleurs critiques d'art. Attiré par la figure de Charles Péguy, Lucien Christophe lui consacre dès 1942 un ouvrage où se mêlent les vers et la prose. Le lecteur y retrouve le message moral qui traversait Le Pilier d'airain : la réaction contre la médiocrité grandissante de la société. L'Ode à Péguy et L'Appel du héros est un poème en l'honneur de l'écrivain français, ainsi qu'une évocation de sa vie. Vingt ans plus tard, Christophe publiera successivement, en 1963 et 1964, Le jeune homme Péguy. De la source au fleuve (1897-1905) et Les grandes heures de Charles Péguy. Du fleuve à la mer (1905-1914). En même temps qu'une analyse chronologique des œuvres de l'animateur des Cahiers de la quinzaine, ces deux essais dessinent une vision pénétrante de son apport aux lettres françaises. Cette approche de Péguy n'est pas le premier travail de Lucien Christophe dans le domaine de l'essai. Il s'est attaché à Van Lerberghe en 1942, à Constantin Meunier en 1950, à Émile Verhaeren en 1955, à l'occasion du centenaire de sa naissance, et, la même année, à Gustave Vanzype dont il est devenu le gendre, à Albert Giraud, en 1960 – Lucien Christophe, au nom des écrivains-soldats, avait fait l'éloge de Giraud lors du banquet offert en l'honneur de ce dernier en 1920 – et enfin à Louis Veuillot, en 1966. Ces études minutieuses et rigoureuses font de leur auteur l'un de nos meilleurs critiques littéraires, qui signe en 1952 un livre magistral, Où la chèvre est attachée. C'est l'œuvre d'un homme cultivé et érudit, d'un humaniste qui s'attache au monde de l'art pour en dégager toute la richesse naturelle et initiatique. Ce parcours poétique écrit dans une prose vibrante se déroule dans un Brabant imaginaire où se croisent Proust et Van Dyck, Barrès et Hugo, Rubens et Érasme. Lucien Christophe est resté fidèle à la poésie, même s'il sait que son classicisme est mal considéré par les nouvelles générations. En 1945, il écrit des Épigrammes et mélodies qu'il se décidera à publier en 1958. Son œuvre lyrique fait l'objet d'une édition d'ensemble dans le recueil Poèmes 1913-1963, qu'il préface en soulignant son souci de la beauté du langage. Lucien Christophe est mort à Boitsfort le 10 septembre 1975. Il avait été élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises le 22 décembre 1945.

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