Méduse prend enfin la parole. Remontant le fleuve du souvenir à la recherche des êtres aimés, elle retrouve sa geôle souterraine où croupissent les psuchès. Dans cet espace vaporeux, la voix qui surgit est indocile, irisée et brisée. Tremblante mais tenace, elle parle au nom de toutes celles qu’on a voulu déposséder : ce recueil est son chant de reprise. Dans son errance, Méduse croise des figures troubles et ambivalentes, telles que Tirésias ou Circé, qui tentent de l’initier, de la ramener à elle-même :
« Après sa danse,
La sorcière n’a plus ouvert la bouche.
Pourtant je l’ai entendue, quand
De sa voix claire et silencieuse elle me disait :
-Tu as peur de moi
Comme d’un reflet qui te blesse.
Mais je t’ai toujours admirée.
Tu ne redouterais pas autant
Ce que tu vois chez moi,
Si ce n’était un morceau
Que tu avais étouffé en toi.
Un jour, tu cesseras
De me détester…
… peut-on éternellement fuir
Devant son ombre ?
Dis-moi, Méduse, oseras-tu enfin me croire ? »
Auteur de Les métamorphoses de Méduse
Poèmes de Paul Mathieu avec des illustrations de Jean Morette 1. Le train électrique revenu de l'enfance…