Le roman débute par un événement inattendu. Nous sommes à Beyrouth, dans les années 1990. Jad, un jeune adolescent, s’en prend, sans raison apparente, à un camarade de classe et le poignarde avec un couteau à huîtres. Comment le jeune garçon, promis pourtant à de brillantes études, en est-il arrivé à commettre cet acte insensé qui le mènera en centre de rééducation ? Retour en arrière.Quelques mois plus tôt. Jad grandit auprès de sa sœur Lisa et de sa mère qui se saigne aux quatre veines pour ses enfants qu’elle élève seule. Le père est absent. On ne sait pas où il est, ni ce qu’il est devenu. Il semble être parti, criblé de dettes, sans un au revoir. Jad se retient de poser des questions à son sujet : c’est l’homme dont on ne doit pas prononcer le…
Quand Méduse s’empare de la parole, rompt le silence dans lequel le mythe, les humains, les dieux l’ont plongée, elle arrive sous une forme duelle, comme un agencement d’énonciation et de corps rompu à l’exercice de la métamorphose, des devenirs. À la première métamorphose punitive, à la transformation de la jeune fille Méduse en Gorgone, l’autrice belgo-libanaise Racha Mounaged ajoute un nouvel avatar, le dédoublement de Méduse, sa diffraction en deux voix, une voix ancestrale, errante, et une voix contemporaine, celle de Méduse 2.0. Conçu initialement sous la forme d’un roman écopoétique, le personnage mythologique a fait dévier le projet, l’a mené sur le rivage d’un monologue poétique bâti sur l’hiatus entre les deux incarnations d’une divinité primordiale,…